Crise des "gilets jaunes" : Édouard Philippe reconnait des "erreurs" et précise ses mesures
Par AFPLe Premier ministre Édouard Philippe a donné le coup d'envoi d'une semaine décisive pour tenter de remettre la Macronie à flot, en détaillant, dimanche soir dans un entretien aux Échos, les gestes annoncés six jours auparavant par le chef de l'État.
Le Premier ministre Édouard Philippe a concédé que l'exécutif n'avait "pas assez écouté les Français" et "fait des erreurs" dans la gestion de la crise des "gilets jaunes", dans cette interview au journal Les Échos parue ce lundi.
"Nous n'avons pas assez écouté les Français. Je reste persuadé qu'ils veulent qu'on transforme ce pays. Je leur dis que leur impatience est la mienne. Nous allons continuer à réparer le pays en les associant davantage", a souligné le Premier Ministre dans cet entretien dans lequel il détaille les mesures annoncées par Emmanuel Macron pour apaiser la colère des manifestants.
La prime de 100 euros pour certains smicards
Le Premier ministre est d'abord revenu sur la prime de cent euros annoncée par Emmanuel Macron : "Dès le 5 février, la prime d'activité sera versée pour compléter le salaire de janvier et atteindre ainsi la hausse de 100 euros" explique-t-il dans une interview au journal Les Echos.
Par ailleurs, le gouvernement va élargir le nombre de foyers éligibles, qui passera de 3,8 millions à 5 millions : "Car cette réforme va bien au-delà des personnes qui sont juste au SMIC : tous les salariés célibataires sans enfant auront 100 euros de plus jusqu’à 1560 euros net de revenus. Avec un enfant, une mère célibataire pourra percevoir la prime jusqu’à 2000 euros de salaire" précise le Premier ministre.
Enfin, un couple avec deux enfants, dont l’un des parents gagne le smic et l’autre 1750 euros, "verra ses revenus augmenter de 200 euros" promet Edouard Philippe. "Par ailleurs, utiliser la prime d’activité permet aussi d’inclure les indépendants et les fonctionnaires dont les rémunérations sont proches du smic".
Pour le Premier ministre, cette hausse de la prime d'activité "permet de tenir compte des éléments de justice sociale, et notamment de l’ensemble des revenus du foyer. Nous avons préféré cette solution à une baisse des cotisations salariales, qui était plus injuste et qui, à ce titre, a déjà été censurée par le conseil constitutionnel. C’est la proposition du gouvernement mais nous en débattrons naturellement au Parlement".
Référendum d'Initiative Populaire
"Je ne vois pas comment on peut être contre" le principe du RIC, le référendum d'initiative citoyenne, affirme le Premier ministre Édouard Philippe. C'est l'une des revendications phares des "gilets jaunes", qui donnerait le droit à un citoyen de rédiger ou d'abroger une loi, voire de révoquer des élus.
"Ce débat, nous allons l’avoir" dit le Premier ministre. "Le référendum peut être un bon instrument dans une démocratie, mais pas sur n’importe quel sujet ni dans n’importe quelles conditions" tempère-t-il cependant. "C’est un bon sujet du débat que nous allons organiser partout en France. Comme l’est le vote blanc"affirme-t-il.
Taxer les GAFA
"Nous allons mettre en place une taxe sur les GAFA dès 2019 à l’instar de certains de nos partenaires dans l’attente de la taxe européenne qui a fait l’objet d’un accord récent" indique-t-il aussi.
"Il est profondément injuste que la fiscalité de ces groupes ne soit pas en ligne avec celle des autres entreprises. Cela devrait permettre de générer 500 millions d’euros de recettes, et ce niveau peut être atteint dès l’an prochain" précise-t-il.
Un effort demandé aux grandes entreprises
La baisse de l'impôt sur les société, de 33% à 31% en 2019 "ne concernera que les entreprises ayant moins de 250 millions d'euros de chiffre d'affaire" a encore déclaré Edouard Philippe. Cela permettra à l'Etat de réaliser des "recettes supplémentaires" et compenser ainsi les mesures en faveur du pouvoir d'achat (hausse du Smic, baisse de la CSG) qui coûteront près de 10 milliards d'euros.
"Nous demandons donc un effort aux plus grandes entreprises pour nous permettre de dégager une recette supplémentaire de l’ordre de 1,8 milliard d’euros" a argumenté le Premier ministre.
"Nous avons pris l’engagement d’une diminution progressive du taux de l’impôt sur les sociétés pour atteindre le niveau de 25% en 2022. En 2019, le taux devait passer de 33% à 31%. Cette baisse ne concernera finalement que les entreprises ayant moins de 250 millions d’euros de chiffre d’affaires. La mesure étant décalée d’un an pour les autres" explique Edouard Philippe.