Coronavirus : doit-on craindre une vague de fermetures définitives de restaurants et cafés ?
Par Mélanie JuvéAlors que les professionnels du secteur comptent sur la saison estivale pour relancer leurs affaires, 10 à 15% des restaurants et cafés pourraient fermer définitivement estime le distributeur France Boissons. Le manque de touristes étrangers, notamment, plombe le chiffre d’affaires, malgré les aides de l'État.
La reprise post-confinement n’a pas été homogène chez les cafetiers et restaurateurs. Si en Bretagne, la saison estivale a bien démarré, les professionnels d’l’île de France, de la Côte d’Azur et plus globalement des grandes villes souffrent plus, avec une absence des touristes étrangers, analyse l’UMIH, l'union des métiers des industries et de l'hôtellerie.
Dans ces territoires "Vous avez les restaurants qui enregistrent jusqu’à - 30%, -40% de chiffre d’affaires" estime Laurent Lutse, président de la branche cafés, brasseries, établissements de nuit de l'UMIH.
À Nancy, Julien Picard constate lui un repli de 35 % de son chiffre d’affaires en juin par rapport à l’année dernière. Ce gérant de bistrot pourrait mettre la clé sous la porte à l’automne si la situation ne s’améliore pas. "Malheureusement il y a beaucoup de collègues, et peut-être moi-même, qui allons être contraints de fermer parce qu’on ne pourra pas payer toutes les charges qui seront demandées. Personne n’a vraiment fait de cadeau, il y a eu beaucoup de reports donc il va bien falloir payer", dit Julian Picard qui explique qu'il faudra régler "les charges salariales, les bailleurs avec qui on a pu s'arranger pour les loyers, EDF, GDF. Sur trois mois de fermeture cela correspond à 10% de mon chiffre d'affaires annuel. Si en plus on a pas la clientèle étrangère il y aura un manque à gagner, c'est pour ça que la situation est compliquée."
Malgré l’absence des Allemands, Belges et Hollandais en Lorraine, le restaurateur espère se rattraper avec la clientèle locale pour la fin de la saison.
L'union des métiers des industries et de l'hôtellerie dresse un constat plus alarmant pour la rentrée, avec un chiffre de fermetures définitives au-delà de 15%. L’organisme demande un prolongement du chômage partiel au-delà de fin septembre et un report des charges jusqu'en juin 2021.
De leur côté, les fournisseurs justement, proposent des aides, pour soulager ponctuellement les trésoreries et ne pas voir leurs clients disparaître "Il est urgent de continuer à faire vivre ces lieux de vie", estime Thibaut Boidin, directeur adjoint chez France Boissons, qui fournit un quart des établissements du pays. "On a un accompagnement qui était financier, comme accorder des facilités de paiement ou reporter un certain nombre de factures, et on continue de le faire pour certains d'entre eux, autour de 15 % de nos clients."
Le fournisseur a également accompagné établissements à leur réouverture, avec des techniciens sur le terrain pour aider à redémarrer les tireuses à bière et les machines à cafés, et estime qu’entre 5 et 20% des cafés et restaurants du pays n'ont pas rouvert leurs portes mi-juillet.