Cinquième vague : Delfraissy et Hirsch inquiets pour la situation à l'hôpital autour de Noël
Par Xavier Demagny"Des semaines pas facile, autour de Noël", un pic "plutôt fin décembre ou janvier" : Jean-François Delfraissy, président du conseil scientifique, et Martin Hirsch, directeur général des hôpitaux parisiens, ont exprimé ces dernières heures leur inquiétude sur la situation sanitaire face à la cinquième vague de Covid.
Ce sont deux alertes, formulées ces dernières heures, qui méritent d'être prises au sérieux. La cinquième vague du Covid-19 va avoir "un impact important" sur l'hôpital avec "des semaines pas facile, autour de Noël" pour les soignants, a estimé lundi Jean-François Delfraissy, lors d'un colloque organisé par l'Ordre des pharmaciens à Paris. Le président du conseil scientifique prévoit de "1.000 à 1.500 hospitalisations par jour" et ce pendant "pendant plusieurs semaines". Selon lui, après la "petite vague" estivale, "la vraie vague du variant Delta arrive" avec cette cinquième vague qui monte depuis quelques semaines. Le pic serait ainsi plus élevé que fin août (environ 900 en moyenne hebdomadaire) mais "beaucoup plus limité" que celui de la troisième vague (plus de 2.100 mi-avril), a-t-il nuancé.
"On pense que l'augmentation forte, si elle se produit, se produirait plutôt fin décembre ou janvier que maintenant", a estimé pour sa part Martin Hirsch, directeur général de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris, invité de France Inter lundi matin, précisant toutefois que les prévisions étaient "difficiles à faire". "Les patients hospitalisés, leur nombre augmente, pas trop rapidement pour l'instant. Pour les patients en soins critiques c'est relativement stable depuis quinze jours. Alors qu'on voit cette augmentation dans la population générale", a-t-il ajouté.
Système de soin "fatigué"
La semaine dernière, lui aussi invité de France Inter, Jean-François Delfraissy s'était montré optimiste et avait assuré que le système de soins aurait "probablement la capacité" de faire face à cette cinquième vague. "Si nous utilisons tous les outils dont nous disposons, nous devrions pouvoir limiter l'impact de cette cinquième vague", avait-il indiqué, précisant toutefois que le système de soin était "fatigué".
Pour Martin Hirsch, "aujourd'hui" l'hôpital est effectivement dans une situation difficile mais "pas [à cause des] patients Covid", a-t-il détaillé en citant la grippe ou les maladies infantiles de saison comme la bronchiolite. Selon le directeur général de l'AP-HP, environ "un millier de postes" sur environ 18.000 ne sont actuellement pas pourvus dans les hôpitaux parisiens. "Ça pèse, pas que sur les opérations", a-t-il assuré. "On soigne à peu près autant de patients avec un peu moins de personnel et avec un certain nombre de lits fermés. Ce qui explique en partie les tensions. Tout le monde serre les fesses. Ça ne peut pas tenir des mois et des mois bien évidemment", a encore prévenu le responsable de l'AP-HP.
La cinquième vague de Covid-19 démarre "de façon fulgurante", a indiqué dimanche le porte-parole du gouvernement. En moyenne calculée sur sept jours, le nombre de cas quotidiens a presque doublé en une semaine : il était de 18.189, contre 10.023 sept jours plus tôt. Cela représente une progression de 81,4%. Le taux d'incidence national a quant à lui augmenté de 45 % en une semaine grimpant à 144 cas pour 100.000 habitants sur sept jours (du 11 au 17 novembre), contre 99 les sept jours précédents.