
Selon Amnesty International, du matériel français a été utilisé au cœur de la répression en Egypte entre 2012 et 2015, comme des blindés fabriqués par Renault Trucks. L'organisation de défense des droits de l'Homme a rendu un rapport de 60 pages ce mardi.
Pour aboutir à ce constat, Amnesty a visionné des heures de vidéo, épluché des centaines de photos ou encore décrypté de très nombreuses données informatiques. Son accusation est sans appel : la France, en devenant le premier fournisseur d'armes de l'Egypte, se rend complice de la dictature égyptienne.
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La France, principal fournisseur d’armes de l’Egypte depuis 2013
C’est un rapport explosif que l’ONG a rendu ce mardi : Égypte. Des armes françaises au cœur de la répression. Le 14 août 2013, des véhicules blindés Sherpa fournis par la France ont été déployés par les forces de sécurité égyptiennes. Ils étaient utilisés pour disperser des manifestants sur les place Rabia al Adawiyya. Ce jour-là, au moins 817 personnes sont mortes.
Amnesty s’appuie sur une vingtaine d’heures de vidéos et des photos. Pourtant, en 2013, Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères déclarait : "La France condamne avec la plus grande fermeté les violences sanglantes intervenues en Egypte et demande un arrêt immédiat de la répression."
"On reproche à la France d'avoir exporté des blindés en Egypte." Aymeric Elluin, Amnesty Interntional
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Dans son rapport, Amnesty souligne que "la France est devenue le principal fournisseur d’armes en tous genres à l’Egypte depuis 2013__. Elle surpasse d’ailleurs largement les Etats-Unis, qui font partie avec elle des champions du secteur. Sur la courte période 2013-2017, la France a livré 37 % des armes lourdes à l’Égypte, contre 26 % pour les Etats-Unis, selon le SIPRI."
La coopération militaire entre la France et l'Egypte s'est encore renforcée depuis l'arrivée au pouvoir d'Abdel Fattah al Sissi en 2014. Depuis 2015, l'Egypte a conclu pour six milliards d'euros de contrats d'armement avec la France, pour la livraison de 24 Rafale notamment.
"La France a violé le droit international et ses engagements européens"
Dans son rapport, Amnesty International presse la France pour "cesser immédiatement tout transfert vers ce pays de matériels susceptibles de servir à la répression interne, y compris des véhicules blindés, des armes légères, des équipements à létalité réduite et leurs munitions utilisés pour assurer le maintien de l’ordre lors de manifestations et dans les lieux de détention."
"Il n'y a pas d'information sur ces exportations." Sylvie Brigot-Vilain, directrice d'Amnesty International
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Le secteur est en effet très encadré : on ne peut pas vendre des armes à un pays si l'on craint un détournement de leur utilisation, comme c'est le cas dans le dossier Égyptien. Dans le cas présent, la France a bien vendu des armes à l'armée égyptienne, mais c'est la police égyptienne qui les a utilisées.
Les sociétés françaises concernées expliquent qu'elles ont vendu leurs armes avec la bénédiction de la France. L'Etat français précise de son côté qu'il a accepté de signer les autorisations de vente au nom de la lutte contre le terrorisme