Élections en Allemagne : Angela Merkel ne quittera sans doute pas la chancellerie avant des mois

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Élections en Allemagne : Angela Merkel ne quittera sans doute pas la chancellerie avant des mois

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À l'issue des élections législatives, la formation d'une coalition pour gouverner l'Allemagne pourrait prendre des mois au cours desquels Angela Merkel restera en poste.
À l'issue des élections législatives, la formation d'une coalition pour gouverner l'Allemagne pourrait prendre des mois au cours desquels Angela Merkel restera en poste.
© AFP - Ina Fassbender

Les Allemands se rendent aux urnes, ce dimanche, pour désigner le successeur d'Angela Merkel. Le pays s'attend déjà à une longue période de négociations pour former une coalition, au cours de laquelle la chancelière restera en poste.

Les bureaux de vote ont ouvert, dimanche, en Allemagne pour des législatives à suspense où sociaux-démocrates et conservateurs se disputent la succession d'Angela Merkel, qui va quitter la chancellerie après seize ans de pouvoir. 60 millions d'Allemands, dont plus de 30% d'indécis, et un écart très ténu entre les deux favoris, le social-démocrate (SPD) Olaf Scholz, actuel vice-chancelier et ministre des Finances, et le chrétien-démocrate (CDU) Armin Laschet, son héritier désigné, qui devront composer avec les Verts, la gauche ou les libéraux. 

La coalition qui gouvernera l’Allemagne ces quatre prochaines années ne sera sans doute pas formée avant plusieurs semaines, voire plusieurs mois, car les négociations de coalition s’annoncent difficile.

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Pendant ce temps, c’est Angela Merkel qui restera aux commandes. On la reverra sans doute au prochain conseil européen fin octobre, mais peut-être aussi au suivant mi-décembre. La chancelière, élue à quatre reprises et qui est la première à ne pas vouloir se représenter, pourrait au passage battre un record de longévité qui lui échappe encore, celui d’Helmut Kohl.

La possibilité d'une coalition tripartite inédite

Conformément aux institutions, Angela Merkel restera en poste tant que son successeur n’aura pas été formellement intronisé au Bundestag. En 2017, après les dernières législatives, il avait fallu quatre mois pour sortir du blocage politique, avant que les conservateurs et les sociaux-démocrates rempilent pour quatre ans en Grande coalition. En moyenne depuis l’après-guerre, il s’est toujours passé un mois et demi à deux mois avant qu’une solution émerge. 

Cette fois, le paysage politique allemand présente une offre inédite avec 47 partis, plus de 6 000 candidats, et pas une seule force politique en mesure comme par le passé de séduire au moins 30% des électeurs. Cela devrait donner un nombre jamais vu de coalitions possibles, et conduire pour la première fois à un gouvernement tripartite.

Le risque d'une paralysie européenne

Selon Marion Gaillard, spécialiste des relations franco-allemandes et des questions européennes, docteure en histoire et enseignante à Sciences Po, invitée sur France Inter ce dimanche matin, la France qui prend la présidence de l'Union européenne au 1er janvier 2022 "a sans doute davantage à gagner avec une victoire du SPD", notamment "sur les questions de Pacte de stabilité et de croissance ou d’endettement commun", alors que la CDU et les libéraux, une fois la parenthèse de la pandémie fermée, souhaitent "revenir impérativement aux règles strictes du Pacte de stabilité et du traité budgétaire de 2012 avec des sanctions renforcées". Olaf Scholz serait donc "le meilleur partenaire d'Emmanuel Macron dans le couple franco-allemand".

Cependant, d'ici là, le temps des tractations pour former la coalition en Allemagne, le président de la République pourrait bien se retrouver de nouveau face à une Angela Merkel qui expédiera les affaires courantes, plutôt que le candidat victorieux de ces législatives. L'instabilité politique allemande éloigne donc davantage la perspective de réformes voulues au niveau européen par Emmanuel Macron, faisant craindre une paralysie européenne.