Cours supplémentaires, "devoirs faits" : Pap Ndiaye détaille les premières mesures de sa réforme du collège
Par Julien Baldacchino, Fabien Cazeaux
Le ministre de l'Éducation nationale a annoncé ce mercredi les premières mesures de la réforme de la classe de 6e, qu'il portera pour tenter d'améliorer le niveau des élèves au début du collège. Parmi celles-ci, une mesure qui, pour la première fois, implique les professeurs des écoles.
Les évaluations à l'entrée en sixième sont problématiques, selon le ministre de l'Éducation nationale : les dernières évaluations, publiées en novembre dernier, ont certes montré un resserrement des écarts entre les élèves de REP+ et les autres, mais elles ont aussi mis en lumière un abaissement global du niveau de français à l'entrée en sixième.
Résultat, la réforme sur laquelle le ministre Pap Ndiaye a commencé à lever le voile ce mercredi pour les classes de 6e ne comporte pas de révolution, mais deux changements importants, à commencer par l'instauration d'une heure supplémentaire de soutien en français ou en mathématiques pour les élèves de 6e.
Les professeurs des écoles mis à contribution en classe de 6e
Toutes les études montrent qu'en calcul mental et en orthographe, le niveau est particulièrement préoccupant à l'entrée au collège : sur la même dictée faite à 34 ans de distance par deux générations d'élèves, ceux de 2021 commettent deux fois plus de fautes que ceux de 1987. Il faut donc consolider en début de 6e ce qui n'est plus acquis en fin d'école primaire. "On va avoir une superposition, un agrafage meilleur, entre le primaire et le secondaire, parce qu'on sait que la marche d'entrée en 6e est difficile", a annoncé Pap Ndiaye sur BFMTV.
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Ainsi, l'originalité du dispositif annoncé par le ministre Pap Ndiaye, c'est que ce sont des professeurs des écoles qui s'en chargeront dans les collèges : "Il s'agit de faire en sorte que le passage en 6e soit meilleur et insister sur les fragilités des élèves, en disant aux familles qu'on s'en occupe de manière à ce qu'en fin de 6e, ces difficultés soient résolues", a-t-il détaillé.
Ce dispositif était déjà expérimenté cette année, sous le nom de "6e tremplin", dans l'académie d'Amiens pour les élèves de 6e en difficulté. Les élèves seront pris en charge "par petits groupes" pour un accompagnement plus personnalisé. En revanche, on ne sait pas comment s'articulera la distribution de cette heure supplémentaire entre le français et les maths ; on ne sait pas non plus si celle-ci s'ajoutera ou non aux enseignements existants.
Le dispositif "devoirs faits" généralisé
La deuxième mesure, c'est la généralisation et l'extension du dispositif "devoirs faits", un dispositif déjà existant. Pap Ndiaye se place dans la continuité de son prédécesseur Jean-Michel Blanquer, en étendant ce dispositif qui prévoit que les élèves fassent leurs devoirs au collège, à raison de deux heures et demie par semaine en moyenne.
Objectif : éviter que les enfants ramènent du travail à la maison, car cela est source de reproduction d'inégalités sociales entre les élèves, en fonction de leur cadre familial. À la rentrée dernière, le dispositif "devoirs faits" ne concernait qu'un collégien sur trois au niveau national, et un sur deux si l'on se focalise sur les réseaux d'éducation prioritaire REP+.
Ces annonces devraient aussi être suivies d'autres réflexions pour le collège. Une concertation doit être engagée dans les prochaines semaines sur les classes de 5e, 4e et 3e, qui pourra "porter sur les modalités d'évaluation".
Mesures "cosmétiques"
Face à ces premières mesures, les syndicats d'enseignants se sont montrés circonspects : "Tout ça pour ça", a déclaré la secrétaire générale du Snes-FSU, Sophie Vénétitay, qui appelle en priorité à la "diminution des effectifs en classe, qui implique évidemment un recrutement d'enseignements", plutôt qu'une suppression de postes comme c'est prévu par le budget de l'Etat. "Cela reste une mesure superficielle compte tenu des besoins de nos élèves", selon Stéphane Crochet, du SE-Unsa.
La question du volontariat des professeurs des écoles est aussi posée : "Dans certains territoires, ça impliquerait des déplacements conséquents pour les professeurs des écoles, et dans d'autres territoires, on est quand même en grand manque", souligne Catherine Nave-Bekhti du Sgen-CFDT.