"Collections privées au musée Marmottan" : 62 oeuvres que vous n'avez (quasiment) jamais vues
Par Anne Audigier
Le musée Marmottan Monet présente, jusqu'au 10 février 2019, l’exposition "Collections privées : un voyage des impressionnistes aux fauves". De Monet à Matisse en passant par Pissaro, Renoir, Degas ou Seurat, un itinéraire pictural, composé d'oeuvres jamais ou rarement vues à Paris.
Le musée Marmottan Monet est avant tout un musée de collectionneurs c’est-à-dire une institution dont l’intégralité des collections permanentes est issu de donations privées.
En 2014, pour son 80ème anniversaire le musée avait proposé l'exposition "Les impressionnistes en privé". Devant le succès, Claire Durand-Ruel Snollaerts et Marianne Mathieu, les deux commissaires ont décidé de donner une suite à l'aventure : "Collections privées, un voyage des impressionnistes aux fauves"
Sans collectionneurs, point de musée de Marmottan Monet.
L'exposition s'ouvre sur une toile de Vuillard. Celle-ci représente le salon d'un collectionneur, contemporain des impressionnistes. On voit Josse et Gaston Bernheim-Jeune avec leurs épouses dans leur appartement, avenue Henri Martin.

Ils sont entourés des toiles qu'il ont achetées, puisqu'ils sont marchands, mais aussi qu'ils collectionnent parce que tous les marchands sont également collectionneurs. Ils aiment leurs artistes. Alors ils les accrochent chez eux.
On voit dans cet appartement, du sol au plafond, toutes les toiles impressionnistes et post-impressionnistes qu'ils ont achetées et défendues durant toutes leur vie.
Ce sont ces mêmes toiles que l'on retrouve, quelques mètres plus loin, accrochées sur les cimaises du musée.

Comment convainc-t-on un collectionneur de prêter un tableau ?
"Les collectionneurs de tableaux sont des gens charmants", répond Claire Durand-Ruel Snollaerts. "Ce sont des gens qui aiment leurs œuvres et qui aiment partager. Ce n'est donc pas très difficile de les convaincre".
Claire Durand-Ruel, commissaire de l'exposition "Collections privées, un voyage des impressionnistes aux fauves"
6 min
Toutes ces œuvres venant de collections privées, par définition on ne les a pas beaucoup vues. "Nous avons deux critères, explique la commissaire. La qualité, elledoit être irréprochable. Ensuite, nous veillons à ce que l'oeuvre n'ait pas été montrée récemment dans toutes les expositions parisiennes."
Parfois, la recherche d'un tableau ressemble à une enquête policière. L'historienne de l'art se transforme alors en Sherlock Holmes. c'est ce qu'il s'est passé cette fois-ci notamment pour Les Pyramides de Port-Coton de Claude Monet que Claire Durand-Ruel Snollaerts voulait absolument pour faire pendant aux Aiguilles de Port-Coton d'Henri Matisse.
Claire Durand-Ruel, commissaire de l'exposition "Collections privées, un voyage des impressionnistes aux fauves"
2 min

Des oeuvres rares
Les Chrysanthèmes rouges de Claude Monet
Paysagiste par excellence, Monet s’est consacré presque toute sa carrière à la peinture de plein air. Les natures mortes et autres fleurs coupées sont donc très rares dans son oeuvre. De 1864 jusqu’à la fin de sa vie, on dénombre seulement une quarantaine de toiles représentant des bouquets de fleurs.

Exposée en mars 1882 à l’occasion de la septième exposition impressionniste, l’oeuvre apparaît sous le numéro 69 comme appartenant "à M. C.". Il s’agit du peintre Gustave Caillebotte, ami de Monet, avec qui il partageait une passion pour les fleurs et le jardinage. Caillebotte a probablement acquis l’oeuvre peu avant cette manifestation, la gardant toute sa vie dans sa collection. Cette dernière fut léguée en 1894 à l’État qui écarta par la suite les Chrysanthèmes rouges des oeuvres retenues.
Le tableau est depuis resté dans la famille Caillebotte.
La petite châtelaine de Camille Claudel
Eté 1892. Camille Claudel est enceinte de Rodin. C'est sur les bords de la Loire, au château d'Islette, qu'elle va cacher sa grossesse. Marguerite, la petite fille de la propriétaire du château lui apparut sans doute comme l'enfant que le destin ne lui permettait pas de connaître. Âgée de six ans, la petite fille prit la pose pour Camille : soixante-deux séances pendant deux étés.

Ce plâtre, présenté pour la première fois au public, fut un cadeau personnel de Paul Claudel pour le mariage de Suzanne Merklen, dont la mère, Marie-Élisabeth Claudel, était la cousine germaine des Claudel et la marraine de Paul.
Aller + loin
► Picasso, Matisse, Hemingway, Fitzgerald... ils sont tous passés entre les mains de Gertrude Stein
