Covid : des milliers des profs dans la rue partout en France pour dénoncer leurs conditions de travail
Sur fonds de rumeurs de troisième confinement, les enseignants et personnels scolaires, de l'école au lycée, ont manifesté partout en France. Ils dénoncent un manque d'informations, des mesures sanitaires insuffisantes et une absence de revalorisation. Tour d'horizon.
Crise sanitaire, salaires des enseignants : des personnels de l'éducation nationale, rejoints par les infirmières scolaires, les lycéens et les étudiants, se sont mobilisés partout en France pour dénoncer leurs conditions de travail en cette période de pandémie.
Manifestations à Paris, Toulouse, Rennes, Clermont-Ferrand...
À l'appel d'une intersyndicale, composée notamment de la FSU, de la CGT et de FO, de nombreux défilés ont été organisés partout en France.
À Toulouse, un millier d'enseignants, animateurs, assistants d'éducation ou étudiants ont battu le pavé. Nina Garnier, 43 ans et professeur des écoles, souligne le "manque criant de moyens, surtout depuis le début de la crise sanitaire."
"Il n'y a pas de remplaçants quand les collègues sont malades. C'est un travail que j'aime, que j'ai toujours aimé mais aujourd'hui je suis épuisée".
À Rennes, par un froid glacial, au moins 1.000 personnes ont défilé. "On a eu une perte de pouvoir d'achat en dix ans de 275 euros mensuels par personne", a dénonçait Axel Benoist, le secrétaire national du Snuep-FSU (enseignement professionnel).
À Clermont-Ferrand, un millier de personnes ont également manifesté dans la matinée, selon les syndicats, derrière une banderole "urgence pour le service public de l'éducation". Parmi elles, Magali Gallais, 44 ans, CPE: "On brasse des élèves toute la journée, ils oublient souvent de mettre leur masque correctement, on est exposé au virus en permanence".
À Paris, une manifestation est partie des jardins du Luxembourg à 13H00 pour rallier le ministère rue de Grenelle. "C'est un moment crucial pour l'éducation, il y a une vraie colère qui monte chez les enseignants qui sont très inquiets", a assuré Benoît Teste, secrétaire général de la FSU, en référence notamment au Grenelle des enseignants lancé par le ministre Jean-Michel Blanquer, qui doit s'achever en février.
11% de grévistes selon le ministère, 30% à 40% selon les syndicats
Selon le ministère de l'Éducation, le taux de grévistes des enseignants était à la mi-journée à 11%. De son côté, le Snuipp-FSU, premier syndicat de l'enseignement primaire, relevait un tiers de grévistes dans le premier degré. Dans le second degré, le Snes-FSU, premier syndicat, estimait ce taux à 40% des professeurs, CPE, PsyEN (psy de l'éducation nationale), AED (assistants d'éducation) et AESH (accompagnants d'élèves handicapés).
Les enseignants les plus mal payés d'Europe
Les salaires des enseignants français sont inférieurs de 7%, en début de carrière, à la moyenne de ceux des pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). En novembre, le ministère avait annoncé des revalorisations de salaires à partir de 2021, ciblées surtout pour les plus jeunes. Mais les syndicats espèrent des hausses pérennes pour toute la profession. Le personnel scolaire accuse le ministère de faire essentiellement de la communication.
Des étudiants devaient aussi se joindre à eux, six jours après s'être mobilisés contre les effets dévastateurs de l'épidémie de Covid sur leur vie quotidienne. Ils se mobilisent dans l'espoir de pouvoir revenir en cours la moitié du temps en présentiel et l'autre en distanciel afin d'éviter un échec massif (...)
Les infirmières scolaires mobilisées contre la gestion de la crise sanitaire
Les infirmières scolaires, qui dénoncent la gestion de la crise sanitaire, ont elles aussi appelé à se mobiliser aux côtés des enseignants.
Dans le cortège parisien, les infirmières étaient munies de couvertures de survie. L'une d'elle explique à France Inter :
"On survit, on nous rajoute des missions avec le tracing des cas Covid, le dépistage, les tests, on est un peu en survie, on s'essouffle, on fatigue"