D'où viennent les sculptures que nous voyons sur les cathédrales gothiques de Paris, de Rouen, de Reims ou d'Amiens ? Le musée de Cluny (musée national du Moyen-Âge) à Paris s'y penche dans une exposition prolongée jusqu'au 21 janvier. Elle retrace la naissance de la sculpture gothique et nous emmène au XIIème siècle.
Retour vers le passé, en 1135. Cette année-là, la cathédrale de Saint-Denis crée une onde de choc. La révolution s'affiche sur les façades : les sculptures jusque-là abstraites des édifices romans deviennent plus réalistes. Les visages et les corps sont plus dessinés.
L'exposition, déjà vue par près de 70.000 visiteurs, revient sur quinze années charnières. Celles où les traits s'humanisent et les formes prennent du relief.
"Franchement, c'est magnifique", s'enthousiasme Marie-Odile devant de petites colonnettes. "C'est un peu dans le style des enluminures avec un entrelacs d'animaux fantastiques, de feuilles diverses et variées. Et puis, surtout, c'est très en relief. Là on voit vraiment la différence entre le gothique et le roman. Le gothique fait bien ressortir les reliefs, alors que le roman c'est plus plat."
Cent-trente pièces d'exceptions sont exposées. Elles proviennent en partie du musée de Cluny mais viennent aussi de Chartres, de Baltimore aux États-Unis ou du Metropolitan Museum of Art de New-York.
Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.
Une révolution sur quinze ans
L'exposition est conçue comme une frise chronologique qui démarre avec la construction de la cathédrale de Saint-Denis en 1135. Elle se termine en 1150 avec un détour par Chartres, qui prolonge le style gothique.
"Dans la cathédrale de Chartres, on retrouve cette idée de statues-colonnes qui viennent de Saint-Denis", explique Philippe Plagnieux, co-commissaire de l'exposition. "Le style est cependant totalement différent. On essaye de donner le poids du corps en appui sur une jambe, d'affiner un peu les visages et d'humaniser davantage les choses et de les incarner."
Les sculptures poursuivent leur mutation et s'inspirent de plus en plus de l'Antiquité. Une sculpture du prophète Isaïe, en fin d'exposition, montre très bien ce cheminement : elle présente un drapé très réaliste.