C'est l'un des groupes les plus populaires au monde, et assurément le duo français le plus connu à l'étranger : Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo, plus connus sous le nom de Daft Punk, ont annoncé leur séparation dans une vidéo postée sur YouTube ce lundi.
La vidéo reprend un extrait d'un long-métrage sorti en 2006, Eletroma. Dès les premières images de cette séquence intitulée "Epilogue", impossible de ne pas reconnaître les casques, l'un argenté, l'autre doré, des deux robots les plus célèbres de la scène musicale électro : les Daft Punk.
Dans cet extrait, sans un mot, les robots semblent vivre un moment difficile de séparation, et l'un d'eux, muni d'un détonateur dans le dos, explose. Le morceau Touch, chanté par Paul Williams et extrait du dernier album en date du groupe, Random Access Memories, résonne alors, accompagné d'un panneau montrant les gants des robots et accompagné de la mention "1993-2021".
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C'est par cette vidéo, postée sans un mot et à la surprise générale, que Daft Punk vient d'annoncer, ce lundi, sa séparation. Seule intervention humaine dans cette annonce : Kathryn Frazier, attachée de presse du duo, a confirmé l'information au magazine américain Pitchfork, sans un seul commentaire.
L'annonce a fait l'effet d'une onde de choc dans le monde de la musique, et au-delà : sur Twitter, les Daft Punk ont été projetés en tête des sujets les plus débattus dans la demi-heure suivant la publication de la vidéo. Alors que les fans attendaient un retour du groupe, qui n'avait sorti aucun album inédit depuis 2013, c'est finalement leur séparation qui a été annoncée.
Le duo français met fin à 28 ans de collaboration – et même plus, car avant 1993 et la fondation de Daft Punk, Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo avaient joué ensemble dans le groupe Darlin', avec le guitariste Laurent Brancowitz (qui partira plus tard fonder un autre groupe, Phoenix). C'est de cette époque que le groupe tirait son nom, un critique anglais avait qualifié leur musique de "daft punky trash".
Quatre albums et autant de facettes musicales
Leur premier succès est "Da Funk", premier titre du groupe à tourner dans les clubs. Le duo n'apparaît pas dans le clip, où les personnages portent des masques à tête d'animaux. Petit à petit, ils se font un nom dans le milieu de l'électro, et deviennent un pilier de la "french touch", cette vague électro venue de France, mêlant la classique "house music" avec des influences venues du funk, du disco, et riche en samples.
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Au milieu des années 90, les deux musiciens ont l'idée de génie qui leur permettra à la fois de garder un anonymat certain et de se faire une image de marque : se cacher sous le masque et l'identité de deux robots. S'ils ne sont pas les premiers à le faire (le groupe The Residents, par exemple, a toujours joué masqué), cette culture du secret sera fidèlement harnachée du groupe.
Et c'est à la même époque que le succès, jusqu’alors cantonné à la sphère électro, devient plus populaire. L'album Homework, sorti en 1997 soit deux ans après "Da Funk" se vend à deux millions d'exemplaires dans le monde en deux mois. Le clip de Around the World, réalisé par Michel Gondry et chorégraphié par Bianca Li, devient culte.
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En 28 ans de carrière, le groupe n'a sorti que quatre albums studio, mais chacun a eu une identité forte : en 2001, dans Discovery, les "Daft" convoquent de nombreux samples issus de la culture funk et disco, donnant à l'album une vraie tonalité pop. Pour accentuer le tout, ils font appel à Leiji Matsumoto, le créateur d'Albator, pour accompagner l'album d'un univers visuel galactique, pleinement exploité dans le long-métrage "Interstella 5555" qui reprend tous les titres du disque.
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Avec Human after all en 2005, le groupe explore des sonorités plus rock et joue de la ligne ténue entre l'humain et le robot. C'est de cette époque que date "Electroma", un long-métrage sombre et expérimental dans lequel les deux robots se mettent en quête de leur part d'humanité – et dont les images de la vidéo de séparation du groupe sont extraites.
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Après un passage par le cinéma pour signer la bande originale du film "Tron : l'héritage", le groupe s'est offert pour son dernier album en date, "Random Access Memories", sorti en 2013, un luxe rare : celui de travailler sur un album pendant cinq ans, pour développer un son inédit. L'album se situe à la croisée des chemins, quelque part entre les années 1970 et les années 2010. L'électro s'y immisce par petites doses, parfaitement maîtrisées, au milieu de musiciens "à l'ancienne" comme Nile Rodgers à la guitare et d'invités de marque comme le producteur Pharrell Williams qui chante le tube planétaire "Get Lucky" ( parodié à l'époque par les équipes de France Inter), le pionnier de la musique électronique Girogio Moroder, le chanteur des Strokes Julian Casablancas ou encore l'acteur Paul Williams, connu pour le film "Phantom of the Paradise"… qui a inspiré aux Daft Punk leurs casques.
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Le duo a aussi révolutionné le modèle du concert de musique électronique. Après une série de concerts en 1997, les Daft Punk font leur retour sur scène au festival de Coachella en 2006, et créent une expérience de concert reconnue comme l'une des plus marquantes de l'histoire. Pas de scène mais une immense pyramide de son et de lumière, et des titres mixés entre eux en direct.
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Produire pour les autres, l'avenir de Daft Punk ?
Après 2013 (et une apparition remarquée aux Grammy Awards l'année qui suit en compagnie de Pharrell Williams et Stevie Wonder), les Daft Punk ne font plus d'apparition sur scène. On les retrouve dans les projets d'autres artistes, comme The Weeknd qui sort les titres "Starboy" et "I Feel it coming" avec le duo, ou le groupe Parcels, produit par eux.
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Pour l'heure, on ne sait pas encore si avant cette séparation, les Daft Punk ont eu le temps d'enregistrer un nouvel album, sorte de chant du cygne. On ne sait pas non plus quels seront les projets des deux membres du groupe. Mais chacun de leur côté, Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo n'ont jamais cessé, pendant les années Daft Punk, de collaborer à l'extérieur, de produire, de passer du temps en studio, le premier notamment avec Matthieu Chédid et Kanye West, le second avec Kavinsky ou Sébastien Tellier. C'est peut-être dans ce costume de super-producteurs qu'il faut s'attendre à les voir désormais – sans leurs casques mythiques de robots.