"Du Côté des Indiens" de l'actrice Isabelle Carré, ce qu'en a pensé le Masque et la Plume

Voici le deuxième roman de l’actrice, Isabelle Carré, après "Les Rêveurs" qui avait rencontré un succès phénoménal. Dans son nouveau livre, nous plongeons dans la ronde vertigineuse de trois personnages qui cherchent désespérément la lumière. Hormis Arnaud Viviant, les critiques ont tous salué le livre.
Le film présenté par Jérôme Garcin
Le héros a dix ans, c'est Ziad. Il habite à Courbevoie avec ses parents Anne et Bertrand, dans un immeuble où une voisine du cinquième, Muriel, célibataire comédienne chez qui Bertrand se rend souvent, trop souvent. Muriel rêverait d'être la mère du petit Ziad.
Un roman où s'invitent assez vite les affaires Weinstein et Metoo à travers ce qu'a vécu Muriel autrefois dans le monde du cinéma.
Isabelle Carré :
Je suis du côté des Indiens, pas du côté des cowboys.
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Pour Arnaud Viviant "ça ne fonctionne absolument pas…"
AV : "Dans "rentrée littéraire", le mot important est quand même "littéraire", et je crois que, là, le compte n'est pas bon du tout, mais pas du tout.
Tout est bancal, l'expression (écrite) en général est bancale.
Un moment, elle écrit "il y a des gendarmes qui encerclent une porte"… Toutes les personnes qu'elle remercie à la fin et ceux qui ont contribué à ce livre, n'ont pas pensé qu'on n'encercle pas une porte, mais qu'on l'encadre… Vraiment, là, il y a une espèce de barbarisme, d'expression hasardeuse. Un côté ramasse-miettes de l'actualité. On a tout : l'antisémitisme, l'abus sexuel, les migrants…
C'est une espèce de revue de presse, de tour d'horizon de l'actualité dans ce qu'elle a de plus anxiogène. Les personnages n'arrivent pas du tout à exister.
Ça ne fonctionne mais absolument pas.
Je trouve qu'Isabelle Carré devrait se consacrer uniquement au cinéma".
Olivia de Lamberterie a beaucoup aimé car particulièrement touchée par la sensibilité de l'écriture
OL : "On ne peut pas faire seulement des livres sur ce qui se passait dans les toilettes du Palace dans les années 1980, c'est pas mal de raconter aussi ce qui se passe aujourd'hui.
Certes, c'est un livre qui a des maladresses et qu'Isabelle Carré a écrit très vite, mais il est très intéressant et plus risqué.
C'est son deuxième roman, un livre très sensible et très intéressant sur la fin de l'insouciance.
J'aime aussi beaucoup les scènes du petit garçon qui attend son père. Il est dans le hall de son appartement. Il veut absolument lui montrer qu'il a un carnet avec des bonnes notes. Il entre dans l'ascenseur qui monte et l'ascenseur ne s'arrête pas. Ça m'a fait penser au petit Antoine Doinel qui, tout d'un coup dans la rue, voit sa mère embrasser un autre homme. C'est la fin de l'insouciance de l'enfant.
Le milieu du livre est la partie la plus intéressante sur la fin de l'insouciance d'une jeune femme qui est une actrice et qui va être abusée. Victime d'un abus sexuel et d'un abus de pouvoir. Elle le fait très bien parce qu'elle ne fait pas dans le sensationnel. Elle explore justement cette sorte de zone grise qui fait que, tout d'un coup, on ne comprend pas ce qui nous arrive. On se sent à la fois responsable et coupable, alors qu'évidemment, on ne l'est en rien.
Elle a évité le piège d'une déclaration sensationnelle, alors qu'elle s'est sûrement servie de ce qui était arrivé à plusieurs actrices. Il y a quelque chose d'extrêmement intéressant dans ce qui est dit là sur les relations entre les acteurs, les actrices et les metteurs en scène.
J'aime beaucoup le titre. Être du côté des perdants, ceux qui disparaissent, je trouve cela assez joli.
Ce n'est pas du tout victimaire, justement, dans ce flot de livres qui sont sortis sur ce sujet, elle dit au contraire qu'on peut réparer et qu'il faut savoir garder ses cicatrices. Il y a une comparaison avec la porcelaine japonaise".
C'est un livre plus maladroit que son premier - Les Rêveurs - mais c'est un livre plus intéressant.
Si, selon Frédéric Beigbeder, Isabelle Carré en fait un peu beaucoup, il salue le livre
FB : "Elle emmène le petit garçon de dix ans, Ziad, sur un tournage. La personne, c'est Muriel, la maîtresse de son père, qui habite au-dessus, au cinquième étage. Elle emmène ce petit garçon sur un tournage et c'est là toute la description du tournage de film français. Là, elle sait de quoi elle parle, c'est extrêmement drôle et détaillé.
Il y a des choses que je n'avais jamais trouvées dans un roman : par exemple, les acteurs qui jouent très bien quand la caméra est sur eux et qui ne foutent plus rien quand c'est sur le contrechamp ; sur l'autre qui regarde ailleurs et qui essaie même de saboter le talent de l'acteur d'en face. Cela, je ne l'avais jamais lu dans un livre.
Elle a peut-être été trop ambitieuse, elle a voulu raconter trop d'histoires entre celle du père, de la mère, du fils, de la maîtresse.
Elle en fait peut-être un peu beaucoup mais, honnêtement, parmi les acteurs qui se mettent à écrire des livres, c'est quelqu'un qu'il faut suivre, je crois.
Le titre fait un peu victimaire mais elle l'explique à la fin en disant qu'il faut savoir perdre comme Djokovic".
C'est un des livres de la rentrée qui va le mieux se vendre.
Patricia Martin salue un livre dans lequel "les choses viennent naturellement avec une écriture fluide"
PM : "Ce n'est pas extraordinairement écrit d'accord, mais c'est son deuxième livre : laissons-la s'installer un peu. C'est quand même assez courageux aussi de se lancer carrément dans un autre métier. J'ai adoré le début. Je trouve que se mettre dans la peau d'un petit garçon comme cela, ce n'est pas si évident, de même que de parler à hauteur d'enfant. Celui-ci souffre en silence. C'est très juste. Il observe tout, il écoute tout ce que font ses parents, tout ce qu'ils se disent. Il a horreur quand ils se disputent.
Les rapports entre le petit garçon et la maîtresse de son père, je trouve que ce n'était pas évident non plus avec, d'abord, cette espèce de méfiance qu'il a parce qu'il la déteste, et ensuite, au contraire, comme elle lui fait faire des trucs sympa, il se met à l'aimer et puis, ils se marrent bien.
Tout cela vient très naturellement, comme après, quand elle parle de Metoo, des conditions dans lesquelles les femmes travaillent dans le cinéma.
Tout cela vient assez naturellement, c'est fluide.
Aller plus loin
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"Du côté des indiens" d'Isabelle Carré
8 min
📖 LIRE - Du côté des Indiens d'Isabelle Carré chez Grasset
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