Écologie, le ministère amer

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Écologie, le ministère amer

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L'hôtel de Roquelaure, dans le 7e arrondissement de Paris, héberge le ministère de la Transition écologique et solidaire
L'hôtel de Roquelaure, dans le 7e arrondissement de Paris, héberge le ministère de la Transition écologique et solidaire
© AFP - BLANCHOT PHILIPPE / HEMIS.FR / HEMIS.FR / HEMIS

François de Rugy a démissionné de son poste de ministre de la Transition écologique et solidaire ce mardi. Tout comme Nicolas Hulot avant lui. Et Delphine Batho ou Nicole Bricq bien avant

Inquiété par les affaires révélées par nos confrères de Mediapart, concernant des dîners fastueux, une rénovation d'appartement avec des fonds publics et une collaboratrice ayant indûment conservé son logement social, François De Rugy a finalement démissionné de son poste de ministre de la Transition écologique et solidaire ce mardi. 

Ce n'est pas le premier. En douze ans, neufs ministres se sont succédé à ce poste, ce qui est déjà le signe d'un turn-over important. Surtout, sur ces neuf ministres, la moitié ont dû quitter leur ministère malgré eux, amers.

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François de Rugy, démissionné

Durée de la fonction : du 4 septembre 2018 - 16 juillet 2019 (10 mois et 12 jours), sous le gouvernement Philippe II.

Circonstance du départ : il choisit de démissionner après une semaine de polémiques, "pour mieux se défendre"

Raison du départ : les révélations de Mediapart sur les dîners fastueux organisés à l'hôtel de Lassay, sur les travaux de rénovation de sa résidence de fonction et sur le logement social qu'occupait sa directrice de cabinet ont obligé l'exécutif à se séparer de M. de Rugy.

Nicolas Hulot (2017-2018), la démission en direct

Durée de la fonction : du 17 mai 2017 au 4 septembre 2018 (1 an, 3 mois et 18 jours), sous les gouvernements Philippe I et II.

Circonstance du départ : démission en direct à la radio.

Raison du départ : "Je ne veux plus me mentir", annonce Nicolas Hulot sur France Inter le 28 août. Après avoir été de trop nombreuses fois en contradiction avec Édouard Philippe et Emmanuel Macron sur l'environnement, le ministre en a conclu que l'écologie n'était pas la priorité du gouvernement.

Qu'est-il devenu ? Il est redevenu ce qu'il était avant d'être ministre. Il n'a pas cessé de s'engager pour l'écologie. Nommé président d'honneur de la Fondation pour la nature et l'homme, qu'il a créée en 1990, il s'est dernièrement exprimé pour s'opposer aux accords de libre-échange CETA et Mercosur.

Ségolène Royal (2014-2017), fin du quinquennat

Durée de la fonction : du 2 avril 2014 au 10 mai 2017 (3 ans, 1 mois et 8 jours), sous les gouvernements Valls I, Valls II et Cazeneuve.

Circonstance du départ : fin du mandat de François Hollande. Ségolène Royal a connu des périodes difficiles mais n'a jamais été mise en danger. Elle est la deuxième ministre a être restée le plus longtemps en poste depuis 2007, après Jean-Louis Borloo. 

Qu'est-elle devenue ? Elle a officiellement soutenu le parti LREM lors des législatives en 2017, puis, trois mois plus tard, a repris le poste de Michel Rocard en tant qu'ambassadrice chargée de la négociation internationale pour les pôles Arctique et Antarctique.

Philippe Martin (2013-2014), fin du gouvernement Ayrault

Durée de la fonction : du 2 juillet 2013 au 2 avril 2014 (9 mois), sous le gouvernement Ayrault II.

Circonstance du départ : fin du gouvernement Ayrault II.

Raison du départ : Philippe Martin s'est retrouvé à un moment du quinquennat Hollande où la fronde prenait forme. Mais, en tant que ministre, il a toujours prôné sa loyauté envers le président et le gouvernement. 

Qu'est-il est devenu ? Il rejoindra en 2017 le mouvement Génération.s fondé par Benoît Hamon. Il est depuis 2014 président du Conseil départemental du Gers.

Delphine Batho (2012-2013), démissionnée en quelques heures

Philippe Martin et Delphine Batho lors de la passation de pouvoir le 3 juillet 2013
Philippe Martin et Delphine Batho lors de la passation de pouvoir le 3 juillet 2013
© AFP - THOMAS SAMSON / AFP

Durée de la fonction : du 21 juin 2012 au 2 juillet 2013 (1 an et 11 jours), sous le gouvernement Ayrault II.

Circonstance du départ : démissionnée par l'exécutif.

Raison du départ : le gouvernement annonce qu'il met fin à ses fonctions de ministre, quelques heures après qu'elle a qualifié sur RTL le budget de son ministère de "mauvais".

Qu'est-elle devenue ? Elle a publié un livre ("Insoumise"), où elle raconte son passage au ministère de l'Écologie. Elle est députée de la 2ème circonscription des Deux-Sèvres depuis 2013 et présidente du parti Génération écologie depuis 2018.

Nicole Bricq (2012), rétrogradée un mois après sa nomination

Durée de la fonction : du 16 mai au 18 juin 2012 (1 mois et 2 jours), sous le gouvernement Ayrault I.

Circonstance du départ : démissionnée par l'exécutif un mois après son arrivée.

Raison du départ : pendant un mois, Nicole Bricq monte au front et se met plusieurs compagnies pétrolières à dos après avoir suspendu des permis de forage en Guyane pour sauvegarder la faune et la flore. Au lendemain des législatives de 2012, Jean-Marc Ayrault et François Hollande profitent du remaniement ministériel pour éloigner Nicole Bricq de l'Écologie et la place dans une dépendance de Bercy, au Commerce extérieur.

Qu'est-elle devenue ? Elle redevient sénatrice en 2014 avant de soutenir Emmanuel Macron lors de l'élection présidentielle de 2017. Elle meurt le 6 août 2017 après une chute accidentelle dans un escalier.

Nathalie Kosciusko-Morizet (2010-2012), démissionne pour Sarkozy

Durée de la fonction : du 14 novembre 2010 au 22 février 2012 (1 an, 3 mois et 8 jours), sous le gouvernement Fillon III.

Circonstance du départ : elle rejoint le porte-parolat de Sarkozy

Raison du départ : le président de la République Nicolas Sarkozy la choisit pour devenir la porte-parole de sa campagne présidentielle. Elle démissionne de son poste de ministre quelques jours après sa nomination.

Qu'est-elle devenue ?  Après la défaite de Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle de 2012, elle tente de se faire élire à la présidence de l'UMP. Puis devient candidate à la mairie de Paris en 2014 mais perd face à Anne Hidalgo. Nathalie Kosciusko-Morizet se déclare candidate à la primaire de la droite et du centre en 2016 mais finit quatrième. Elle démissionne de son poste au Conseil de Paris en août 2018 pour travailler dans le privé.

Jean-Louis Borloo (2007-2010), remanié

Durée de la fonction : du 19 juin 2007 au 13 novembre 2010 (3 ans, 4 mois et 25 jours), sous le gouvernement Fillon II.

Circonstance du départ : remaniement.

Raison du départ : Nicolas Sarkozy et François Fillon procède à un remaniement ministériel. Un temps pressenti pour devenir le nouveau Premier ministre, Jean-Louis Borloo se voit proposer finalement le ministère des Affaires étrangères, l'Écologie ou la Justice. Il refuse ces trois postes et quitte donc le gouvernement. C'est le ministre qui est resté le plus longtemps au ministère de l'Écologie depuis sa création.

Qu'est-il est devenu ? Il crée le parti de centre droit Union des démocrates et indépendants (UDI) en 2012, siège à l'Assemblée nationale jusqu'en 2014. Malade, il annonce son retrait de la vie politique. Il crée la même année une fondation pour mettre en place un vaste plan d'accès à l'électricité en Afrique. Il entre au conseil d'administration en France de l'entreprise Huawei en 2016.

Alain Juppé (2007), démissionné suite à sa défaite aux législatives

Durée de la fonction : du 18 mai au 18 juin 2007 (1 mois).

Circonstance du départ : démissionné par l'exécutif suite à cette défaite aux législatives.

Raison du départ : nommé à l'Écologie après l'élection de Nicolas Sarkozy en 2007, Alain Juppé est battu dans sa 2ème circonscription de Gironde aux législatives. L'UMP remporte les élections mais le gouvernement procède à un remaniement. Alain Juppé n'est pas reconduit.

Qu'est-il est devenu ? Il reviendra au gouvernement en 2010 à la Défense, puis aux Affaires étrangères. Il est candidat à la primaire de la droite et du centre en 2016. Il est membre du Conseil constitutionnel depuis mars 2019.

POUR EN SAVOIR PLUS :

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