Conso : cinq questions que vous vous posez sur le vrac

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Conso : cinq questions que vous vous posez sur le vrac

Acheter en vrac. Ici « Le bocal » est une boutique zéro déchet qui propose des produits d alimentation, d'hygiène, et cosmétiques en vrac
Acheter en vrac. Ici « Le bocal » est une boutique zéro déchet qui propose des produits d alimentation, d'hygiène, et cosmétiques en vrac
© AFP - Oryane Langenbronn / Hans Lucas

Faut-il acheter en vrac ? Le vrac est-il moins cher ? Que trouve-t-on dans les épiceries de vente de produits non emballés ? Y a-t-il des risques hygiéniques ? Alors que ce mode de consommation progresse, réponses aux questions que vous vous posez.

On la retrouve dans les magasins bio, dans les boutiques spécialisées et même dans les grandes surfaces désormais : la vente en vrac ne cesse de prendre de l'ampleur en France et à l'étranger. Alors que ce marché ne concernait souvent que les fruits secs et les graines, le vrac s'étend aujourd'hui aux produits cosmétiques. Célia Rennesson, directrice de l’association Réseau Vrac et co-autrice du livre _Vrac, mode d’emplo_i et Lucia Pereira, directrice des Affaires Juridiques de l’association Réseau Vrac, étaient les invitées de La Terre au carré, l'émission environnement de France Inter. Ensemble, elles ont répondu aux questions des auditeurs.

Pourquoi acheter en vrac ? 

  • Pour réduire ses emballages ! Apparus avec la volonté de faire voyager les produits et la massification de la consommation, ils sont une plaie pour l'environnement. Certains produits ont fait de la résistance et sont toujours vendus sans, chez le boucher, le boulanger et sur les marchés. Mais ce n'est pas la majorité. 
  • Le vrac est simple : il faut penser à avoir des bocaux dans lesquels on verse les denrées. Transparents, ils permettent en plus d'avoir un œil rapide sur ses stocks.
  • Acheter en vrac permet d'éviter le gaspillage : on peut n'acheter que ce que l'on veut consommer, pas plus. 
  • Ce nouveau mode de consommation hors grandes surfaces limite l'achat d'impulsion.  "C'est vrai qu'avec le vrac, on a un contact direct avec le produit qu'on n'a pas avec tous ces emballages donc on a moins d'injonctions à consommer" observe Lucia Pereira, "et on s'en tient beaucoup plus facilement à ses besoins. On est moins tenté par l'offre "2 + 1 gratuit""

Où acheter ? 

Célia Rennesson explique : "On trouve du vrac partout ! Dans les 650 épiceries vrac, bien sûr. Elles ont souvent développé la livraison, le drive et le click and collect. Et il existe 66 épiceries ambulantes de vente sans emballage. 

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88% des magasins bio ont un rayon vrac. Et pour la majorité de Français qui fait ses courses une fois par semaine en voiture au supermarché : 70% des grandes surfaces ont déjà un rayon de vente vrac."

Que trouve-t-on en vrac ? 

Lucia Pereira : "On trouve tout en vrac,  sauf l'huile d'olive qui fait l'objet d'une réglementation européenne particulière pour lutter contre la fraude. En France, et c'est le seul pays où c'est possible, elle peut exister "en vente assistée" : vous venez avec votre bouteille propre et vous demandez la quantité d'huile d'olive dont vous avez besoin. Mais c'est le commerçant qui doit vous servir. 

Les épiceries vrac sont très engagés sur la vente de produits locaux. En moyenne 48% des fournisseurs viennent de moins de 200 km autour du magasin.

Magasin de vrac
Magasin de vrac
© Getty - Niedring/Drentwett

Les produits vendus en vrac sont-ils plus chers ? 

Lucia Pereira : "Aujourd'hui, on pense que le fait de retirer l'emballage divise le prix des aliments par deux. Mais ce n'est pas forcément vrai. Pourquoi ? Le vrac nécessite beaucoup de main d'œuvre, et un simple silos (distributeur de denrées en libre-service) coute 100 euros. Néanmoins, une étude du Parisien en 2020 avait prouvé que les produits bio étaient moins chers en vrac qu'emballés. 

Pour moi, le vrac permet de réaliser des économies : si vous avez besoin d'acheter trois gâteaux, pourquoi devoir dépenser pour un paquet de 12 ? En achetant quatre fois plus que nécessaire, vous avez potentiellement dépensé quatre fois plus que ce que vous auriez dû dépenser."

Elle ajoute : "On jette tous les ans sept kilos par habitant de nourriture totalement emballée. On a donc acheté sept kilos de nourriture qui nous ont nous couté environ une centaine d'euros. Le vrac permet d'éviter cela. 

Ensuite il faut s'interroger : aujourd'hui, les produits emballés sont-ils vraiment à leur juste prix puisqu'ils n'intègrent pas les externalités négatives qu'ils génèrent ? Les collectivités dépensent 117 euros par an pour la taxe d'enlèvement des ordures ménagères. Et nous, les consommateurs, nous payons une taxe d'ordures ménagères qui varie entre 100 et 400 euros.

Les produits plein d'emballages ne sont pas si avantageux : ils ne prennent pas en compte ces coûts cachés liés aux déchets d'emballages jetables. 

Donc c'est aux consommateurs de faire très attention aux produits qu'ils choisissent."

L’Esprit d’initiative
3 min

Quels sont les risques du vrac ?  

Si les aliments sont emballés c'est souvent pour des raisons d'hygiène. Comment s'assurer qu'on ne risque rien avec les aliments en vrac ?  

Lucia Pereira rappelle que "les contenants que reçoivent les consommateurs pour acheter des produits en vrac sont nettoyés au lave-vaisselle. Ils sont lavés à 70°C et sont donc désinfectés, il n'y a pas de moisissures qui se développent"

Plusieurs auditeurs soulèvent le problème des pinces en plastique pour se servir en biscuits en vrac : "Comme le ressort ne fonctionne souvent pas bien, on finit par mettre les mains…."  Lucia Pereira reconnait : "On travaille avec les équipementiers pour les silos pour améliorer leur utilisation, mais il y a une véritable éducation à faire.

D'où l'écriture de ce livre : on donne les bonnes pratiques d'hygiène de la vente en vrac, comment stocker, comment entretenir les ustensiles, les pinces, les pelles, nettoyer les bacs et les silos pour qu'il n'y ait pas de développement de moisissures ou autre. On a formé des équipes de vendeurs, il faut maintenant éduquer le consommateur. Avec la crise de la Covid, on se désinfecte plus les mains et les magasins renforcent le nettoyage, la désinfection de tous les points de contact. Mais il faut aussi que chacun soit responsable de sa consommation."

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Questions diverses sur le vrac

  • Que choisir entre un produit en vrac venu de chine ou un autre emballé mais produit en France ? 

Célia Rennesson pense qu'il faut privilégier le vrac de Chine pour montrer qu'il y a une vraie volonté d'avoir cette façon d'acheter. Et cela n'empêche pas de militer à côté pour qu'il vienne de France. Les grandes surfaces vont distribuer en vrac s'il y a des acheteurs de ce mode de consommation. Si les acheteurs se détournent du vrac, elles ne vont plus en proposer.

  • Quid des dates de péremption ? 

Lucia Pereira : "On distingue les DLC (date limite de consommation) des DDM (date de durabilité minimale). Les DDM concernent les produits qui, lorsque la date est dépassée, sont consommables même s'ils perdent un peu de leurs caractéristiques nutritionnelles ou organoleptiques. Tous les produits secs sont soumis à des DDM. Comme le vrac concerne principalement des produits secs, on est donc sur des DDM assez longues. Et notre recommandation au sein de "Réseaux vrac", c'est d'étiqueter cette information pour que le consommateur soit informé (même si aujourd'hui elle n'est pas obligatoire).

  • Vaut-il mieux la consigne ou le vrac ? 

L'un n'exclut pas l'autre. Ce sont deux modes de consommation différents. La consigne n'apporte pas la juste quantité, elle est imposée. Les deux systèmes peuvent très bien coexister.  

ECOUTER | La Terre au carré sur le vrac

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