Cinq choses à savoir sur le Parti animaliste, en route pour la présidentielle
Par Victor VasseurLa cofondatrice du parti animaliste Hélène Thouy se présente à la présidentielle de 2022. Un tout jeune parti, ambitieux, qui veut faire peser la question du bien être animal dans la campagne.
Un programme politique peut-il se résumer à défendre le droit des animaux et réduire leurs souffrances ? Le Parti animaliste promet de voir plus large, même si son objectif premier reste d'alerter et imprégner la question animale dans le débat politique. Apparu il y a cinq ans, son score aux élections européennes en 2019 a permis au mouvement de gagner en légitimité. Une étude menée par l'Ifop en 2020, avant les élections municipales notait même que 59% des Français étaient prêts à voter pour un candidat engagé pour le bien-être animal. Présentation de ce parti, de sa candidate et de son programme, encore en chantier.
Une avocate comme candidate
La candidature d'Hélène Thouy n'est pas farfelue. Voilà une dizaine d'années que cette avocate de 37 ans originaire de Gironde traverse la France et plaide dans les tribunaux. Elle défend des opposants d'associations de défense animale, comme L214, lors de procès parfois très médiatiques face à des directeurs d'abattoir, des éleveurs ou le syndicat du marché de la viande (Interbev), excédés de voir des images sortir de leurs établissements. Cinq ans après sa création, le Parti animaliste revendique plus de 4 000 adhérents.
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Un score inattendu aux européennes
L'année 2017 marque la première bataille électorale, avec les élections législatives. Le mouvement obtient plus de 63 000 voix en France, dans 147 circonscriptions. Sur les panneaux électoraux, ses affiches avec des chats aux grands yeux ronds attirent l'œil et retiennent l'attention. Candidate aux législatives chez elle en Gironde et aux sénatoriales à Paris en 2017, Hélène Thouy ne dépassera pas 1% des voix. C'est une entrée en matière.
Le parti se révèle surtout lors des dernières élections européennes, en 2017. Sans grande médiatisation, il recueille 2,2% des suffrages, soit 490 000 bulletinsur. Il termine même devant les listes pro-Frexit de François Asselineau (1,17 %) et de Florian Philippot (0,65 %). Il accuse un léger retard sur deux partis bien plus installés sur l'échiquier politique : le PC (2,49 %) et de l'UDI (2,50 %). À l'étranger, son homologue allemand a obtenu deux sièges, quand la liste animaliste néerlandaise s'est emparée d'un siège. Au Pays-Bas, le mouvement a eu jusqu'à huit élus dans le Parlement du pays.
Ses électeurs ne sont pas forcément des écolos, bobos, vegans
Après le scrutin des européennes, la Fondation Jean-Jaurès a analysé en profondeur les résultats et son électorat. Leur conclusion : ce n'est pas un feu de paille mais bien "l’illustration d’un phénomène de société plus profond". Les électeurs du Parti animaliste ne sont pas seulement des bobos urbains aisés, des végans ou des végétariens. En résumé, la liste enregistre ses meilleurs scores dans le quart nord-est du pays, dans le sud-est (Alpes-Maritimes, Var...) et dans la grande périphérie francilienne, notamment dans les milieux plus modestes.
En revanche, dans les régions où l'élevage est un point fort économique et fait vivre la population, comme le sud-ouest, le Massif central ou encore les zones de montage, les scores du Parti animaliste sont très faibles. L'étude montre que ses électeurs ne sont pas des partisans LFI ou EELV. Les grandes métropoles comme Toulouse, Marseille, Lyon, Bordeaux, où les Verts réalisent de bons scores, sont peu favorables pour le parti fondé par Hélène Thouy.
Ni de droite, ni de gauche
Le mouvement ne veut pas devenir un satellite d'Europe-Ecologie-Les-Verts. Hélène Thouy le martèle : "La question animale n'est ni de gauche, ni de droite. Des responsables politiques se sont intéressés au sujet. Souvent de manière opportuniste, parfois moins. Des formations politiques sont sensibles et tant mieux."
Aujourd'hui, le Parti animaliste compte une dizaine de conseillers municipaux en France, et un conseiller régional, en Île-de-France depuis juin 2021. Membre du Parti animaliste et dans la liste LFI au premier tour, il a bénéficié de la fusion des listes de gauche.
Un embryon de programme
Lors de l'annonce de sa candidature jeudi matin, la candidate Hélène Thouy a esquissé des bribes de son programme. Le Parti animaliste réclame la création d’un ministère de la condition animale totalement indépendant du ministère de l’agriculture. Les animaux dans les cirques, c'est aussi niet, tout comme les corridas.
Hélène Thouy souhaite également "l'interdiction de toute les pratiques en élevage génératrice de souffrance, la castration à vif, le broyage des poussins et l'interdiction du gavage". Le Parti animaliste porte également le combat de la fin de l'élevage intensif et industriel, et "l'accompagnement de ces éleveurs qui veulent sortir de ce modèle" jugé "à bout de souffle".
Il faut former les éleveurs et agriculteurs à l'agriculture végétale notamment. Il faut les aider, les subventionner et les former
La candidate regrette le verrouillage par les lobbys de certaines mesures et rappelle que la loi sur la maltraitance animale adoptée en janvier par l'Assemblée patine. Elle n'est toujours pas à l'ordre du jour au Sénat. À 10 mois de l'élection présidentielle, il faut encore pour le jeune parti convaincre 500 maires et obtenir leur parrainage, et ainsi mettre les deux pieds dans l'arène.