Corps extrêmes de Rachid Ouramdane au Théâtre National de la Danse Chaillot du 16 au 24 juin 2022
Par Valérie GuédotChorégraphier dans les airs, quoi de plus beau ?
« De tout temps, il y a eu un pouvoir fantasmatique à éprouver l’envol, l’air sur la peau, l’altitude sans la gravité. Entre rêve d’enfant et utopie d’échapper à sa condition d’être humain cloué au sol, chaque personne se confrontant à l’envol témoigne d’une expérience troublante amenant parfois à réfléchir ce qui nous entoure autrement.
Corps extrêmes se focalise sur la fascination qu’exercent les notions d’envol, d’état d’apesanteur, de suspension, de planer... ces moments où l’on quitte la terre tels que plusieurs pratiques de sports extrêmes le proposent ainsi que des pratiques artistiques (les voltiges des acrobates, la suspension des trapézistes…).
Nombreuses sont les images du monde de l’art et médiatique où des personnes sont saisies en pleine suspension.
Au travers de chorégraphies aériennes réalisées par ces athlètes aventuriers et artistes, l’idée est de révéler ce que ces individus hors normes tentent d’approcher dans leur quête pour échapper à la gravité. Nombre d’entre eux se mettent dans des situations extrêmes au risque de chutes mortelles et cherchent des réponses à des questions existentielles, un sens à leur vie dans une société où ils ne se sentent plus à leur place.
À cette confrontation à eux-mêmes s’ajoute une autre dimension : celle des environnements majestueux dans lesquels évoluent certains d’entre eux, ne faisant qu’un avec. Ils ne font qu’un avec une nature que la plupart des gens jugent inaccessible.
Un environnement vidéographique permettra aussi d’établir des résonances entre le lieu du spectacle et les paysages dans lesquels évolue cette communauté du monde aérien. Une abondante production d’images accompagne ces pratiquants avec des enjeux commerciaux colossaux où l’image est là pour faire vendre du matériel, afficher les marques et sponsors, mais finalement rarement pour nous éclairer sur qui sont intimement ces personnes, ce que leurs gestes disent du monde. C’est donc aussi un chantier ouvert sur la prise de vue aérienne qui nous occupera, non pas pour célébrer la prouesse et la virtuosité de ces femmes et de ces hommes mais pour inventer une grammaire pour caméra (avec des drones) qui s’attachera à construire des portraits intimes de ces individus. »
Propos de Rachid Ouramdane recueillis en 2019
Rachid Ouramdane est directeur de Chaillot – Théâtre national de la Danse depuis avril 2021.
Il a réalisé des pièces complexes sur les dispositifs de la représentation présentées sur la scène internationale. Il a longtemps donné une place éminente au portrait dansé. Son travail s’est pendant un temps appuyé sur un minutieux recueil de témoignages, mené en collaboration avec des documentaristes ou des auteurs, intégrant des dispositifs vidéo. Après plusieurs années à développer une poétique du témoignage son travail tend depuis quelques temps vers une forme d’abstraction. En parallèle de ses projets de création, il développe un travail de transmission et de coopération en France et à l’international.
►►► Distribution
- CONCEPTION Rachid Ouramdane
- MUSIQUE Jean-Baptiste Julien
- VIDÉO Jean-Camille Goimard
- LUMIÈRES Stéphane Graillot
- COSTUMES Camille Panin
- RÉGIE GÉNÉRALE Sylvain Giraudeau
- AVEC Hamza Benlabied, Airelle Caen, Löric Fouchereau, Nathan Paulin, Arnau Povedano, Ann Raber, Belar San Vicente, Maxime Seghers, Seppe Van Looveren, Leo Ward
- Avec le Théâtre de la Ville dans le cadre de sa programmation hors les murs