Des arnaques pour plus de 200 millions d’euros
500.000 euros, c’est le montant que des escrocs ont réussi à soutirer au Centre national de la mer Nausicaa de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) fin juillet, suivant un système bien rodé appelé "arnaque aux faux ordres de virements internationaux" (F.O.V.I.).
Les malfaiteurs ont réussi à faire réaliser à leur profit, par le service comptabilité de Nausicaa, quatre virements au cours de la dernière semaine de juillet, pour un préjudice total de 520.000 euros. Une plainte a été déposée début août.
Les arnaques aux faux ordres de virements internationaux en plein essor en France depuis 2010
Seulement en France, ce phénomène représente, depuis 2010, plus de 700 arnaques tentées ou commises, pour un préjudice estimé à plus de 200 millions d’euros minimum, car les plaintes sont parfois déposées à l'étranger et certaines entreprises ne portent pas plainte du tout. Selon l'Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF), on compte jusqu'à deux tentatives par jour enregistrées dans les grands groupes français et pas moins de 700 faits ou tentatives entre 2010 et 2014, pour des préjudices qui se comptent parfois en millions d'euros.
Le reportage de Sara Ghibaudo
Les escrocs sont souvent très bien renseignés sur l'entreprise
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Quelques exemples de F.O.V.I.
Des géants du CAC 40 aux petites et moyennes entreprises locales, aucun secteur d'activité n'est épargné. Les techniques sont toujours les mêmes et suivent trois grands principes : le FOVI « classique » où de faux ordres de virement sont adressés par courrier ou par fax, à la banque de l'entreprise visée. Le phishing par mail, où les escrocs s’insèrent dans une transaction en cours entre une entreprise française et son fournisseur et obtenant le payement d’une grosse facture à leur bénéfice.
L’escroquerie dite « au Président » est celle qui a le plus fait parler d’elle
En janvier 2013, le comptable d'une entreprise du Finistère a viré 14 millions d'euros à l'étranger, sur instructions téléphoniques d'un individu se faisant passer pour le dirigeant de cette même entreprise Les escrocs, basés à l'étranger, recueillent un maximum d'informations sur l'entreprise ciblée et sur le planning de son PDG, grâce à internet et aux réseaux sociaux. Ils s’attaquent ensuite à l’un des service de la société en se faisant passer pour le PDG lui-même qui demande, par exemple, qu’une somme d’argent lui soit envoyée à l’étranger de manière urgente et discrète, pour effectuer un gros investissement.
En mars dernier, la région toulousaine a été la cible d’une douzaine d’escroqueries de ce même genre en un mois. À Toulouse, l’arnaque aux faux ordres de virements internationaux a coûté jusqu’à près d’un million d’euros à une société. En Aquitaine, l’entreprise Géant Vert s’est vue, elle, débitée de 17 millions d’euros.
Les escrocs attaquent par secteur d’activité
Les abattoirs de viande bovine, par exemple. Deux abattoirs auvergnats ont été attaqués à plusieurs reprises depuis l'été 2013. L'un a envoyé 161.000 € à Chypre et l'autre 185.000 € au Liechtenstein, sur instructions d'un individu très persuasif ayant usurpé l'identité du dirigeant. Des laboratoires ou des bailleurs sociaux. Là les escrocs se faisaient carrément passer pour le maire…