Deux mois après la dernière évacuation, 2 500 migrants toujours sous des tentes au nord de Paris
Par Rémi BrancatoDeux mois après la mise à l'abri de plus de 1 600 personnes, porte de la Chapelle à Paris, les campements de fortune des migrants n'ont pas disparu au bord du périphérique Nord. Ces campements, situé porte d'Aubervilliers, abritent 2 500 personnes, selon les associations, malgré la promesse d'évacuation de l'État.
Deux mois après l'évacuation, le 7 novembre, des campements de migrants de la porte de la Chapelle, à Paris, durant laquelle plus de 1 600 personnes ont été prises en charge par l'État, ces campements le long du périphérique n'ont pas disparu, bien au contraire. Un peu plus à l'Est, porte d'Aubervilliers, ceux déjà existants début novembre ont grandi, et accueillent, selon les associations, environ 2 500 personnes, contre un peu moins de 2 000 début novembre.
Porte d'Aubervilliers, ils ont "gonflé" pointe Julie Lavayssière, coordinatrice pour Paris de l'association Utopia 56 qui apporte soutien juridique aux migrants et organise des hébergements chez des particuliers. Certains migrants ont en effet quitté la porte de la Chapelle pour rejoindre celle d'Aubervilliers ou n'ont pas pu prendre part à l'évacuation du 7 novembre. En outre, l'État, malgré une mise à l'abri modeste fin novembre porte d'Aubervilliers, n'a pas encore évacué ces campements, contrairement à ses promesses.
Deux mois d'attente : une évacuation promise, mais qui ne vient pas
"Cela fait deux mois qu'il y a eu la première évacuation, la préfecture avait promis une évacuation dans la foulée de tout le reste des campements ici et cela fait deux mois que tout le monde attend ces évacuations", dénonce Julie Lavayssière. "Ici, plus de 2 000 personnes attendent : c'est une fatigue morale, physique, car il fait froid et les conditions se dégradent avec beaucoup de tensions qui explosent", détaille-t-elle encore.
Sur ce talus en bord de périphérique, des dizaines de tentes et de cabanes s'alignent, au milieu des déchets et dans l'humidité. "Il y a trop de pluie, ma tente est détruite, je n'ai rien dormi cette nuit", explique Mohammed, installé ici depuis deux mois. Sur le talus, on croise aussi des enfants, qui jouent dans la boue. Une dizaine de familles vivent ici, selon Utopia 56.
"Je suis seule avec mon enfant de six ans et ma sœur", explique cette femme iranienne, en pleurs, aux membres de l'association, venus effectuer leur maraude "J'ai besoin d'un logement". L'association promet de suivre sa situation et l'invite à rencontrer le camion de Médecins du Monde pour ses problèmes médicaux.
Des consommateurs de crack déplacés porte d'Aubervilliers
Porte d'Aubervilliers, la situation s'est dégradée, assurent les associations qui y interviennent. "Il y a eu un déport de la porte de la Chapelle à la porte d'Aubervilliers" décrit Julie Lavayssière. "Les campements sont saturés avec moins de sanitaires" estime-t-elle.
"On a en même temps des primo-arrivants, des demandeurs d'asile, des usagers de drogue, ce qui peut créer des problèmes d'insécurité pour les personnes qui sont sur les campements" explique-t-elle, car avec l'évacuation des campements de la porte de la Chapelle, la préfecture a aussi délogé les occupants de la "colline du crack", ce lieu de consommation de drogue, situé aux abords.
Leurs consommateurs se sont déportés porte d'Aubervilliers. "Ce n'est pas facile d'y vivre, les gens se battent, boivent, prennent de la drogue, c'est très dur" décrit Mourata, demandeur d'asile éthiopien. Pour Utopia 56, les promesses de l'Etat formulée début novembre n'ont pas été tenues. Julie Lavayssière dénonce une "une indignité folle" et "un manque d'attention de la part du gouvernement qui est frappant".