Covid-19 : une troisième injection de vaccin, quand et pour qui ?
Par Hélène Chevallier, La rédaction numérique de France Inter
Après Israël, l'Allemagne va mettre en place un rappel vaccinal pour sa population âgée et vulnérable. En France, le sujet a été évoqué plusieurs fois par l'exécutif, mais ses contours n'ont pas été précisés.
Jamais deux sans trois ? Alors qu'Israël a commencé en fin de semaine dernière à injecter une dose de rappel aux plus de 60 ans, l'Allemagne s'apprête également à franchir le pas : outre-Rhin, le ministère de la Santé a annoncé ce lundi qu'un rappel vaccinal contre la Covid-19 serait proposé à compter du 1er septembre aux populations âgées et vulnérables, ainsi qu'à ceux n'ayant pas reçu de vaccin à ARN messager. Au Royaume-Uni, les autorités seraient en train de travailler sur un scénario similaire : d'après The Daily Telegraph, le gouvernement britannique entend proposer une troisième injection à 32 millions de personnes âgées de plus de 50 ans ou considérées comme vulnérables, dès la fin de l'été.
En France, des contours encore flous
En France, le sujet a été évoqué à plusieurs reprises par l'exécutif, mais la mise en place d'une campagne de rappel vaccinal n'a pas été précisée. Actuellement, des troisièmes doses sont déjà administrées, mais uniquement à des patients immunodéprimés greffés, sous dialyse ou chimiothérapie qui, même après la vaccination, fabriquent peu d'anticorps.
Une baisse d'immunité pourrait aussi toucher les personnes les plus âgées vaccinées en janvier-février dernier, et dont la protection ne serait plus suffisante pour résister au variant Delta. Lors de son allocution du 12 juillet, Emmanuel Macron leur avait promis que "dès la rentrée, une campagne de rappel serait mise en place pour vous permettre de bénéficier d'une nouvelle injection, selon les mêmes conditions que les premières".
La population générale pas concernée à ce stade
Cette campagne visera-t-elle uniquement les pensionnaires d'Ehpad, les premiers à avoir été vaccinés ? Ou bien toutes les personnes âgées ? Ce lundi, Alain Fischer, le président du Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale, a précisé que ce rappel ne concernerait que "les personnes très âgées, au delà de 75-80 ans, et les personnes très malades", notamment immunodéprimées, et ce "certainement au début de l'automne". Concernant le reste de la population, "on n'en est pas là", a -t-il ajouté.
Dans un avis rendu le 15 juillet, la Haute Autorité de Santé (HAS) estimait qu'il n'y avait pas lieu de proposer un rappel à l'ensemble de la population déjà vaccinée, quelque soit le vaccin utilisé. "L'intérêt d'une injection de rappel chez les personnes ayant eu une primovaccination complète se justifierait en cas d'échappement immunitaire avéré par un nouveau variant préoccupant, ou si une diminution de la protection contre la COVID-19 dans le temps était mise en évidence sur la base d'échecs vaccinaux constatés en vie réelle", justifiait la HAS.
L'intérêt d'une troisième injection systématique pas démontré
"Aujourd'hui, on ne dispose pas vraiment de données scientifiques qui soutiendraient l'intérêt systématique d'une dose de rappel," explique la professeure Odile Launay, infectiologue à l'hôpital Cochin à Paris. La décision d'Israël de commencer d'ores et déjà à pratiquer un rappel s'explique par l'avance prise en matière de vaccination, et par l'attitude très proactive des autorités sur le sujet. "Elles s'appuient sur des données – qui n'ont pas été publiées – qui montrent que les formes symptomatiques de Covid-19 augmentent à mesure que la date de vaccination s'éloigne."
En France, la HAS doit donner son avis définitif sur une troisième injection dans le courant du mois. Certains spécialistes soulignent néanmoins que la priorité est de réduire la part de non vaccinés. Aujourd'hui, 63% des Français ont reçu au moins une dose et près de 53% présentent un schéma vaccinal complet.