De quoi le tatouage est-il le nom ?
18% des Français sont tatoués, ce qu’on pensait être un effet de mode est en train de devenir un phénomène de masse durable. Mais que dit-on lorsque l’on se tatoue ? David Le Breton, sociologue, auteur de "Signes d’identité. Tatouages, piercings et autres marques corporelles", a étudié le phénomène.
Pour lui, le tatouage est une manière d’embellir son corps, de se mettre en scène. L’objectif, c’est la beauté. Le but c’est d’esthétiser son corps de manière plus ou moins discrète avec un jeu entre le public et le privé. Il y en a que l’on montre, et d’autres que l’on garde que pour son/sa compagnon/compagne.
Mais l’ornement corporel permanent est aussi une manière d’inscrire quelque chose de son histoire
Dans les sociétés traditionnelles, c’est le règne des mythologies. On a une sorte de grand récit commun qui ordonne l’ensemble de la vie quotidienne. Et le tatouage s’inscrit dedans.
Dans nos sociétés contemporaines, comme il n’y a plus de grands récits, le tatouage est une manière d’inscrire une histoire sur sa peau, d’inscrire une mythologie personnelle sur la peau. C’est pourquoi les tatoués sont assez intarissables sur leur(s) tatouage(s).
Le tatouage, un nouveau conformisme ?
Dans les sociétés contemporaines, on se tatoue pour se singulariser, s’individualiser. Or, aujourd’hui comme certains tatouages s'inspirent du motif d'un footballeur ou d’une actrice, des millions de personnes se trouvent avec le même.
Se tatouer une manière de fixer son identité dans un monde instable ?
Se tatouer est une manière de s’approprier son corps d’une certaine manière. Le sociologue s’est intéressé au départ au tatouage parce qu’il s’intéressait aux conduites à risques d’adolescents. Il avait remarqué que certains coupaient court avec leur mal de vivre en changeant de peau. Le tatouage était une manière de renaître. Chez le jeune qui se porte bien, se fait tatouer, c’est signer son corps. Il dit à ses parents, « je vous aime, mais désormais je suis grand ». C’est une manière de s’affranchir.
🎧 : Regrettez-vous votre tatouage ? dans Grand bien vous fasse
avec :
- Laurent Guez, directeur de la rédaction du Parisien Week-end, qui commente une enquête parue dans les pages du magazine.
- David Le Breton, sociologue, auteur de Signes d’identité. Tatouages, piercings et autres marques corporelles paru aux Éd. Métailié
- Marie Jourdan, dermatologue spécialisée dans les techniques interventionnelles laser au Centre Laser International de la Peau-Paris (CLIPP)
- Héloïse Guay de Bellissen, écrivain, auteure de Parce que les tatouages sont notre histoire paru chez Robert Laffont
- Guillemette Odicino