Débat présidentiel : les journalistes pouvaient-ils mieux faire ?

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Débat présidentiel : les journalistes pouvaient-ils mieux faire ?

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Christophe Jakubyszyn et Nathalie Saint-Cricq, chef des services politiques de TF1 et France 2, animateurs du débat de l'entre deux tours
Christophe Jakubyszyn et Nathalie Saint-Cricq, chef des services politiques de TF1 et France 2, animateurs du débat de l'entre deux tours
© AFP - Eric FEFERBERG

Lors du débat de mercredi, Christophe Jakubyszyn (TF1) et Nathalie Saint-Cricq (France 2) sont restés en retrait. Auraient-ils pu recadrer ce débat aux allures de match de boxe ?

Dès les premières secondes du débat de ce mercredi 3 mai, le ton était donné, et l'on a rapidement compris que Christophe Jakubyszyn et Nathalie Saint-Cricq, chefs des services politiques de TF1 et de France 2, allaient se faire discrets.
Marine Le Pen a ainsi attaqué frontalement son adversaire : "Monsieur Macron est le candidat de la mondialisation sauvage, de la précarisation, de la brutalité sociale, le candidat de la guerre de tous contre tous". Puis les invectives n'ont pas cessé de part et d'autre.

Des journalistes traditionnellement en retrait pour le débat du second tour

Les deux journalistes n’ont ainsi jamais vraiment eu la main se bornant plus à surveiller la stricte égalité des temps de parole.
En réalité, "traditionnellement", les journalistes tendent à s’effacer pour le débat du second tour.

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Par exemple, ni Patrick Poivre d'Arvor (TF1), ni Arlette Chabot (France 2), n'interviennent lors de la sortie de Ségolène Royal en 2007 face à Nicolas Sarkozy, qui reprend ensuite la main.

Sauf que cette fois, on a eu la sensation à plusieurs reprises que les deux journalistes ne parvenaient pas à recarder des débats très virulents.
Ils ont pourtant tenté à plusieurs reprises de le faire. Christophe Jakubyszyn a par exemple insisté pour que le sujet de l’éducation soit abordé. "On en parle d’école maintenant ou l'on n’en parle pas ?", a-t-il lancé.

Il a aussi tancé Marine Le Pen alors que celle-ci reprenait la parole après la conclusion d’Emmanuel Macron : "Vous ne respectez pas les règles que vous avez-vous-même fixées !"

"Je n'ai pas eu l'impression de me faire déborder"

Mais pour le chef du service politique de TF1, Christophe Jakubyszyn, ce débat a été maîtrisé.

Je n'ai pas eu l'impression du tout de me faire déborder. Peut-être aussi parce qu'on vivait un moment d'Histoire et que la confrontation était d'une intensité inédite pour ce type d'exercice. Le seul regret qu'on peut avoir c'est que l'on entend les deux conversations ; quand vous êtes à la radio ou à la télévision c'est insupportable des gens qui se parlent dessus. Peut-être que c'est là effectivement qu'on aurait du être plus ferme comme agents de circulation ou de maintien de l'ordre. - Christophe Jakubyszyn

" Peut mieux faire ? "

De fait, Gilles Bouleau, David Pujadas ou Anne-Claire Coudray auraient-ils été meilleurs ?

Pas sûr, tant ce débat a ressemblé à un match de boxe. Marine Le Pen semblait décidée à cogner sur Emmanuel Macron, à le provoquer pour le déstabiliser. L'ancien ministre de l'Economie a esquivé les coups avant lui même d'attaquer en répétant que Marine Le Pen n'avait "pas de programme".

Reste que Christophe Jakubyszyn et Nathalie Saint-Cricq ont été dans l’incapacité de se faire entendre.

On les a d’ailleurs parfois sentis à bout, Nathalie Saint-Cricq, lançant par exemple : "On va avancer ! " ou encore "Arrêtez tous les deux", telle un professeur des écoles. Sans succès.

Compassion ... et moqueries sur les réseaux sociaux

Face aux deux candidats semblables à des boxeurs sur le ring, les internautes s’en sont donné à cœur joie. Plus de trois millions de tweets liés au débat ont été enregistrés.

Et beaucoup compatissaient avec les journalistes, parodiant le "Je suis Charlie" pour le transformer en "Je suis Nathalie".

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Les internautes ont aussi souligné avec humour l'agacement des journalistes.

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Mais d’autres ont été plus sévères, dénonçant leur silence, à l’image du site parodique Nord Presse qui a publié une fausse alerte enlèvement, copiée par de nombreux internautes.

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Une cacophonie renforcée par la réalisation ?

Cette cacophonie a-t-elle été accentuée par les plans de coupe, auparavant exclus du débat présidentiel ?

Non, répond le réalisateur du débat, Tristan Carné, invité de Sonia Devillers l’Instant M qui préfère parler de "plan d’écoute" plutôt que de plan de coupes :

On a comptabilisé, il y avait autant de plans d'écoute chez Macron que chez Le Pen. - Tristan Carné, réalisateur du débat

Il est vrai que ces plans, dont Marine Le Pen ne voulait pas au départ, ont donné du rythme en permettant de voir les deux côtés de la table.

Et lorsque Sonia Devillers lui demande s’il a gardé la maîtrise de la soirée, il répond : "’ai essayé de montrer ce qui se passait, quand il y a une cacophonie, ça raconte quelque chose.. Est-ce qu’il y a eu un plan de plus de 15 secondes ? Je l’espère. Si ce n’est pas le cas c’est soit qu’ils ont été interrompus soit qu’ils n’ont pas fait de phrases plus longues…. "

Faible audience

Quoi qu’il en soit, le débat , pourtant diffusé sur plusieurs chaînes (TF1, France 2, BFM TV, CNews, LCI et franceinfo:) a été beaucoup moins suivis que les précédents (16,5 millions de téléspectateurs contre par exemple 20,06 millions en 2007)

16,5 millions de téléspectateurs pour le débat du 4 mai 2017
16,5 millions de téléspectateurs pour le débat du 4 mai 2017
© Visactu