Election tendue au Kenya, hanté par la crise de 2007

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Election tendue au Kenya, hanté par la crise de 2007

hanté par la crise de 2007, le kenya élit un nouveau président
hanté par la crise de 2007, le kenya élit un nouveau président
© reuters

par Edmund Blair

NAIROBI (Reuters) - Hanté par les violences post-électorales de 2007, le Kenya choisit lundi un nouveau président, avec deux prétendants au coude à coude, Raila Odinga et Uhuru Kenyatta, qu'un second tour devra peut-être départager.

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Le président sortant Mwai Kibaki, que la Constitution empêche de briguer un troisième mandat consécutif de cinq ans, a plaidé en faveur d'élections pacifiques, cinq ans après les affrontements politico-ethniques qui ont ensanglanté le pays, faisant 1.200 morts et 350.000 déplacés.

"Je lance un appel passionné pour que nous votions tous dans le calme. La paix est en effet la pierre angulaire du développement", a-t-il dit dimanche à la veille du scrutin.

Pourtant, comme en 2007, le loyalisme tribal décidera en grande partie à nouveau de l'issue du vote en faveur soit de Uhuru Kenyatta, fils du premier président du pays, soit de son rival, l'actuel Premier ministre Raila Odinga.

Uhuru Kenyatta est sous le coup d'une inculpation de la Cour pénale internationale (CPI) pour son rôle d'instigateur des violences de l'hiver 2007-2008.

Une défaite pour Uhuru Kenyatta, actuel vice-Premier ministre âgé de 51 ans, signifierait sa comparution devant le tribunal de La Haye pour crimes contre l'humanité avec un gouvernement kényan qui lui serait hostile.

Quant à Raila Odinga, 68 ans, dont le père fut le rival malheureux de Jomo Kenyatta dans les premières années de l'indépendance, ce sera probablement sa dernière chance d'accéder à la présidence après sa courte défaite de 2007. La crise d'il y a cinq ans a finalement été réglée par un accord de partage du pouvoir entre Mwai Kibaki, à la tête de l'Etat et Raila Odinga à la tête du gouvernement.

UNE JUSTICE RÉFORMÉE

Uhuru Kenyatta et Raila Odinga sont loin devant les six autres candidats dans les sondages d'intentions de vote mais un second tour sera peut-être nécessaire pour trancher le 11 avril à moins que l'un d'eux ne parvienne à franchir le seuil de 50% des voix dès lundi.

Quatorze millions d'électeurs, sur une population de 40 millions d'habitants, sont appelés à se prononcer.

Beaucoup d'entre eux se sont alignés avant l'aube devant les bureaux de vote, qui ont ouvert à 06h00 (03h00 GMT).

Les premiers résultats sont attendus dans les heures suivant la fermeture des bureaux de vote à 14h00 GMT, même si la commission électorale a sept jours pour proclamer le résultat officiel.

Dans un pays encore traumatisé par les massacres d'il y a cinq ans commis par des bandes armées de machettes, de couteaux et d'arcs et de flèches, le risque de nouvel embrasement est jugé plus réduit, d'autant que la nouvelle commission électorale bénéficie du soutien de tout l'échiquier politique.

Des forces supplémentaires de police ont été déployées, la justice a été réformée depuis la précédente présidentielle et son indépendance renforcée.

Tous les candidats promettent d'accepter le verdict des urnes et sont invités à régler tout litige devant les tribunaux.

Raila Odinga a cependant dénoncé la non-inscription sur les listes d'électeurs dans les circonscriptions où il domine, ce que conteste la commission électorale.

Et des signes de tension subsistent entre les deux grandes tribus que représentent Odinga, un Luo, et Kenyatta, un Kikuyu, en particulier dans la vallée du Rift, région agricole de l'ouest du pays qui fut au coeur des violences de 2007.

Jean-Loup Fiévet et Jean-Stéphane Brosse pour le service français