Critique ciné - "Les Invisibles" : une chronique sociale qui apporte "du rire salutaire" et de l'espoir
Dans l'ensemble, les critiques du "Masque & la Plume" recommandent ce film de Louis-Julien Petit. Découvrez leurs commentaires sur le film.
Le film résumé par Jérôme Garcin
Dans le Nord de la France, quatre travailleuses sociales n’acceptent pas que leur centre d’accueil pour femmes SDF soit fermé par décision administrative. Elles décident donc de se révolter et d’œuvrer, en toute illégalité, à secourir ces femmes pour leur assurer un avenir. Elles les logent dans un squat, leur apprennent un métier, mais aussi à rédiger un CV, à se présenter devant une caméra. Ces invisibles, dont certaines sont passées par la case prison, se sont d’ailleurs donné des pseudos provocateurs : Brigitte Macron, Brigitte Bardot, Lady Di ou Catherine Lara...
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Sophie Avon a apprécié le beau pari du film…
SA : Cette fiction part d'un documentaire qui est absolument extraordinaire, très beau, de Claire Lajeulie (bien sûr on peut voir le film sans avoir vu le documentaire) mais ça situe, ça explique que ce soit une fiction et non pas un documentaire. Je le dis surtout parce que le livre en question, Femmes invisibles, survivre dans la rue, qu'on peut voir très facilement sur France 5, est absolument magnifique.
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Dans ce film, une SDF de 55 ans, à la rue depuis 5 ans, qui est merveilleuse parce qu'elle sourit tout le temps alors qu'elle est dans une détresse incroyable, dit cette chose très simple : "Il vaut mieux croire qu'on peut gagner que croire qu'on peut perdre"... qui est en effet une évidence mais quand elle le dit ça tire les larmes. On a l'impression que Louis-Julien Petit essaie de rebondir là-dessus en disant : "On va prendre ces femmes, et on va montrer qu'elles peuvent gagner. Elles ne sont pas terribles, elles sont dans la rue, elles sont plutôt vieilles... eh bien elles vont séduire, plaire, avoir du succès". Et ça, c'est le beau pari du film.
J'aime bien le film, simplement je crois que dans sa volonté de mettre la lumière sur ces femmes, par moments il est un peu malhabile. Ce que ce film gagne en joie de vivre, parce que c'est une vraie comédie, il le perd peut être à la fin, un peu, en émotion et en force.
Mais c'est un film que je trouve quand même très beau (et qui d'ailleurs marche très bien dans les salles).
Charlotte Lipinska a trouvé le film "très lumineux"
CL : J'ai été assez émue à la fin alors que j'ai franchement ri pendant 1h15 - pas ri aux éclats mais c'est quand même un feel good movie. C'est quand même une comédie où il n'y a pas de cynisme, pas d'ironie et pas d’angélisme non plus. Sont montrés aussi les dysfonctionnements et les difficultés de maintenir ouvert un centre social d'accueil.
Je trouve que le film fonctionne. Il fait du bien, il est très lumineux…
Le mélange des comédiennes professionnelles et de comédiennes amateurs fonctionne extrêmement bien. Je défie même quiconque de déceler dans les femmes précaires lesquelles sont des comédiennes professionnelles et lesquelles ne le sont pas. Si on ne connait pas ces visages, qui viennent du théâtre pour les professionnelles, on ne voit vraiment pas la différence. Et je crois que ça tient aussi beaucoup à la façon du réalisateur de travailler : il y avait un scénario très écrit, et puis, arrivés sur le tournage il a demandé aux comédiennes professionnelles de ne plus dire une seule ligne de dialogue et d'improviser. Il y a une justesse, une sincérité…
Xavier Leherpeur a ri
XL : C'est un mélange : il y a vraiment des scènes de comédie qui sont réussies, drôles, assumées... et puis, au milieu de ça, Louis-Julien Petit est capable de filmer le coté désemparé, épuisé, de ces femmes.
C'est du rire salutaire, jamais du rire contre les personnages.
Effectivement c'est un film qui termine sur la fierté - pas nécessairement bien, mais en tous cas, qui se termine là où il a voulu porter ses personnages : dans leur fierté d'être effectivement à la rue, d'être effectivement à la recherche d'un emploi et d'une stabilité mais de ne pas être des demi êtres humains en tous cas. Je trouve que le film est galvanisant à ce niveau-là !
Nicolas Schaller a quand même un bémol : c'est inégal
NS : Je suis assez d'accord mais je mettrais juste un bémol : c'est un "Ken Loach" des jours moyens quand même. Plus un "Ken Loach" produit par France 2 que par Channel 4.
Il y a quand même quelque chose d'un peu inégal dans l'écriture, justement quand le réalisateur essaie d'aller à la fois vers le feel good movie et de garder une vérité, une âpreté, des personnages.
Aller plus loin
🎧 Écoutez l'ensemble des critiques échangées à propos du film sur le plateau du Masque et la Plume...
"Les Invisibles" de Louis-Julien Petit : les critiques du Masque et la Plume
8 min
🎧 Ecoutez Louis-Julien Petit et Déborah Lukumuena au micro de Laurent Goumarre dans Le Nouveau Rendez-vous
🎧Ecoutez Audrey Lamy au micro d'Augustin Trapenard dans Boomerang
Chaque dimanche à 20h, retrouvez les critiques du Masque et la Plume réunis autour de Jérôme Garcin pour parler cinéma, théâtre ou littérature.
À noter que d'autres critiques de films du Masque et la Plume sont à retrouver ici !