Confrontée à une flambée de Covid, la Chine met ses exportations de médicaments anti-fièvre en pause
Par Sébastien Berriot
Conséquence de la flambée des cas de Covid-19 que la Chine connait depuis près de deux semaines, les autorités sont confrontées à une pénurie de médicaments anti-fièvre. L'industrie pharmaceutique a été mise en état d’alerte et privilégie le marché national... au détriment des exportations.
La Chine est engagée dans une course contre la montre pour répondre à une forte demande de médicaments anti fièvre. Depuis que les autorités ont subitement levé les restrictions sanitaires qui étaient en vigueur depuis 2020, le pays est confronté à une très forte augmentation des cas de Covid et les dizaines de millions de Chinois qui tombent malade ont beaucoup de mal à trouver des médicaments pour se soigner, notamment des traitements à base de paracétamol et d'ibuprofène utilisés en cas de fièvre. Pris de court, le gouvernement chinois a lancé cette semaine une grande mobilisation de tous les acteurs de l’industrie pharmaceutique, afin de répondre à cette demande inédite.
Les exportations vont devoir attendre
Dans cette usine de la province du Shandong, qui fabrique de l’ibuprofène, une grande partie de la production est en temps normal destinée à l’exportation. C’est une source de revenus très importante pour l’économie chinoise. mais pour la première fois, une décision inhabituelle a été prise : en raison de l’urgence de la situation, les exportations de médicaments sont mises en pause dans cette usine. Priorité absolue est donnée au marché national. "Il y a une semaine", explique à France Inter l'un des responsables de l'entreprise, "le ministère de l'industrie nous a donné des instructions claires pour que l'approvisionnement national soit garanti en priorité pour répondre à la demande de médicaments anti-fièvre." Les commandes destinées à l'exportation sont pour le moment laissées de côté.
Les autorités ont donné des consignes pour que les chaines de production fonctionnent en continu, comme le confirme le même responsable de l'usine d'ibuprofène de la province du Shangdong. "Après la levée des restrictions sanitaires, la demande est soudainement devenue très forte. Évidemment, ça prend du temps pour adapter la production. Notre usine qui traite les matières premières travaille à pleine capacité. Le médicament final est fabriqué grâce aux heures supplémentaires : il y a trois équipes qui travaillent huit heures par jour. Les machines, elles, fonctionnent 24h sur 24. Avec ce dispositif, je pense que la pénurie de médicaments pourra commencer à s’atténuer d’ici deux semaines."
Des camions remplis de médicaments partent pour Pékin
Sinopharm, l’un des principaux groupes pharmaceutiques d’État, a lancé un véritable plan de bataille, avec la mobilisation de toutes ses filiales. Par exemple celle du Xinjiang, qui a fait partir des dizaines de camions spéciaux vers la capitale, avec à bord 100 000 boites de médicaments. Au 13 décembre dernier, ce sont 1,27 millions de boites qui avaient déjà été acheminées vers Pékin, où les autorités ont commencé à puiser dans les réserves d'urgence. La demande est tellement forte que l’"usine du monde", non seulement met ses exportations entre parenthèses, mais a aussi commencé à acheter des médicaments à l’étranger. Preuve que la crise n’avait pas du tout été anticipée