Culture, médias, politique, sport : en 2021, une nouvelle vague #MeToo a déferlé

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Culture, médias, politique, sport : en 2021, une nouvelle vague #MeToo a déferlé

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De Camille Kouchner aux victimes de Nicolas Hulot, l'année 2021 a été marquée par une deuxième vague MeToo
De Camille Kouchner aux victimes de Nicolas Hulot, l'année 2021 a été marquée par une deuxième vague MeToo
© Getty - Aknarin Thika / EyeEm

De #DoublePeine à #BalanceTonBar en passant par #MeTooThéatre et les victimes de Hulot ou PPDA, l'année a été marquée par un afflux de nouveaux témoignages de femmes victimes de harcèlement, d'agressions sexuelles ou de viols. Comme si la France connaissait une deuxième vague MeToo, quatre ans après celle de 2017.

Depuis octobre 2017 et l'éclatement du mouvement #MeToo, les dénonciations ne cessent de se multiplier et chaque année apporte son lot d'affaires touchant tous les milieux. "Tous les secteurs sont concernés", confirme Reine Prat, qui vient de publier "Exploser le plafond, Précis de féminisme à l'usage du monde de la culture", aux éditions de l'Echiquier. "C'est un phénomène de société avec un consensus sur des relations perverties entre hommes et femmes, et qui permet que les hommes se maintiennent au pouvoir" expliquait-elle mi-décembre, dans un entretien à France Inter. Cette année encore, la liste des affaires révélées s'avère longue, avec des évènements nouveaux, des suites d'affaires déjà connues, ou des rebondissements. 

4 janvier : "La familia grande" de  Camille Kouchner et la vague #SciencesPorcs

Dans son livre "La Familia Grande", Camille Kouchner accuse son beau-père Olivier Duhamel, d'inceste sur son frère jumeau, ce qui entraîne, le 4 janvier, la démission du politologue de 70 ans de toutes ses fonctions (la présidence de la Fondation nationale des sciences politiques qui chapeaute Sciences Po, le club d'influence "Le Siècle", et ses émissions sur LCI ou Europe 1), malgré la prescription des faits. Frédéric Mion, directeur de Sciences Po, informé dès 2018 des accusations visant Olivier Duhamel, démissionne un mois plus tard. Interrogé par les enquêteurs, Olivier Duhamel a avoué les faits d'inceste, mais il n'est pas poursuivi en raison de la prescription. 

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Le livre de Camille Kouchner provoque une vague de libération de la parole sur les violences sexuelles sur mineurs et le lancement du mot-dièse #SciencesPorcs. Dans les Instituts d'Études Politiques de Paris, Bordeaux, Toulouse, Reims, Poitiers et Lille, des jeunes femmes dénoncent sur les réseaux sociaux des viols, agressions sexuelles, et une culture du viol dans leurs établissements.

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10 janvier : l'artiste Claude Lévêque accusé de viols sur mineurs

Le journal Le Monde révèle qu'une enquête préliminaire est en cours depuis 2019 pour "viols et agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans" visant l'artiste plasticien Claude Lévêque. Le sculpteur Laurent Faulon l'accuse d'avoir abusé de lui de ses 10 ans à ses 17 ans dans un contexte d'emprise. L'enquête du Monde révèle qu'il y aurait au moins une dizaine d'autres victimes. Claude Lévêque, dont l'oeuvre est très marquée par l'enfance, était connu pour être souvent accompagné de jeunes garçons. Les révélations entraînent un décrochage de très nombreuses oeuvres de l'artiste, qui l'année précédente avait été choisi pour intervenir à l'Opéra de Paris - après avoir notamment orné le Louvre et même l'un des salons de l'Elysée – mais beaucoup de collectionneurs ou d'institutions ont aussi tenu à maintenir ses oeuvres en place, au nom de la présomption d'innocence. 

11 février : Gabriel Matzneff auto-édite "Vanessavirus"

Le 11 février 2021, Gabriel Matzneff auto-édite "Vanessavirus", alors que ses éditeurs ont cessé de commercialiser ses livres.  "Vanessavirus" est un livre écrit en réponse au "Consentement" (paru en 2020), récit dans lequel Vanessa Springora décrivait sa relation dans les années 1980, alors qu'elle était adolescente, avec un homme âgé de près de cinquante ans. Le livre de Matzneff bénéficiera ensuite d'une publication chez un éditeur italien. 

19 février : Patrick Poivre d'Arvor accusé de viol

Le 19 février, l'écrivaine et journaliste Florence Porcel, 38 ans, porte plainte contre l'homme de 74 ans, l'accusant de lui avoir imposé un rapport sexuel en 2004 et une fellation en 2009. Une enquête préliminaire est menée pendant quatre mois par le parquet de Nanterre, au cours de laquelle 23 femmes témoignent. Neuf d'entre elles portent plainte. La majorité des faits dénoncés étant prescrits, l'enquête est classée sans suite en juin. Patrick Poivre d'Arvor a nié toutes les accusations portées contre lui. Pour les faits dénoncés par Florence Porcel, le classement sans suite par le parquet de Nanterre était motivé par la prescription de certains faits et pour insuffisance de preuves.

13 mars : Gérald Darmanin confronté à une femme qui l'accuse de viol

Le 13 mars, pour la première fois, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin est confronté devant une juge d'instruction à la femme qui l'accuse de viol depuis 2017, Sophie Patterson-Spatz, au tribunal judiciaire de Paris. Le ministre, placé à la mi-décembre sous le statut de témoin assisté dans ce dossier, est accusé de viol, harcèlement sexuel et abus de confiance. La confrontation avec son accusatrice, Sophie Patterson-Spatz, a duré environ neuf heures.   

L'enquête sur ces faits datant de 2009 a été reprise en 2021 par une juge d'instruction, à la suite d'une longue bataille procédurale. En mars 2009, la plaignante s'était adressée à l'élu, alors chargé de mission au service des affaires juridiques de l'UMP (ancêtre de LR), pour tenter de faire réviser une condamnation de 2004 pour chantage et appels malveillants à l'égard d'un ex-compagnon. Selon elle, Gérald Darmanin lui aurait fait miroiter son appui auprès de la Chancellerie via une lettre, en échange de faveurs sexuelles qu'elle aurait acceptées, se sentant contrainte de "passer à la casserole", selon son expression devant les enquêteurs.  

Elle dépose plainte une première fois en juin 2017, classée sans suite. En janvier 2018, une enquête est ouverte suite à une nouvelle plainte de Sophie Patterson-Spatz.  L'enquête est classée moins d'un mois plus tard pour "absence d'infraction".  En mars 2018, la plaignante dépose plainte avec constitution de partie civile, et élargit ses accusations : abus de confiance, extorsion de consentement sexuel, escroquerie au consentement sexuel, viol, harcèlement sexuel. Une juge d'instruction refuse de reprendre les investigations, mais la cour d'appel de Paris ordonne en juin 2020 la reprise des investigations sur cette accusation de viol.

Mars : 387 signalements dans le sport en un an

Dans le sport, 2021 marque le premier anniversaire du #Metoo des sportives. Un premier bilan est fait par la cellule sur les violences sexuelles dans ce milieu. Un dispositif a été mis en place par le ministère des Sports en février 2020 après le témoignage de Sarah Abitbol accusant son ancien entraîneur de viol. En un an, la plateforme d'écoute a reçu 387 signalements impliquant 421 personnes. 72% de ces agresseurs présumés ont une fonction d'éducateur sportif. En face, les victimes sont à 83% des femmes, quasiment toutes mineures au moment des faits. Ces faits ne se limitent pas aux quelques fédérations sportives qui ont fait la une en 2020 comme le patinage, le judo ou l'équitation. Le panel des sports concernés est large : 48 des 115 fédérations sportives répertoriées en France.

Dans le handisport, on s’organise aussi pour libérer la parole estimant que peu de cas sont remontés jusqu'à la plateforme de signalement du ministère des Sports. Le Comité paralympique et sportif français, épaulé par des associations comme l’AFFA (Association francophone des femmes autistes) ou Colosse aux pieds d’argile, a décidé de se mobiliser. Un groupe de travail met en circulation un outil qui existe déjà en Île-de-France en direction des femmes victimes de violences : un violentomètre. Il s’agit d’une réglette très facile d’usage qui permet d’évaluer les situations rencontrées. Pour les jeux paralympiques de Tokyo (du 24 août au 5 septembre 2021) le comité a proposé une cellule d’écoute pour les athlètes pendant les épreuves.

21 mars : le #MeToo des journalistes sportives 

Le MeToo du journalisme sportif a éclaté avec un documentaire diffusé le 21 mars sur Canal+ : le film "Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste", de Marie Portolano, ancienne journaliste maison en partance pour M6, retrace plus de 40 ans de lutte pour la parité dans ce secteur très masculin, entre regards condescendants, remarques sur le physique, voire harcèlement.  

De Nathalie Iannetta à Clémentine Sarlat en passant par Estelle Denis, de nombreuses journalistes ont témoigné au micro de la co-réalisatrice, elle-même victime d'agression sexuelle de la part de Pierre Ménès. Toutefois, les passages le mettant en cause dans deux affaires d'agressions sexuelles ont été coupés de la version finale du documentaire. Finalement, un des passages a été diffusé dans l'émission "Touche pas à mon poste", sur C8 (groupe Canal+). Durant l'émission, Pierre Ménès a exprimé ses "profonds regrets" pour ses comportements passés à l'encontre de consœurs.   

Le chroniqueur a tenté de faire acte de contrition en exprimant ses "profonds regrets", et en considérant que "tout ce qui (lui) est reproché est intolérable dans le logiciel de 2021". "On ne me reprendra jamais à faire des choses comme ça", a-t-il affirmé, tout en estimant que depuis l'émergence du mouvement "#Metoo, on ne peut plus rien dire, on ne peut plus rien faire". 

Des réactions indignées ont été partagées sur les réseaux sociaux notamment affiliés au mot-clé #PierreMenesOut. L'ex-chroniqueur vedette Pierre Ménès a dû quitter Canal+. La ministre de la Citoyenneté, Marlène Schiappa, s'est indignée "qu'un journaliste sportif profite de sa notoriété et en direct pour réaliser une agression sexuelle puis prétendre à l'absence d'humour de ses victimes pour légitimer ses actes".

31 mars : Éric Brion perd le procès en diffamation intenté contre Sandra Muller

Le 31 mars, la cour d'appel de Paris a débouté Eric Brion qui poursuivait pour diffamation Sandra Muller, l'initiatrice du mouvement #BalanceTonPorc. La cour a estimé que les propos de Sandra Muller sont bien diffamatoires mais qu'elle peut bénéficier de l’exception de "bonne foi". A l'origine de ce recours, Eric Brion estimait diffamatoire un tweet que la journaliste Sandra Muller avait publié le 13 octobre 2017 : "'Tu as de gros seins. Tu es mon type de femme. Je vais te faire jouir toute la nuit', Eric Brion ex-patron de Equidia #balancetonporc". 

L'arrêt de la cour d'appel infirme la condamnation de Sandra Muller qui avait été prononcé en première instance, en septembre 2019. Sandra Muller avait alors été condamnée, solidairement avec la société ABSM propriétaire de son média "La Lettre de l'audiovisuel", à verser 15.000 euros de dommages et intérêts, et 5.000 euros de remboursement de frais d'avocats. Le tribunal avait alors estimé qu'elle ne disposait pas d'une "base factuelle" suffisante pour "accuser publiquement" Eric Brion.

15 avril : Pierre Joxe débouté d'un procès en diffamation

L'ancien ministre Pierre Joxe est débouté en appel de ses poursuites en diffamation à l'encontre de l'écrivaine Ariane Fornia qui l'accusait d'agression sexuelle. La cour d'appel de Paris a infirmé la condamnation d'Ariane Fornia qui avait déclaré avoir été victime de l'ancien ministre, estimant qu'elle pouvait "bénéficier de la bonne foi". 

L'affaire avait débuté en octobre 2017, en pleine éclosion de la vague #MeToo, avec la publication sur le blog d'Ariane Fornia d'un long billet où elle racontait avoir été victime de plusieurs agressions sexuelles dans sa jeunesse, dont l'une à l'Opéra Bastille. Elle ne citait pas nommément son agresseur présumé, mais évoquait "un ancien ministre de Mitterrand, membre de plusieurs gouvernements, qui a occupé des fonctions régaliennes". Le nom de Pierre Joxe, qui conteste catégoriquement les faits, avait rapidement émergé.  L'ancien ministre de l'Intérieur puis de la Défense s'était élevé contre une "dénonciation calomnieuse et scandaleuse" et avait demandé "des excuses écrites et publiques". Face au refus de l'écrivaine, il l'avait poursuivie en justice. Ariane Fornia n'avait jamais déposé plainte à l'encontre de Pierre Joxe, aujourd'hui âgé de 86 ans.

17 juin : le rappeur Moha La Squale mis en examen

Le rappeur Moha La Squale est mis en examen pour "agression sexuelle" et "violences" par conjoint ainsi que pour "séquestration" suite aux accusations de plusieurs femmes. Moha La Squale a fait l'objet de six plaintes, pour la plupart révélées en septembre 2020. Les trois premières plaignantes étaient présentées comme d'anciennes compagnes, âgées de 23 à 28 ans, du rappeur parisien. Une quatrième femme avait porté plainte le 11 septembre et une cinquième le 22 septembre. 

Juillet-Aout : l'explosion de #MusicToo

Le mouvement #MeToo a connu une déclinaison dans le monde de la musique française avec #MusicToo, depuis l'été 2020 sur Instagram.  L'existence de #MusicToo a pris en septembre 2020 un autre relief avec les affaires d'agressions sexuelles concernant Moha La Squale, Roméo Elvis (qui s'est excusé sur les réseaux sociaux après des accusations d'agression sexuelle sur internet) et un baryton contre lequel la cantatrice Chloé Briot a porté plainte. 

En 2021, les révélations se sont poursuivies, prenant corps sous la forme du mot-clé #MusicToo sur les réseaux sociaux. Yohann Malory, parolier réputé de chanteurs tels que Johnny Hallyday, M. Pokora ou Louane, a été mis en examen mi-mars à Paris pour viol et agression sexuelle sur quatre femmes, ce qu'il conteste.  Le chanteur Pascal O., dit Spleen, connu pour sa participation à l'émission de téléréalité musicale "The Voice", a, lui, été mis en examen en février pour "viols" et "agressions sexuelles". Il conteste également les faits. En mai une musicienne de 25 ans a porté plainte contre le trompettiste renommé Guy Touvron, provoquant l'ouverture d'une enquête préliminaire pour "viol". 

13 septembre : un probable non-lieu pour Gérald Darmanin

Le 13 septembre, la justice décide de clore l'instruction sur les accusations de viol visant Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur. La procédure s'oriente vers un non-lieu même si le procureur de la République de Paris doit encore rendre ses réquisitions avant la décision finale. 

27 septembre : une autre femme accuse Matzneff dans un livre

Après Vanessa Springora, une autre femme, Francesca Gee, aujourd’hui âgée de 63 ans, accuse Gabriel Matzneff d’abus sexuels. Dans un livre auto-édité, "L’arme la plus meurtrière", elle dresse le portrait implacable d’un prédateur et du système qui l’a protégé.

29 septembre : le gynécologue Emile Daraï visé par une enquête pour viol

Le parquet de Paris ouvre une enquête pour "viol par personne ayant autorité sur mineur de plus de 15 ans", contre ce ponte du centre endométriose de l'hôpital Tenon à Paris. Une femme a porté plainte cinq jours plus tôt pour des faits remontant à 2018, alors qu'elle avait 17 ans. Elle accuse le médecin de lui avoir inséré violemment un speculum et d'avoir pratiqué des touchers vaginaux et rectaux très douloureux.

Sur le compte twitter "Stop violences gynécologiques et obstétricales", d'autres femmes accusent M. Daraï des mêmes pratiques, réalisées sans leur consentement. En tout, six femmes portent plainte. Le 9 décembre, il est définitivement démis de ses fonctions par l'AP-HP, qui menait une enquête interne en parallèle. Cette affaire marque le début du mouvement #metoo contre les violences gynécologiques, relayé sur les réseaux sociaux à travers les hashtags #PayeTonGynéco, #PayeTonUtérus ou encore #PayeTonAccouchement.

Fin septembre : #DoublePeine dénonce le mauvais accueil dans les commissariats

A l'initiative de la militante Anna Toumazoff et de la journaliste Constance Vilanova, le mouvement #DoublePeine recense de très nombreux témoignages de femmes qui ont dû faire face à des paroles humiliantes ou culpabilisantes dans les commissariats, au moment du dépôt de plaintes pour agressions sexuelles ou pour viols, allant jusqu'à des refus de prendre les dépositions. 

Après le premier témoignage publié par Anna Toumazoff, qui affirmait notamment que "au commissariat central de Montpellier, on demande aux victimes de viol si elles ont joui", le Préfet de l'Hérault a dénoncé des propos diffamatoires et confirmé son soutien à la police.

Octobre : #MeToo au théâtre

Dans Libération, le 1er octobre, la rédaction révèle les résultats de plusieurs mois d'enquête. L'investigation concerne le comportement du metteur en scène et ex-directeur du théâtre de la Manufacture Michel Didym. "Une vingtaine d’actuelles ou anciennes comédiennes pointent des gestes déplacés, des remarques sexistes, allant jusqu’à des accusations de viol. Une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Nancy." explique Libération. Celui-ci conteste les faits et fait l'objet d'une enquête préliminaire. 

Dans la foulée, le hashtag #MeTooTheatre est lancé le 7 octobre sur Twitter avec un post de l'animatrice d'une chaine YouTube sur le théâtre, Marie Coquille-Chambel. Depuis, des milliers de témoignages de violences sexistes et sexuelles dans ce milieu ont fleuri sur le réseau social. Un compte Instagram a été créé pour recueillir ces récits. La jeune femme dénonce un apprentissage malsain dans les cours de théâtre, lors duquel on apprend aux comédiennes à tout accepter, au nom de l'art. Elle affirme avoir été violée par un comédien de la Comédie-Française pendant le premier confinement, pendant qu'elle faisait un malaise.  

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7 octobre : Supélec aussi

Après Saint-Cyr, les écoles de commerces et les IEP, le mouvement #MeToo se propage dans les écoles d'ingénieurs. À Centrale-Supélec, deuxième établissement le plus prisé par les étudiants après Polytechnique, plus de cent élèves en début de cursus disent avoir été victimes de harcèlement, d'agressions sexuelles ou de viols sur le campus de Gif-sur-Yvette. Les auteurs potentiels seraient majoritairement d'autres étudiants. La direction de la prestigieuse école d'ingénieurs a saisi la justice après ces révélations. Les témoignages sont issus d'une enquête interne, révélée le 7 octobre.

Sur les 2.386 élèves de première et deuxième années interrogés, 659 ont répondu. 51 femmes et 23 hommes déclarent avoir été victimes de harcèlement sexuel, 46 femmes et 25 hommes d'une agression sexuelle et 20 femmes et 8 hommes d'un viol.

Fin octobre : "Balance ton bar" bouscule le monde de la nuit

Sur les réseaux sociaux, de très nombreux témoignages apparaissent, dénonçant des violences sexuelles commises dans des bars ou dans le cadre de soirées. Venu de Belgique, le mouvement "BalanceTonBar" pointe du doigt l'utilisation croissante de GHB, connue aussi sous le nom de "drogue du violeur", versé dans le verre des victimes à leur insu. Dans plusieurs villes, la recrudescence de ces agressions alerte les autorités – à Paris notamment, une enquête préliminaire est ouverte. Le mouvement remet en avant le fait que plus d'une femme sur deux ne se sent pas en sécurité dans un lieu festif. 

8 novembre : huit femmes témoignent contre PPDA dans Libé, #MeTooMédias lancé

Après les accusations lancées en début d'année par Florence Porcel, une nouvelle série de témoignages accusent Patrick Poivre d'Arvor d'agressions sexuelles ou de tentatives de viol, lorsqu'il était à son poste de présentateur du journal télévisé de TF1. Huit femmes témoignent, toutes (sauf une) à visage découvert, dans une série d'articles publiés par Libération. De cette série de témoignanges, il ressort que le comportement du présentateur vedette prenait des allures de "système" : dans plusieurs cas, les victimes étaient dans un premier temps invitées par un PPDA extrêmement distant à assister à son journal, avant que celui-ci se jette sur elles dans son bureau, au coeur de la rédaction de la chaîne. 

Dès le lendemain, ces femmes annoncent la création d'une association, #MeTooMédias, destinée à aider à la libération de la parole sur les actes sexistes ou les agressions sexuelles dans le monde des médias, "pour toutes les femmes et les hommes qui souffrent silencieusement dans ce milieu médiatique". 

16 novembre : #MeToo en politique

Lundi 16 novembre, 285 femmes engagées en politique appellent à écarter les auteurs de violences sexistes et sexuelles de la vie politique. Elles signent une tribune dans le journal Le Monde et une pétition. À l'approche de l'élection présidentielle et des élections législatives, "nous ne pouvons plus attendre", "les partis doivent s'engager à prévenir et à faire cesser les violences dans le monde politique", explique Madeline Da Silva, maire adjointe des Lilas (Seine-Saint-Denis) chargée de l’égalité femmes-hommes et de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles et signataire de la tribune. 

Trois des candidats potentiellement en lice, Eric Zemmour, Jean Lassalle et François Asselineau, sont visés en réalité, car ils ont fait l'objet d'accusations de viol ou d'agression sexuelle, et pour les signataires "le maintien de leurs candidatures malgré ces accusations illustre à quel point la condition des femmes et des victimes leur est indifférente"

Dans la tribune, les signataires constatent aussi qu'"au sein du Parlement, des mairies, des conseils départementaux et régionaux, des hommes mis en cause, parfois condamnés pour viol, pour agression sexuelle, pour atteinte sexuelle sur mineur, pour violences conjugales, sont élus__, malgré les discours affichés sur la lutte contre les violences faites aux femmes, malgré nos alertes répétées", écrivent-elles.

Pour les signataires de la tribune, les partis politiques doivent s'engager davantage à lutter contre ces violences. Elles les appellent à  "faire preuve d’exemplarité dans les désignations" des candidats. Le site metoopolitique.fr a été créé pour inviter à s'engager, mais à peine créé, celui-ci a été hacké.

24 novembre : accusé d'agressions sexuelles et de viol, Hulot quitte la vie publique

Le 24 novembre, Nicolas Hulot quitte "définitivement" la vie publique évoquant des accusations d'agression sexuelle et de viol. Il révèle qu'une enquête d'Envoyé spécial doit être diffusée et dévoile que plusieurs femmes l'accusent d'agressions sexuelles. Après la diffusion, le parquet de Paris annonce le 26 novembre l'ouverture d'une enquête préliminaire pour viol et agression sexuelle. 

Aux révélations d'Envoyé spécial s'ajoutent ensuite de nouveaux témoignages dans Paris Match. Une ancienne ministre du gouvernement de Lionel Jospin, dont le nom n'est pas révélé, y déclare que sa fille accuse Nicolas Hulot de l'avoir agressée en 2006, durant la campagne présidentielle. Ces annonces ont un effet immédiat sur l'équipe de campagne de Yannick Jadot. Le staff du candidat EELV écarte son porte-parole Matthieu Orphelin, proche de Nicolas Hulot.

25 novembre : une deuxième enquête préliminaire contre PPDA 

Le 25 novembre, le parquet de Nanterre annonce que Florence Porcel a déposé plainte et s'est constituée partie civile auprès du doyen des juges d'instruction dans le cadre des accusations portées contre l'ancien journaliste PPDA. Sa première plainte avait été classée sans suite, en raison d'une "insuffisance de preuves". Cette nouvelle plainte permet à un juge d'instruction d'enquêter sur les accusations de viol (non prescrit) et d'entendre les autres femmes, malgré la prescription.

Le parquet de Nanterre, face à la multiplication des accusations, a estimé qu'il devait se pencher sérieusement sur les faits évoqués par les femmes. Il a donc également ouvert une deuxième enquête visant Patrick Poivre d'Arvor. Cette enquête préliminaire fait suite à une plainte déposée par une femme qui accuse le journaliste et écrivain de l'avoir violée lors du festival de Cannes en 1985, quand elle avait 23 ans. Le parquet a ouvert cette enquête préliminaire pour vérifier les faits avant de statuer sur leurs prescription. Au total, en 2021, vingt-sept femmes ont apporté des témoignages concernant l'ex-présentateur vedette. 

8 décembre : 14 femmes écrivent à Emmanuel Macron

Dans une tribune publiée le 8 décembre dans Le Monde, quatorze femmes s'étant déclarées victimes de violences sexuelles de la part de Nicolas Hulot et de Patrick Poivre-d'Arvor, répondent à Emmanuel Macron. Suite aux accusations, le Président avait déclaré ne souhaiter "ni complaisance", ni "inquisition". Durant le Conseil des ministres, le chef de l'Etat avait insisté le 1er décembre sur l'importance "de faciliter et d'accompagner la libération de la parole, le recueil des plaintes, l’efficacité de la justice" tout en ajoutant que "la position du gouvernement sur ce sujet est constante. Nous n'accepterons jamais une société de l’opacité ou de la complaisance. Et nous ne voulons pas non plus d'une société de l’inquisition".

Des propos qui passent mal auprès du collectif. "Quel est le rapport entre nos récits et l’Inquisition ?" s'interrogent tout d'abord les quatorze femmes, parmi lesquelles treize accusatrices de Patrick Poivre d'Arvor et une de Nicolas Hulot, dont l'écrivaine Karin Bernfeld, la comédienne Maureen Dor, l'ancienne présentatrice de JT, Hélène Devynck, Cécile Thimoreau, ex-journaliste à TF1 ou encore Muriel Reus, ancienne cadre de TF1. "De nos intimités exposées naîtrait le risque de replonger la France dans une des périodes les plus sombres et les plus unanimement détestées de l’histoire occidentale ?"

9 décembre : Yannick Agnel en garde à vue 

Coup de théâtre dans le monde de la natation : le 9 décembre, l'ancien nageur champion olympique Yannick Agnel est interpellé et placé en garde à vue dans le cadre d'une enquête pour "viol et agression sexuelle sur mineur de 15 ans". La plainte avait été déposée durant l'été pour des faits remontant à 2016. Yannick Agnel était alors licencié au Mulhouse Olympic Natation depuis septembre 2014.  

Yannick Agnel en 2019
Yannick Agnel en 2019
© Getty - .

Yannick Agnel a reconnu "la matérialité des faits reprochés", selon la procureure de la République de Mulhouse mais  a affirmé ne pas avoir eu "le sentiment qu'il y (avait) eu contrainte" à l'encontre de la victime, Naome Horter. Celle-ci est la fille de Lionel Horter, alors entraîneur d'Agnel, et était âgée de 13 ans à l'époque des faits en 2016. Le nageur en avait 24. 

9 décembre : Ménès en garde à vue

Après une journée de garde à vue le 9 décembre, Pierre Ménès, qui avait quitté Canal+ après la diffusion au printemps d'un documentaire sur le sexisme dans les rédactions, apprend qu'il sera jugé le 8 juin à Paris pour des "agressions sexuelles" qu'il dément. À l'issue du match PSG-Nantes du 20 novembre à Paris, une femme a signalé à la police des faits d'agression sexuelle dont Pierre Ménès serait responsable, sans porter plainte. Selon le Parisien, il aurait touché la poitrine d'une hôtesse. Des accusations qu'il dément.  

9 décembre : non-lieu pour Luc Besson

Une juge d'instruction parisienne a prononcé le 9 décembre un non-lieu en faveur du cinéaste Luc Besson, accusé depuis trois ans de "viol" par l'actrice Sand Van Roy, dont l'avocat a aussitôt annoncé son intention de faire appel dans ce dossier emblématique de l'ère #MeToo.La magistrate a suivi les réquisitions du parquet de Paris, qui avait réclamé le 8 octobre l'abandon des poursuites. 

Dans cette affaire très médiatisée, Luc Besson, 62 ans, conteste les accusations qui le visent. Il n'a pas été mis en examen mais seulement placé sous le statut moins incriminant de témoin assisté. La plaignante conteste elle de longue date et point par point la procédure menée par la justice française, qu'elle estime biaisée et incomplète et qui a "détruit" sa vie. "Tout ce que ce non lieu prouve est que Besson est protégé. Je ne lâche rien", a-t-elle indiqué sur Twitter, annonçant une "plainte pour faux" visant la magistrate

16 décembre : formation obligatoire pour les eurodéputés ?

Le Parlement européen a demandé le 16 décembre que soit rendue obligatoire pour les eurodéputés une formation pour lutter contre le harcèlement sexuel. Regrettant que les mesures actuelles contre le harcèlement sexuel "ne soient pas suffisamment fortes", les eurodéputés, réunis en session plénière à Strasbourg, on demandé "en particulier l'instauration d'une formation obligatoire en matière de lutte contre le harcèlement pour tous les députés dans les meilleurs délais" et dès le début de leur mandat. Des sanctions pourraient être envisagées en cas de refus de participer. 

Portant plus généralement sur les conséquences pour les institutions européennes de #MeToo, le texte, fortement débattu notamment sur le caractère obligatoire ou non de ces formations, a finalement été largement adopté par 516 voix (86 contre et 75 abstentions).