L'afflux de franciliens dans les laboratoires pour le dépistage du Covid-19 allonge-t-il le délai d'obtention des résultats ? Un Parisien témoigne avoir dû attendre cinq jours, au lieu de deux ou trois, pour se savoir contaminé, ce qui a retardé la prise en charge des cas contacts.
Une semaine après avoir déclaré ses premiers symptômes, Yohan se "pose question sur l'efficacité du traçage des cas contacts". Cet enseignant parisien a dû attendre cinq jours, au lieu de deux ou trois pour obtenir les résultats de son test PCR, qui s'est avéré positif, provoquant du retard dans la prise en charge de ses proches, déclarés "cas contacts".
Le mercredi 26 août au soir, le jeune homme présente de la fièvre, des douleurs et un peu de toux. Dès le lendemain, il fait pratiquer un test, non sans difficulté, ne parvenant pas à prendre rendez-vous dans la plupart des laboratoires. Au moment de passer le test, sa compagne et lui obtiennent un coupon papier : "On nous indique que les résultats seront disponibles dans 48 à 72 heures maximum, hors dimanche, ce qui nous emmenait alors au samedi ou au lundi".
Des personnels de laboratoire "débordés"
"Dès que j’ai eu des symptômes, j’ai averti mon entourage, mais ce qui est problématique c’est que rien ne pouvait être enclenché tant qu’on n’avait pas le résultat du test" explique le jeune homme. Et l'attente se fait longue : les résultats ne tombent finalement que le mardi 1er septembre, soit cinq jours après le test. Yohan doit même se rendre physiquement au laboratoire pour obtenir les résultats, car les consignes reçues par SMS pour les récupérer en ligne sont incorrectes.
Selon lui, pour justifier ce retard, les personnels du laboratoire se disent débordés et promettent simplement de modifier la procédure d'accès aux résultats en ligne.
35 cas contacts, alertés six jours après les symptômes
Yohan déclare alors les "cas contacts", personnes côtoyées dans les jours précédant les symptômes. "On a listé 35 personnes" assure-t-il. Dans les heures qui suivent, l'assurance maladie appelle ses amis, notamment, comme Elise, et leur demande de pratiquer un test, à leur tour, et de s'isoler. La jeune femme a invité Yohan à dîner chez elle avec d'autres amis, quatre jours avant les symptômes. Ce soir-là, pas de bises, ni de contacts physiques, la table est dans le jardin, mais les six personnes présentes ne portent pas de masques.
"Dans mon entreprise et celle de mon compagnon, tout le monde a été mis en télétravail en attente des résultats, par précaution", témoigne-t-elle. En tout, quarante personnes de retour à la maison. "Cela a eu tout un tas de réactions en chaîne dans leur propre entourage, personnel ou professionnel" constate Yohan.
"Ils ont eu largement le temps de contaminer d’autres personnes"
Pour Elise, la réaction est logique et justifiée, mais trop tardive : "Ce laps de temps très long, entre le moment où Yohan fait le test et le moment où il reçoit ses résultats, a peut être fait qu’on a contaminé des gens si nous avons été nous-mêmes contaminés". Pour elle, la réponse du laboratoire aurait pu être plus rapide. Elle se rend donc dans un laboratoire dès mardi soir et patiente pour un test, 10 jours après le contact avec son ami, quand l'assurance maladie préconise un test 7 jours après.
Difficile de faire plus rapidement, quand il a fallu attendre cinq jours pour avoir les résultats : cela pose question" se désole Yohan. "On voit bien que trouver un laboratoire à Paris est compliqué et que l’attente est très longue" constate Elise : "Les moyens ne sont peut être pas assez importants pour répondre à la demande de tests de la population".
"Mes contacts sont à l’isolement aujourd’hui, une semaine après mes premiers symptômes et plus de 10 jours après que je les ai vus donc ils ont eu largement le temps de contaminer d’autres personnes" s'inquiète-t-il, attendant maintenant les résultats des tests de ses amis.