Du charbon à l'hydrogène, la centrale de Saint-Avold prépare sa transition

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Du charbon à l'hydrogène, la centrale de Saint-Avold prépare sa transition

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Du haut de la centrale à charbon Emile Huchet à Saint-Avold
Du haut de la centrale à charbon Emile Huchet à Saint-Avold
© Radio France - Célia Quilleret

La centrale à charbon mosellane tourne en ce moment à plein régime, mais elle s'arrêtera en principe le 31 mars: ainsi en a décidé la loi Energie climat qui veut préparer la France à la neutralité carbone pour 2050. La biomasse et l'hydrogène devraient à terme lui donner une seconde vie, mais la transition sera longue.

C'est une page de l'histoire de la Moselle qui se tourne : le 1er avril, le charbon cessera d'alimenter les machines de la centrale Emile Huchet, de GazelEnergie, mise en service en 1948. Une bonne partie des salariés partiront en retraite anticipée, tandis qu'une poignée assurera la mise en sécurité du site et préparera sa reconversion, avec l'espoir, dans quelques années, de voir la biomasse et l'hydrogène produire une électricité verte.

Vue du haut de la centrale Emile Huchet de Saint-Avold
Vue du haut de la centrale Emile Huchet de Saint-Avold
© Radio France - Célia Quilleret

Episode 1: "On continue de rentrer du charbon, on tourne vraiment à fond !"

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Un flux continu de roches noires alimente encore pour quelques jours les trémies: c'est le paradoxe du moment, avec la flambée des prix de l'énergie, l'arrêt d'une partie du parc nucléaire et la guerre en Ukraine, le charbon jette ses derniers feux. "Cela faisait très longtemps qu'on n'avait pas été sollicité comme ça", observe Sylvain Krebs, le responsable du parc charbon. 

Sylvain Krebs devant la centrale de Saint Avold
Sylvain Krebs devant la centrale de Saint Avold
© Radio France - Célia Quilleret

Il ne remet pourtant pas en cause la fermeture programmée, bien conscient que les énergies fossiles comme le charbon alimentent le réchauffement climatique :

On en a vécu, mais il faut arrêter, maintenant, stop ! Il n'y a pas de regret, il faut passer à autre chose.

Du charbon à l'hydrogène à la centrale de Saint-Avold ep1

5 min

Episode 2: "Dernier baroud d'honneur comme on dit !"

Entrée de la salle des machine de la centrale de Saint-Avold
Entrée de la salle des machine de la centrale de Saint-Avold
© Radio France - Célia Quilleret

David George, cadre technique, nous montre la salle des machines et la salle des commandes, où l'on suit en temps réel la production d'électricité: ces derniers jours, elle est à son maximum, et consomme 230 tonnes de charbon à l'heure (dont une partie de charbon russe, acheté avant le début de l'invasion de l'Ukraine). Il appréhende un peu le silence qui, le 1er avril, reprendra possession des lieux. 

David George, cadre technique va également rester après l'arrêt du charbon pour travailler sur les nouveaux projets
David George, cadre technique va également rester après l'arrêt du charbon pour travailler sur les nouveaux projets
© Radio France - Célia Quilleret

Parmi les 87 salariés qui travaillent encore à l'exploitation, une partie partira en retraite anticipé. Lui est tourné vers l'avenir, et doit s'occuper des nouveaux projets qui feront entrer la vieille centrale de Moselle dans l'ère des énergies vertes, avec d'abord une production de chaleur à base de déchets de bois, et à terme, une production d'hydrogène. Mais cette nouvelle ère sera davantage automatisée, et l'usine ne retrouvera pas, du moins dans un premier temps, son niveau de production actuel.

Du charbon à l'hydrogène à la centrale de Saint-Avold ep2

6 min

Épisode 3 : "Cela va être l'âge d'or des énergies renouvelables !"

Un salarié croisé à la sortie de la salle des commandes est amer: "ça tourne à merveille" constate-t-il, et "je ne comprends pas parce que nos voisins allemands tournent à fond avec du charbon !".  L'Allemagne n'est qu'à quelques kilomètres, et pour certains salariés, la fin du charbon est dure à avaler.

Seule une vingtaine de personnes vont rester sur le site pour le dépolluer, mettre en sécurité les installations et préparer l'avenir. C'est le cas de David George, qui veut croire en cette "nouvelle aventure" des énergies renouvelables, comme le grand projet de production de 400 mégawatt qui devrait voir le jour d'ici 2028, avec de l'hydrogène: "ça va être une énergie propre, qui pourra rendre son indépendance à la France."

du charbon à l'hydrogène à la centrale de Saint-Avold ep.3

4 min

Les fumées noires ont été traitées pour émettre moins de Co2
Les fumées noires ont été traitées pour émettre moins de Co2
© Radio France - Célia Quilleret

Épisode 4: "Nous sommes repartis pour plusieurs siècles d'industrie nouvelle !"

Sylvain Krebs nous emmène observer de haut le site de la centrale Emile Huchet : dans les prochains mois, le noir du charbon aura cessé le recouvrir le sol jaunâtre en grès vosgien. Les tours aéroréfrigérantes seront démolies. Pour répondre aux objectifs de transition énergétique du gouvernement, la centrale se tourne vers l'hydrogène vert. Sylvain Krebs, cadre de GazelEnergie, veut y croire, avec cette transition, dans une région encore très industrielle au carrefour de l'Allemagne et du Luxembourg, la centrale de Saint-Avold peut entamer une nouvelle vie. 

Du charbon à l'hydrogène à la centrale de Saint-Avold ep.4

4 min