"Demi-Sang", grandeur et décadence chez les Ogres-dieux

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"Demi-Sang", grandeur et décadence chez les Ogres-dieux

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Couverture de Demi-Sang
Couverture de Demi-Sang
- Hubert et Gatignol pour la collection Métamorphose chez Soleil

Dans "Petit", Hubert et Gatignol livraient une fabuleuse fable en noir et blanc sur le déterminisme familial. Son héros était un petit né dans une famille d’ogres géants,

Hubert, le scénariste, expliquait qu’il avait souhaité déplacer ses questionnements autobiographiques vers le conte pour leur donner une dimension universelle. Le livre grand format tressait un récit ultra référencé du côté du roman noir gothique et de la fantasy, des Chants de Maldoror aux Histoires extraordinaires d'Edgar Poe en passant par Le moine de Lewis, Le manuscrit trouvé à Saragosse ou La religieuse de Diderot. Les séquences de BD y étaient entrecoupées de flash-backs sous forme de textes riches en détails biographiques, comme autant d'agréables respirations en prose.

Dans Demi-Sang, plutôt que de nous inviter à la suite de Petit, les deux auteurs croquent la vie du bâtard du roi des Ogres-dieux. Et développent un deuxième personnage, Yori, dit Demi-sang qui apparaissait déjà mais au second plan. On retrouve avec plaisir ce duo fourmillant pour une intrigue haletante qui navigue entre conte et polar mâtiné de drame psychologique. Et où il est question d’un destin incroyable, d’une ascension motivée par la vengeance qui pose la question de la place occupée par un individu dans le monde. Passionnant !

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Hubert : "Demi-sang n'est pas qu'un salaud"

"Demi-sang, c'est une personne à qui on nie sa place dans le monde et qui décide de la regagner. C'est une sorte de Monte-Cristo familial, avec la question identitaire et morale : jusqu'où aller pour arriver dans la société ? C'est un personnage qui se nourrit du mépris des autres. Plus on le déteste, plus il est capable d'aller loin. C'est la clef de ce personnage. Mais c'est de la souffrance. On a tendance dans la société judéo-chrétienne à penser que la douleur rend les hommes meilleurs. Mais dans la réalité, ce n'est pas le cas, ça rend amer et mauvais. Même s'il n'est pas qu'un salaud, qu'il est aussi une victime. C'est ce qui m'intéresse. Mes personnages, sont un peu comme mon laboratoire expérimental." Hubert, le scénariste :

Hubert evoque son travail sur Demi-Sang

1 min

Gatignol : "On a pris pour Demi-sang le contre-pied de Petit"

"Petit était brun, très simple, peu sûr de lui. On a pris pour Demi-sang le contre-pied de Petit : blond avec de l'assurance, séducteur, très sexué. La manière dont on fonctionne ? Hubert a une folie qui m'intéresse en tant que "metteur en scène". On part de ses idées, de ses histoires. Je lui fais des retours, mais jamais sur le fond pour préserver le "jus de son esprit. Pour le dessin, je lui demande ce qu'il voit et il m'alimente en documentation. La difficulté ici était de ne pas décevoir le lecteur."

Bertrand Gatignol évoque son travail de dessinateur sur Demi-sang

1 min

Demi-sang d'Hubert et Gatignol dans la collection Métamorphose chez Soleil

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