Diversité : "La France d’aujourd’hui", sous-représentée dans l’audiovisuel

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Diversité : "La France d’aujourd’hui", sous-représentée dans l’audiovisuel

Mémona Hintermann, conseillère au CSA en charge de la diversité, dévoile les dispositions prises pour améliorer la situation.
Mémona Hintermann, conseillère au CSA en charge de la diversité, dévoile les dispositions prises pour améliorer la situation.
© MaxPPP - Marlene Awaad

Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a publié son rapport sur la diversité aujourd’hui. Comme en 2014, les personnes "perçues comme non-blanches" sont sous représentées et incarnent trop souvent des rôles négatifs à la télévision.

Depuis, le CSA remet son baromètre annuel sur la diversité, mais pour la première fois, il suggère une "modification législative" au Parlement. Mémona Hintermann, conseillère au CSA en charge de la diversité estime que c’est au Parlement de prendre ses responsabilités.

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Au Parlement de prendre ses responsabilités. Il est assez intelligent pour comprendre, sur la base de ce que nous avons écrit, qu’il y a des lacunes de la loi de 1986 et qu’il est grand temps de modifier la loi. Et d’ailleurs, la secrétaire d’Etat à l’égalité réelle, Ericka Bareigts, proposera un amendement pour que le CSA fixe les règles qui permettront de mieux exposer la société française_._

Des engagements pris par les dirigeants de chaînes

En effet,seulement 14% de personnes présentes sur les écrans étaient perçues comme "non-blanches" et concernant les "attitudes", "celles qui sont négatives sont incarnées à 29% par des personnes perçues comme non-blanches alors que les attitudes positives ne le sont qu'à 12% pour les personnes perçues comme non-blanches". Même si la situation n’a pas évolué depuis 2014, Mémona Hintermann se dit optimiste.

Dans les faits, dans la pratique, je vois du changement. En 2015, dans l’attitude des dirigeants de chaînes que nous avons réunis à plusieurs reprises, ils s’engagent par écrit à faire en sorte que par exemple, dans les fictions ils fassent entrer un certain nombre de personnes avec des visages, des noms, des origines qui plongent leur racine ailleurs et qui respire cette France d’aujourd’hui.

Certains groupes se seraient déjà engagés auprès du CSA.

__ Radio France a pris des engagements concrets, le groupe TF1 a pris des engagements extrêmement concrets pour sa nouvelle chaîne LCI, le groupe Next Radio pour BFM TV et pour RMC a pris des engagements par écrit avec nous. J’ai demandé à Vincent Bolloré, le patron du groupe Canal + de faire une journée diversité de la société française, il a pris l’engagement, que sur les chaînes du groupe Canal +, il y aura une journée particulière en juillet. J’attends_._

Montrer "le pays tel qu'il est"

Ce baromètre de la diversité 2015, qui a été réalisé à partir du visionnage des 16 chaînes de la TNT gratuite et de Canal+, sur 1 100 heures de programmes, d’avril à mai 2015 et de 17 h à 23 h, révèle également que sur les émissions qui représentent une catégorie sociale élevée (débats intellectuels), les personnes "perçues comme non blanches", sont peu représentées. Mémona Hintermann parle "d’absence crantée et scandaleuse d’experts qui viennent de tous horizons". Pour y remédier, le groupe France Télévision prépare, à la demande du CSA, un guide d’experts.

Pour mener à bien sa mission, elle s’est rendue en Allemagne et aux Etats-Unis.

Au fond, il s’agit de quoi, d’égalité, il s’agit de la cohésion d’un pays. C’est pourquoi le CSA a accepté que j’aille faire une mission en Allemagne et aux Etats-Unis, en nous appuyant sur les bonnes pratiques. Comment font ces gens-là face à des problématiques humaines, sociales, politiques, qui ressemblent un peu aux nôtres_._

Par ailleurs, les personnes "perçues comme handicapées" ne représentent que 0,4 % des gens indexés, ce qui est largement en dessous de la proportion de Français ayant un handicap. Une chose est certaine pour l’experte :

__ C’est de leur intérêt que les télés et les radios ressemblent davantage à ce que je vois dans la rue, dans les universités, dans les hôpitaux, partout. Les dirigeants de chaînes se rendent comptent que si ce qu’ils mettent à l’antenne ne correspond pas au pays, mais on va les déserter, on ira sur internet. Ce n’est pas de leur intérêt de faire un petit village gaulois et de ne pas montrer le pays tel qu’il est.

►►► Pour aller plus loin le rapport complet du CSA sur la diversité dans l'audiovisuel (299 pages).