Danièle Obono avait-elle "les yeux secs" devant les morts de Charlie Hebdo, comme le dit Richard Malka ?

Publicité

Danièle Obono avait-elle "les yeux secs" devant les morts de Charlie Hebdo, comme le dit Richard Malka ?

Par
Selon l'avocat Richard Malka, Danièle Obono avait "les yeux secs" devant les morts de Charlie Hebdo.
Selon l'avocat Richard Malka, Danièle Obono avait "les yeux secs" devant les morts de Charlie Hebdo.
© AFP - JOEL SAGET

L'avocat Richard Malka a affirmé ce mercredi sur France Inter que la députée Danièle Obono "avait les yeux secs devant les morts" de Charlie Hebdo, et qu'elle avait signalé qu'elle ne verserait "pas une seule larme". Une affirmation exagérée qui ne reflète pas la posture exacte de la députée.

L'avocat Richard Malka, qui défend l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo depuis 25 ans, a violemment chargé la députée La France Insoumise Danièle Obono ce mercredi sur France Inter : "On a beaucoup parlé de Mme Obono ces derniers temps. Mme Obono avait les yeux secs devant les morts de Charlie Hebdo. C’est ce qu’elle a dit : 'Je ne pleurerai pas, pas une seule larme'. ", a-t-il avancé, alors que s'est ouvert ce mercredi le procès des attentats de janvier 2015. Problème : ce ne sont pas exactement les propos tenus par l'élue même si elle a bien dit qu'elle "ne pleurait pas Charlie".

Pour afficher ce contenu Twitter, vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.

Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.

Une note de blog qui remonte à 2015, juste après les attentats

Richard Malka fait manifestement référence à une note de blog de Danièle Obono, intitulée "Pleurer. organiser" publiée le 11 janvier 2015 alors qu'elle n'était pas encore députée. Voici ce qu'écrit Mme Obono:

Publicité

"Au cours des dernières 72 heures, j’ai pleuré, un peu, beaucoup, quand même. J’ai pleuré, un peu, jeudi. En pensant aux 12 personnes mortes. Aux centaines d’autres qui ne seront pas pleuré-e-s. Aux flambées d’amalgames, d’attaques, d’insultes, d’humiliations, de violences et aux difficiles batailles à venir".

"Je n'ai pas pleuré Charlie"

Danièle Obono a en revanche bien écrit cette phrase : "Je n’ai pas pleuré Charlie."

Un peu plus loin, elle indique avoir pleuré, oui, mais "en pensant aux ami-e-s et aux camarades qui sont devenu-e-s Charlie". Elle a aussi pleuré en pensant "à toutes les fois où des camarades ont défendu, mordicus, les caricatures racistes de Charlie Hebdo."

Ainsi, Danièle Obono a pleuré "un peu" les victimes de Charlie Hebdo mais pas le journal, ou l'esprit du journal, et ses caricatures qu'elle juge "racistes".

Interpellée à propos de ce texte controversé sur BFMTV mercredi par Jean-Jacques Bourdin, Danièle Obono a précisé sa pensée, en dissociant les pleurs liés aux "morts", aux "personnes", des pleurs associés à "Charlie", ce qui serait "autre chose". En témoigne la retranscription de l'échange entre la députée et le journaliste : 

DANIÈLE OBONO : "Ce texte, c’est le produit de cette réflexion, une tentative de faire sens de ce qu’il se passait…"

J.-J. BOURDIN : "Qu’est ce qui vous empêchait de pleurer Charlie ?"

DANIÈLE OBONO : "On a tous pleuré ces morts, je parle des personnes. Charlie, c’est autre chose. Charlie, c’est une histoire, y compris une histoire militante. Moi je n'ai pas réussi à concilier ce moment de traumatisme et l’appel à aller marcher au pas derrière les pires dictateurs de la planète. Je n’ai pas réussi à mettre, dans ce choix manichéen et binaire... d’être ou ne pas être Charlie, au nom de la liberté d’expression..."

J.-J. BOURDIN : "Vous étiez Charlie sans l’être…"

DANIÈLE OBONO : "Si être Charlie, c’est défendre la liberté d’expression, c’est défendre le débat démocratique, c’est défendre la liberté de critique, mais bien sûr, comme toutes les personnes dans ce pays qui, je pense, à 95% sont des Républicains et Républicaines, j’en suis !

Mais si être Charlie, c’est devoir être aux côtés de gens qui eux-mêmes piétinent la liberté d’expression, si c’est se présenter comme des censeurs et des gens qui vous disent 'taisez-vous, vous n’avez pas le droit d’exprimer une moindre critique', qui au nom de 'Je suis Charlie' passent leurs journées sur les réseaux sociaux à harceler, à dire 'tais-toi, tu n’as pas le droit à la critique, tu n’as pas ta place dans ce pays, d’ailleurs retourne dans ton pays'... Ce sont les mêmes gens qui brandissent le 'Je suis Charlie' qui font ça, depuis 5 ans, 10 ans."

Pour afficher ce contenu Twitter, vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.

Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.

Depuis plusieurs jours, les propos passés de la député sont passés à la loupe. Lundi sur CNews, Éric Zemmour l'a attaqué : "Je croyais avoir vu madame Obono [...] refuser de dire "vive la France". J’ai vu madame Obono interdire des réunions aux Blancs, j’ai vu madame Obono dire tout son amour pour Mohammed Merah." Souci : comme l'a pointé CheckNews, ces affirmations du polémiste sont soit fausses, soit hors contexte.

Le week-end dernier, l'intégralité de la classe politique, jusqu'à Emmanuel Macron, s'était indignée après une publication du magazine "Valeurs actuelles", qui dépeignait la députée en esclave, une chaîne autour du cou.