Dans les EHPAD, l'ombre du retour de l'épidémie inquiète le personnel

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Dans les EHPAD, l'ombre du retour de l'épidémie inquiète le personnel

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Denise, 96 ans, est résidente à l'EHPAD public la Seigneurie à Pantin.
Denise, 96 ans, est résidente à l'EHPAD public la Seigneurie à Pantin.
© Radio France - Hélène Chevallier

L’EHPAD public La Seigneurie à Pantin a perdu 27 de ses 200 résidents au printemps. À peine remis, résidents et personnels sont à nouveau dans l’inquiétude : l’une des résidentes, pourtant très peu en contact avec les autres, vient d’être testée positive.

Depuis deux jours, c’est un peu la douche froide parmi le personnel de l’Ehpad La Seigneurie à Pantin. Une résidente hospitalisée lundi vient d’être testée positif. "Elle était totalement asymptomatique. Elle avait été hospitalisée pour toute autre chose. Rien à voir avec le Covid", s’étonne Leila Djeraye. La directrice adjointe de l’établissement s’interroge sur la façon dont sa résidente a bien pu être contaminée : "C’est une dame qui ne sort pas de sa chambre. Elle a très peu de visite. Elle aurait eu une visite deux jours avant. Cela questionne de savoir si elle a été contaminée par un membre de sa famille ou un soignant".  

Dans le doute, tout le personnel va être dépisté, des mesures de précaution ont également été prises dans le pavillon où logeait la résidente : les cent personnes âgées prennent à nouveau leur repas seules dans leur chambre, les visites sont également restreintes à une personne pendant maximum 45 minutes. Ce qui n’étonne pas Denise, 96 ans : "En voyant les informations, je me suis dit 'un jour on va être reconfinés'". Habituée à la solitude, les nouvelles mesures ne la perturbent pas plus que ça, même si l’élégante nonagénaire s’inquiète un peu : "On va peut-être l’avoir aussi. Quand il y a en a eu dans la maison, on ne l’a pas su sur le moment. On l’a su après".  

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Des groupes de paroles pour soutenir le personnel

Le personnel, déjà sur le qui-vive, redouble de vigilance. "On espère que cela ne se limite qu’à une personne" positive Souad Bouri. L’infirmière estime que l’équipe est mieux préparée qu’au printemps : "On sait à quoi s’attendre, comment s’y préparer". Contrairement au mois de mars, l’Ehpad ne souffrira cette fois-ci d’aucun problème de matériel. Au sous-sol, la réserve est remplie de dizaines de cartons de masques FFP2, chirurgicaux, gants, sur-chaussures et sur-blouses.  "Dans ses directives, l’Agence régionales de santé nous demande de tenir trois semaines, là on est largement au-delà, on peut tenir des mois" explique Leila Djeraye.   

L'établissement est préparé et équipé pour respecter les mesures sanitaires : les gants et les masques ne manquent pas.
L'établissement est préparé et équipé pour respecter les mesures sanitaires : les gants et les masques ne manquent pas.
© Radio France - Hélène Chevallier

Mais si l’équipe est mieux armée, l’angoisse des 27 morts au printemps dernier resurgit dans les esprits. Depuis le mois de juin des groupes de paroles ont été mis en place pour soutenir le personnel. "Sans rentrer dans le détail, car c’est secret professionnel, notre groupe a eu besoin de se relâcher et d’en pleurer, tellement cela a été dure. Maintenant il y a des personnes qui peuvent mal le revivre. Oui.", confie Souad Bouri. 

L’infirmière part ce soir en congé pour 3 semaines. Elle n’a pas soufflé depuis le début de l’épidémie.