Évoqués au printemps dernier quand on manquait de tests, les tests groupés sont à nouveau avancés par certains spécialistes comme une alternative de dépistage intéressante, maintenant qu'on manque de bras et que les files d'attentes s'allongent aux portes des labos. Est-ce une bonne solution pour autant?
Les test groupés permettraient, selon des spécialistes, un dépistage plus massif - donc plus rapide - et moins onéreux. Le principe ? Au lieu de tester les gens un par un, en faisant pour chacun l'analyse de laboratoire qui va avec, on va prélever un groupe de personnes, on mélange ensuite leurs échantillons et on investigue au cas par cas, uniquement si le mélange est positif. Dans le cas contraire, le groupe est considéré comme négatif. Ça permet de réduire le nombre de tests à faire dans certaines situations.
Imaginons un groupe de 100 personnes à tester dans lequel il n'y aurait qu'un seul cas de contamination ; on peut imaginer ce cas de figure dans une université par exemple. Pour trouver le cas, normalement on ferait 100 diagnostics. Le pooling, ou test groupé, consiste à séparer les 100 personnes en cinq groupes de 20. Dans chaque groupe de 20, on prélève tout le monde et on mélange les échantillons pour n'en faire qu'un seul.
Un système plus rapide, mais moins sensible
S'il n'y a vraiment qu'une seule personne contaminée, un seul de ces cinq groupes va apparaître positif. On ne va donc analyser dans le détail uniquement ce groupe là. Pas besoin de scruter les quatre autres. On gagne du temps et de l'énergie. Pour l'épidémiologiste Catherine Hill, c'est une solution intéressante pour beaucoup mieux contrôler l'épidémie : "Ça permettrait de tester beaucoup de gens, beaucoup plus vite. C'est comme ça qu'on contrôle une maladie infectieuse : il faut trouver les gens pour les isoler rapidement."
Les tests groupés ont déjà été expérimentés dans plusieurs pays. En France, le Haut Conseil de la santé publique, dans un avis en date du 10 mai dernier, ne le recommande pas en raison de "contraintes organisationnelles et de limites techniques".
Le biologiste médical Lionel Barrand est circonspect, lui aussi : "Si on teste un échantillon au milieu de 10, c'est dilué 10 fois, donc la sensibilité du test est un peu moins bonne. Alors est-ce qu'on prend le risque d'avoir un test un peu moins sensible, donc avec plus de faux négatifs pour pouvoir en faire plus ? C'est un débat de santé publique..."
Les tests groupés ont l'avantage en tout cas d'être économiques en réactif - on en manque actuellement. Économiques, aussi, pour l'Assurance maladie, si cela permet de diviser par trois ou quatre, ou davantage encore, le nombre de diagnostics réalisés.