Comment les Guerrilla Girls se battent depuis 35 ans pour faire une place aux femmes dans l’art

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Comment les Guerrilla Girls se battent depuis 35 ans pour faire une place aux femmes dans l’art

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Deux des Guerrilla Girls devant l'une des affiches les plus connues du collectif
Deux des Guerrilla Girls devant l'une des affiches les plus connues du collectif
© AFP - Peter Steffen / DPA

Samedi, une exposition s'ouvre à Paris, entièrement consacrée au travail du collectif Guerrilla Girls. Fondé en 1985, ce collectif luttant pour la place des artistes femmes dans les musées s'est petit à petit étendu à de plus vastes combats féministes.

Elles font partie des femmes les plus influentes dans le milieu de l’art contemporain… mais on ne connait ni leurs noms, ni leurs visages, ni même leur nombre. Depuis samedi et jusqu’au 9 octobre, la galerie MFC-Michèle Didier à Paris expose les travaux les plus récents du collectif Guerrilla Girls, un groupe d’artistes femmes qui milite depuis 1985 contre les discriminations sexistes dans le milieu de l’art.    

Le récit des origines des Guerrilla Girls résume à lui seul à quel point la situation à laquelle étaient confrontées les femmes artistes : en 1985, le MoMA de New-York présente une grande exposition intitulée An International survey of recent painting and sculpture. Or, dans ce qui se voulait être un état des lieux de la création contemporaine, sur 165 artistes, il n'y a que 13 femmes. Un collectif de femmes artistes se réunit pour manifester devant le musée, masque de gorille sur le visage et talons hauts aux pieds. Ce sont les Guerrilla Girls - le masque de gorille ("gorilla") est choisi pour rappeler le terme "Guerrilla" dont il est proche.    

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Bav{art]dages
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Si ces premières interventions ont peu d’impact, les Guerrilla Girls se trouvent rapidement un mode de communication : un langage proche de celui de la publicité. Dans des affiches aux gros caractères impactants, elles affichent leurs revendications comme des slogans. "Les femmes doivent-elles être nues pour entrer au Metropolitan Museum ?" clame l’une de leurs affiches les plus connues, qui montre un personnage, tête de gorille et corps de femme, dans la position de la Grande Odalisque. On peut y lire que 4% des artistes présentés sont des femmes alors que 76% des nus sont féminins. Pour obtenir ces statistiques, les Guerrilla Girls organisent un autre type d’intervention, des "weenie counts" ("compteurs de quéquettes" en bon français), où elles se rendent dans les musées pour y compter le nombre d’artistes et de modèles féminins.  

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Paradoxalement, le succès des Guerrilla Girls leur a permis d’entrer dans de grandes collections publiques comme celles de la Tate au Royaume-Uni ou du Centre Pompidou à Paris. Les messages dénonçant l’absence de femmes sont donc désormais exposés dans ces mêmes musées qui sont pointés du doigt par le collectif, dont toutes les participantes sont anonymes. L’affiche "Les avantages d’être une femme artiste" est devenue une référence de l’art féministe.  

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Avec les années, les luttes des Guerrilla Girls se sont élargies. L’anticolonialisme, l’antiracisme sont rentrés dans les combats du groupe. Dans l’exposition parisienne de la galerie mfc-Michèle Didier, leurs 12 affiches les plus récentes et leurs derniers films sont présentés. On y découvrira des notamment oeuvres liées au mouvement Black Lives Matter (comme la vidéo Acts of Police are Crimes against humanity de 2020), faisant toujours appel à ce langage visuel inspiré des publicités.    

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Les travaux récents des Guerrilla Girls sont aussi profondément ancrés dans l’ère post-Metoo, où la question "faut-il séparer l’homme de l’artiste" est prépondérante. "Trois façons d’écrire un cartel de musée quand l’artiste est un prédateur sexuel" est une affiche conçue en 2018, qui montre comment les musées peuvent passés sous silence les actes de harcèlement ou d'agression qui peuvent être attribués à des artistes - sous prétexte que ce sont des génies "et des hommes blancs" selon l'affiche.    

Le projet vidéo The Male Graze, imaginé l’an dernier, vise aussi à rappeler les mauvais actes commis par des artistes reconnus comme Gauguin ou Picasso.    

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A Paris, le collectif présentera aussi l’un de ses dispositifs les plus participatifs : le Département des plaintes, un bureau où chacun et chacune peut venir inscrire ses plaintes et doléances sur un bout de papier qui sera affiché sur les murs de la galerie - l'idée étant de créer un espace libre pour tous les types de revendications, et plus seulement les leurs.  

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