Comment le candidat de l’extrême droite brésilienne séduit les marchés financiers
Par Margaux Stive
Il avoue "ne rien comprendre à l’économie", mais le candidat de l'extrême droite Jair Bolsonaro séduit les chefs d’entreprises et les marchés financiers. À tel point qu’à l’annonce de sa victoire au premier tour de l'élection présidentielle brésilienne, la bourse de São Paulo a bondi de 6 % ce lundi.
On le décrit parfois comme le "Trump tropical", mais le candidat d’extrême droite, Jair Bolsonaro, arrivé en tête du premier tour de la présidentielle au Brésil, se distingue par une ligne économique très libérale. À rebours de la politique protectionniste du président américain et des populismes occidentaux.
Parmi les propositions de l’ancien militaire : la privatisation "accélérée" de la quasi-totalité des 141 entreprises publiques afin de réduire de 20 % la dette publique, la mise en place d’un système de retraites par capitalisation ou encore une baisse importante des impôts.
Un conseiller ultralibéral
Derrière ce programme, Paulo Guedes, un universitaire de 69 ans qui est décrit comme son gourou. Pressenti pour devenir ministre des Finances en cas de victoire de Bolsonaro, il est réputé pour ses positions ultralibérales, en accord avec les idées de l’école de Chicago dont il est diplômé. Issue du département d’économie de l’université de Chicago, cette école de pensée est connue notamment grâce à l’un de ses professeurs, l’économiste Milton Friedman, ardent défenseur de l’économie de marché.
Une ligne de pensée, et des références rassurantes pour les milieux d’affaires brésiliens, minés par des décennies de crise. Depuis le début des années 2010, le pays a connu deux récessions en 2015 et 2016 et peine à rétablir une croissance stable. En 6 ans, le taux de chômage a plus que doublé, passant de 6,7 % en 2011 à 13 % en 2017 et la population s’est fortement appauvrie, faisant du Brésil l’un des pays les plus inégalitaires au monde.
Pour les investisseurs, cette crise, qui n’en finit plus, est le résultat de la politique menée par le Parti des travailleurs, dont le candidat, Fernando Haddad, défend une ligne économique diamétralement opposée à celle de Jair Bolsonaro. Le candidat du parti de l’ex-président Lula prévoit notamment la fin du gel des dépenses publiques, l’interruption des privatisations ou encore la réduction de la dette grâce à un retour au plein emploi et à la lutte contre l’évasion fiscale.
