"Drunk" de Thomas Vinterberg a-t-il convaincu les critiques du Masque et la Plume ?

Le réalisateur et comédien danois Thomas Vinterberg, ex-fondateur du mouvement Dogme95 avec Lars von Trier, vient de sortir "Drunk". Une réflexion sur le recours à l'alcool au sein d’une société policée et angoissante qui ne parvient pas à convaincre l'ensemble des journalistes du Masque et la Plume.
Le film présenté par Jérôme Garcin
Quatre amis enseignants au lycée décident de mettre en pratique une théorie norvégienne selon laquelle l’homme aurait dès la naissance un déficit d’alcool dans le sang. Mais l’abus d’alcool étant dangereux pour le moral et la santé, les personnages vont vite sombrer…
Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.
Michel Ciment, plutôt séduit, compare le film à "Husbands" de Cassavetes
Drunk est un film très réussi avec une grande qualité d’interprétation.
Publicité
"Découvert avec Festen (Grand Prix à Cannes en 1998), Thomas Vinterberg a fait des films médiocres et d’autres très réussis, celui-ci est passionnant. On l’a rapproché de Cassavetes et ce n’est pas faux, on pense ici à Husbands (1970). C’est un réalisateur qui réussit particulièrement les films de groupe".
Xavier Leherpeur a un point de vue mitigé
Les trois premiers quarts d’heure sont époustouflants puis le scénario prend l’eau.

"Le film examine avec beaucoup de justesse le côté social de l’alcool. Comment le fait de boire nous place dans un cercle d’amis, dans un certain monde. Il y a cette scène de repas avec trois personnages essayant de convaincre le quatrième de céder et de se mettre à boire, tandis que la caméra tourne autour des personnages, c’est très fort, on sent une violence sourde.
Après, l’écriture n’est pas assez aboutie, le film se délite et on ne voit pas très bien ce qu’il veut dire, sauf peut-être à souligner cette hypocrisie de l’alcool".
Jean-Marc Lalanne est déçu par le développement du sujet
C’est un film très critique sur le Danemark, montré comme une société à la fois oppressive et très polie.
"Au début, le film m’intéresse assez pour son sujet qui est plus que l’alcool, la violence qu’exerce l’expérience sociale ordinaire. Sur ce sujet, le film est assez intrigant. Mais à partir du moment où le réalisateur veut filmer ce que c’est qu’une crise éthylique, il ne parvient pas à la cheville de Cassavetes qui nous faisait éprouver dans notre chair ce que c’est que l’expérience alcoolique par la puissance de suggestion de la mise en scène. Ici, les scènes où les personnages sont alcoolisés sont des vignettes rigolotes extrêmement superficielles. Plus le film avance, plus il perd son sujet, au final je le trouve assez insatisfaisant".
Eva Bettan est sensible à l’expression de la mélancolie danoise
Le bonheur à la danoise à l’air d’un ennui mortel.
"Ce n’est ni Le cœur des hommes, ni La grande bouffe, le bonheur à la danoise a l’air d’un ennui mortel, et l’alcool semble le moyen de s’intégrer.
Ce que je trouve intéressant dans le film c’est la manière de filmer la déprime d’une société et d’une génération. Il y a une mélancolie et une compassion admirablement dépeinte".
Aller plus loin
- Réécoutez Thomas Vinterberg évoquer son film et ses liens avec Jean-Luc Godard dans On aura tout vu.
- Laure Adler a reçu le réalisateur dans L'Heure bleue pour revenir sur Drunk, un film entre quête d'une désinhibition salvatrice et récit d'une descente aux enfers
► Au cinéma en France depuis le 14 octobre 2020, en partenariat avec France Inter.
🎧 Écoutez l'ensemble des critiques échangées à propos de ce film sur le plateau du Masque et la Plume