Derniers débats au Vatican à la veille du conclave

Publicité

Derniers débats au Vatican à la veille du conclave

[scald=221463:sdl_editor_representation]par Crispian Balmer

CITE DU VATICAN (Reuters) - Aucun favori ne se dégage à la veille du conclave chargé d'élire le nouveau pape, admettent les cardinaux réunis au Vatican, qui ont débattu une dernière fois lundi de l'avenir de l'Eglise catholique avant de s'isoler dans la chapelle Sixtine.

Publicité

Les 115 cardinaux électeurs âgés de moins de 80 ans et provenant de 48 pays se réuniront à huis clos sous les célèbres fresques de Michel-Ange mardi à partir de 16h30 (15h30 GMT).

Ils tiendront un premier tour de scrutin, sorte de primaire qui permettra de faire émerger quelques noms. Rien n'interdit aux électeurs de choisir quelqu'un d'extérieur au conclave, mais cette possibilité n'est plus utilisée de nos jours.

"Les attentes en ce qui concerne le nouveau pape et son profil ont été un thème récurrent des interventions des cardinaux ce matin", a résumé le père Tom Rosica, porte-parole du Vatican pour la presse en langue anglaise.

Selon les observateurs, l'Italien Angelo Scola, archevêque de Milan, et le Brésilien Odilo Scherer, archevêque de Sao Paulo, sont favoris, mais d'autres noms ont été cités, ce qui laisse très ouverte cette compétition très secrète.

"La dernière fois, il y avait un homme d'une stature très supérieure à celle d'aucun autre cardinal", a déclaré à la presse le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, en faisant allusion à l'Allemand Joseph Ratzinger élu pape en 24 heures en 2005 sous le nom de Benoît XVI.

"Ce n'est pas le cas cette fois. Le choix va devoir être fait parmi un, deux, trois, quatre, une dizaine d'autres candidats (...). Nous ne savons encore vraiment rien. Il faudra attendre les résultats du premier tour de scrutin."

Personne à l'époque moderne n'a obtenu la majorité nécessaire des deux tiers - 77 voix en l'occurrence - dès le premier tour. Les cardinaux organiseront jusqu'à quatre tours de scrutin les jours suivants - deux le matin et deux l'après-midi - jusqu'à ce qu'un nouveau pape soit élu.

DYNAMIQUE

Les neuf derniers conclaves ont duré en moyenne trois jours. Aucun n'a duré plus de cinq jours. L'objectif est d'avoir un nouveau souverain pontife pour les cérémonies de la semaine sainte, qui débuteront le dimanche des Rameaux, le 24 mars, et culmineront une semaine plus tard le dimanche de Pâques marquant la résurrection du Christ.

"Il y a une dynamique qui prend le dessus une fois qu'ils sont dans la chapelle Sixtine. Le premier tour sert en quelque sorte à afficher les noms. Nous aurons un pape pour la fin de la semaine", assure le père Rosica.

Pour préparer le cérémonial électoral, le balcon central de la basilique Saint-Pierre a été orné de rideaux cramoisis. Tout doit être prêt pour la première apparition du nouveau pape.

Le 266e souverain pontife devra prendre position sur une série de problèmes qui ont ébranlé le pontificat de Benoît XVI - prêtres accusés d'abus sexuels sur des mineurs, polémique sur le préservatif, mauvais fonctionnement et rivalités au sein de la Curie, l'administration vaticane, etc.

Ainsi, bien qu'âgé de moins de 80 ans, le cardinal Keith O'Brien, archevêque d'Edimbourg, ne participe pas au conclave, pour "comportement inapproprié" envers de jeunes prêtres.

Selon les spécialistes du Vatican, Angelo Scola pourrait être le mieux placé pour comprendre les arcanes d'une administration pontificale dominée par les Italiens mais dont il ne fait pas partie, et être à même de la réformer rapidement.

La faction représentant la Curie au conclave soutiendrait Odilo Scherer, qui a travaillé pendant sept ans à la Congrégation des évêques du Vatican. S'il l'emportait, il serait le premier pape non européen depuis quelque 1.300 ans.

Si aucun des deux camps ne parvient à rallier suffisamment de soutiens, les cardinaux pourraient s'unir sur un candidat de compromis. Les noms du Canadien Marc Ouellet, des Américains Sean O'Malley et Timothy Dolan et de l'Argentin Leonardo Sandri reviennent souvent dans les conversations.

Ce qui se jouera au coeur de la chapelle Sixtine est censé resté secret. Les cardinaux doivent le jurer. Le personnel qui sera en contact avec eux, pour la restauration ou la blanchisserie par exemple, devait également s'engager sous serment lundi à ne rien révéler de ce qu'il pourrait entendre.

Seule la fumée qui s'échappera de la cheminée installée au-dessus de la chapelle - noire si le scrutin en cours ne permet pas de faire émerger un nom, blanche en cas d'élection d'un nouveau pape - permettra au monde extérieur de suivre le processus électoral.

Danielle Rouquié pour le service français, édité par Gilles Trequesser