Covid-19 : pourquoi il faut redoubler de vigilance sur les gestes barrière aujourd'hui

Alors que les derniers chiffres confirment que le COVID-19 circule de plus en plus largement dans le pays, trois spécialistes rappellent combien il est essentiel de rester vigilant et d'adopter en continu les gestes barrières jusqu'à la découverte d'un vaccin pour éviter toute résurgence de la pandémie.
Invités dans l'émission Le Débat de midi, animée par Thomas Chauvineau, l'épidémiologiste Arnaud Fontanet, la virologue Anne Goffard et le sociologue en psychologie sociale Jocelyn Raude expliquent les raisons pour lesquelles il est important que la population française veille au respect des gestes barrières et, en premier lieu, au port du masque jusqu'à la découverte d'un vaccin. Ce trop grand accommodement des Français à vouloir vivre avec la maladie en ne limitant pas assez leurs interactions sociales pourrait prendre un tour plus dramatique cet hiver.
Les Français s'accoutument trop dangereusement à vivre avec la maladie
Si le sociologue Jocelyn Raude rappelle que les Français ont tout de suite été coopératifs à la suite du confinement, en affichant un niveau d'observance proche de 95 % des gestes sanitaires et un respect du port du masque à 75 % à la fin du mois de juin, il y a depuis juillet un relâchement dans la population française du point de vue des interactions sociales : d'après lui, il n'y a plus qu'un tiers des Français qui évite absolument de voir des gens en dehors de leur foyer.
C'est quelque chose qu'on a observé dans pratiquement toutes les épidémies : au fur et à mesure, même si l'épidémie continue à progresser, il y a un phénomène d'accoutumance au risque sanitaire qui se met en place, une banalisation de la maladie dans les esprits".
Un relâchement qui pourrait prendre un tour plus dramatique cet hiver
Selon l'épidémiologiste Arnaud Fontanet, "nous sommes actuellement dans la continuité de la première vague". Parce qu'on est actuellement en période estivale, l'augmentation de la circulation du virus reste relativement modérée. Mais un respect moins scrupuleux des gestes barrières et du port du masque pourrait changer la donne avec la venue de l'hiver : "Quand les températures descendent en dessous de 10°C, le virus se remet à circuler extrêmement vite. Or, on avait vu, lors de la première vague de février-mars, que c'était effectivement lors des températures inférieures à 10°C que les épidémies s'étaient vraiment déclenchées. On a un virus qui, comme beaucoup des virus respiratoires, circule encore plus facilement en période hivernale parce qu'il fait froid.
Mais nous avons les outils qu'il faut pour gagner davantage de temps, pour que des traitements thérapeutiques et des vaccins permettent de prendre le relais des mesures barrières.
Le respect des gestes barrières : indispensable jusqu'à la découverte du vaccin
Aujourd'hui, la principale préoccupation que l'on doit avoir en tête, selon l'épidémiologiste, c'est que tant qu'on n'a pas atteint les 50 % de contaminés, on est sujets à risques. À condition de les atteindre très prochainement grâce au futur vaccin et de continuer à faire preuve de vigilance pendant ce temps-là et éviter d'autres contagions : "Pour être protégés d'une deuxième vague, il faudrait qu'au moins 50 % de la population adulte française ait été immunisée. Et, aujourd'hui, l'absence d'immunisation via un vaccin viable, fait qu'on est encore très loin du compte… Les enquêtes qui ont été menées laissent entendre que c'est à peu près 5 % de la population française qui a été infectée, peut-être 10 % dans les régions les plus touchées jusqu'à aujourd'hui.
Et si on arrive à un taux d'immunité de 50% de contaminés, sans vaccins et ni respect des gestes sanitaires, cela induit tout un cortège de morts qui va avec et qui n'est pas concevable du tout…
On ne peut se permettre d'atteindre ce taux-là avant que le traitement du vaccin ne soit mis en place. C'est pourquoi, pour éviter d'autres morts, on se doit d'adopter ces mesures de précaution sanitaires.
La seule stratégie aujourd'hui, c'est de gagner du temps (en se protégeant) pour laisser les solutions de traitements ou vaccins devenir disponibles pour que l'on puisse enfin atteindre les 50 % de contaminés par ce biais-là. "La difficulté va être de faire appliquer ces recommandations sanitaires sur le temps long" pondère la virologue Anne Goffard_" car il faut prévoir, au moins pour l'hiver qui arrive, de vivre avec car le vaccin n'est pas encore d'actualité_.
En somme, la vaccination contre le Covid-19 n'étant toujours pas d'actualité, les trois spécialistes rappellent combien il est important de continuer à se prémunir efficacement face à la pandémie, surtout à l'approche de l'hiver où la baisse des températures et un relâchement continu de la part des Français, pourrait se traduire plus dramatiquement qu'on ne le pense…
Aller plus loin
🎧 ÉCOUTER - "Pour 20 grandes métropoles nous avons recommandé des plans de confinement partiel" : écoutez Jean-François Delfraissy, infectiologue et président du Conseil scientifique sur le Covid-19
🎧 ÉCOUTER - Le débat de midi par Thomas Chauvineau : La deuxième vague est-elle en train d'arriver ? (dont les échanges plus hauts sont extraits)
