Dhondup Wangchen, le Tibétain qui appelle à boycotter les JO d’hiver en Chine

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Dhondup Wangchen, le Tibétain qui appelle à boycotter les JO d’hiver en Chine

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L'ancien prisonnier politique Dhondup Wangchen lors de son passage en France
L'ancien prisonnier politique Dhondup Wangchen lors de son passage en France
© Radio France - Nathanael Charbonnier

C'est une petite musique qui commence à se faire entendre : celle qui demande le boycott des prochains Jeux olympiques d'hiver, qui se dérouleront en Chine en 2022. Le président américain y pense, mais il n'est pas le seul. Au nom des Tibétains, le cinéaste et dissident Dhondup Wangchen est venu plaider à Paris.

"Le boycott des Jeux olympiques d'hiver est quelque chose que nous envisageons", a déclaré Joe Biden. Dans la tête du président des États-Unis, il s'agit avant tout d'une mesure diplomatique qui consisterait à ne pas envoyer en Chine de responsables gouvernementaux pour représenter Washington lors des compétitions. Les sportifs, eux, se rendraient bien sur place pour participer aux épreuves.

La menace a immédiatement fait réagir Pékin, qui estime que mélanger la politique et le sport va à l'encontre de l'esprit olympique. Le porte-parole de la diplomatie chinoise, Zhao Lijian, a par ailleurs récusé les causes supposées du boycott.

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"Les accusations des États-Unis envers la Chine à propos des droits de l'homme sont dénuées de vérité et totalement sans fondement", assure-t-il.

En France, la communauté tibétaine se mobilise à Paris pour sensibiliser sur le non-respect des droits de l’homme par la Chine et pour demander que les nations renoncent à participer aux prochains Jeux d'hiver. Dans les rangs des manifestants, le cinéaste et dissident Dhondup Wangchen, de passage à Paris. Il a passé six années de sa vie en prison pour avoir réalisé au Tibet un film sur les Jeux olympiques de 2008 en Chine.

Ce court-métrage de 25 minutes, "Leaving Fear Behind" ("Surmonter la peur"), a été distribué dans le monde entier.

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Pour Dhondup Wangchen, tout a commencé il y a quatorze ans. Le jeune homme aux origines modestes décide de filmer ses concitoyens et de leur faire raconter comment ils vivent la perspective des Jeux alors que leur pays, le Tibet, est occupé par la Chine. Avec sa petite caméra, qu'il continue d'emmener partout avec lui, il va sillonner la région et rassembler des réactions et témoignages.

La cause des minorités

Et Dhondup Wangchen de raconter combien ce petit film sans prétention a totalement changé sa vie. Il se souvient de son arrestation, de la cagoule qu’on lui a mise sur la tête pour l’emmener dans un endroit inconnu, des interrogatoires, du travail forcé pour fabriquer les uniformes des militaires, des pressions sur sa famille et enfin de la mort de sa mère, qu’il n’a plus jamais revue après son arrestation.

Dhondup Wangchen sera finalement libéré en 2014. Il réussira à s'enfuir de sa région natale au Tibet, puis de la République populaire de Chine. Il vit depuis 2017 aux États-Unis mais parcourt le monde pour parler de sa vie et de la répression chinoise.

Mobilisation des tibétains de toute l'Europe à Paris en 2019 pour rappeler au monde que le Tibet est occupé par la Chine
Mobilisation des tibétains de toute l'Europe à Paris en 2019 pour rappeler au monde que le Tibet est occupé par la Chine
© Radio France - Nathanael Charbonnier

Aujourd'hui, les années ont passé, et la Chine se prépare de nouveau à accueillir des JO. Pour Dhondup Wangchen, qui a souffert des prisons chinoises, cela est inconcevable. Le cinéaste a donc entrepris un voyage, notamment en Europe, où il compte sensibiliser à l'horreur de ce qui se passe au Tibet et en Chine.

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Il compte également demander à ses interlocuteurs – des élus de la ville de Paris, des parlementaires, des députés européens – de prendre position sur un possible boycott des Jeux d'hiver de 2022. Au nom des Tibétains, mais aussi pour tous ceux, comme les Ouïghours ou les Hongkongais, qui sont opprimés par le régime chinois.