Dernier round pour les retraites complémentaires

PARIS (Reuters) - Patronat et syndicats se retrouvent ce mercredi pour tenter de trouver un accord sur le redressement des comptes des régimes de retraite complémentaires du privé, avec comme hypothèse centrale une désindexation des pensions par rapport à l'inflation.
La précédente séance de négociation, le 7 mars, avait échoué in extremis alors qu'un compromis semblait en vue, alliant hausse des cotisations et revalorisation inférieure au coût de la vie, sur une période limitée, des prestations de l'Arrco et de l'Agirc.
Un nouvel échec serait lourd de conséquences pour les partenaires sociaux, gestionnaires de ces régimes couvrant 11 millions de retraités, dans la mesure où il signifierait une revalorisation automatique des pensions le 1er avril sur la base de l'inflation, ce qui creuserait les déficits des deux caisses.
Il contraindrait de facto le gouvernement à prendre les choses en main alors que celui-ci ne cache pas son espoir de voir un accord sur les retraites complémentaires qui serait de bon augure pour les discussions à venir, autrement plus délicates, sur une réforme du régime général.
L'Agirc et de l'Arrco, dont les prestations sont fonction d'un nombre de points accumulés par les retraités pendant leur vie active, contribuent à hauteur de plus de quatre milliards d'euros au déficit général des retraites (14 milliards d'euros en 2011).
Si rien n'était fait, les deux caisses n'auront plus de réserves en 2017 pour l'une et 2020 pour l'autre alors que leur besoin de financement pourrait atteindre huit milliards d'euros par an en 2020, selon le Conseil d'orientation des retraites (Cor).
Le Medef a braqué les syndicats lors de la dernière séance de négociation en posant en dernière minute deux conditions à un accord.
RAIDISSEMENT DU MEDEF
La première est qu'il permette de maintenir un niveau des réserves de l'Arrco et de l'Agirc équivalent à au moins neuf mois de prestations.
La seconde, qu'il s'accompagne du "constat par les partenaires sociaux d'un recul significatif de l'âge effectif moyen de départ à la retraite", établissant ainsi un lien avec la réforme du régime de base que le gouvernement entend lancer cette année.
La présidente du Medef, Laurence Parisot, a accusé dans le même temps les pouvoirs publics de laisser les partenaires sociaux discuter "à l'aveugle" en ne dévoilant pas leurs intentions pour la réforme du régime général, ce qui complique la tâche des négociateurs.
Les syndicats ont attribué le raidissement de la position de la partie patronale à la situation interne au Medef, au moment où Laurence Parisot tente de se succéder à elle-même malgré une forte opposition.
Dans son dernier projet, le Medef proposait de n'augmenter que de 0,95% les prestations de l'Agirc et de 1,17% celles de l'Arrco au 1er avril, soit une revalorisation inférieure à la hausse de l'indice des prix (2,0% en moyenne annuelle en 2012).
Cette désindexation partielle serait portée à un point sous de l'inflation pour les deux régimes en 2014 et 2015.
Les syndicats veulent en échange une hausse du "taux contractuel" des cotisations, qui ouvre des droits supplémentaires à la retraite, alors que la partie patronale entend limiter toute augmentation au seul "taux d'appel", ce qui reviendrait à renchérir le point de retraite.
Les partenaires sociaux estiment que s'ils s'accordent sur des mesures conservatoires à court terme, cela ne résoudra pas le problème à long terme des retraites complémentaires.
Le Medef propose ainsi un groupe de travail sur le devenir à moyen et long termes de celles-ci, en fonction, notamment, de la future réforme du régime général.
Yann Le Guernigou, édité par Yves Clarisse