Élections régionales 2021 : les 7 grands enseignements du second tour
Par La rédaction numérique de France Inter
Il n'y a pas eu de mobilisation des électeurs pour le second tour, les électeurs qui se sont déplacés ont reconduit les sortants et le RN n'arrive pas à percer son plafond de verre. Voici les grands enseignements que nous pouvons tirer de ces régionales au soir du second tour.
C'est un second tour sans surprise. Aucune région de France ne devrait changer de président ou de présidente au terme de ce scrutin, marqué par une abstention record : les sortants, qu'ils soient de gauche ou de droite, tous candidats à leur réélection, ont été confirmés par les électeurs. Des régionales marquées, aussi, par l'échec du Rassemblement national, qui espérait remporter au moins une région et qui n'arrive pas à percer son plafond de verre.
Sur-prime aux sortantes et sortants
Comme le prédisait le premier tour, ces régionales offrent donc une énorme prime aux sortants. Tous les présidents étaient candidats à leur réélection et aucune région n'a basculé, d'un côté comme de l'autre de l'échiquier politique. La plupart sont aussi élus avec une très large avance, à l'image de Carole Delga en Occitanie (plus de 57%), Laurent Wauquiez en Auvergne-Rhône-Alpes (plus de 55%) ou Xavier Bertrand dans les Hauts-de-France (53%). Selon nos estimations, Valérie Pécresse est aussi largement réélue face à l'union de la gauche et des écologistes portée par Julien Bayou.
À droite, Hervé Morin en Normandie, Jean Rottner en Grand Est sont aussi réélus. À gauche, Marie-Guite Dufay en Bourgogne-Franche-Comté, François Bonneau en Centre-Val de Loire et Alain Rousset en Nouvelle-Aquitaine sont aussi largement reconduits.
Les quelques incertitudes qui planaient ont été dissipés : Christelle Morançais est confirmée en Pays de la Loire (46%) face à Matthieu Orphelin (34%) et François de Rugy (8%) ; en Bretagne, même si Loïg Chesnais-Girard devra passer des accords au troisième tour pour bénéficier d'une majorité, il est réélu avec près de 30% des voix ; ou bien en Paca où Renaud Muselier devance de très loin le RN Thierry Mariani, avec plus de 57% des suffrages.
Seule bascule de ce scrutin régionale, La Réunion qui passe à gauche. La candidate Huguette Bello, soutenue par La France insoumise et le Parti socialiste, s'est imposée face au président sortant Didier Robert, à la tête de l'île depuis 2010.
Abstention : encore un triste record
Comme au premier tour, l'abstention a atteint un niveau historique pour un second tour électoral en France : 65,7% des électeurs ne se sont pas rendus aux urnes, c'est près de deux électeurs sur trois et ce malgré l'appel des partis politiques dans cet entre-deux tours. "Les Français n'écoutent plus les consignes des partis politiques. Il y a des raisons conjoncturelles à cette abstention, nous sommes en sortie de pandémie et les Français ont la tête ailleurs, mais il y a aussi des raisons structurelles. On ne va pas voter pour manifester sa défiance, on ne vote pas non plus pour des élections secondaires, où l'on ne connait pas les têtes de listes et les champs de compétences des régions", estime Stéphane Zumsteeg, directeur du département politique d'Ipsos.
Ce chiffre de second tour est "encore plus spectaculaire" que d'habitude, "car il y a en général un regain de participation", estime le sondeur. "À titre d'exemple, la participation avait augmenté de huit points dans l'entre-deux tours en 2015, contre seulement un point cette année. Cette abstention ne suscite ainsi aucun regret, elle est même complètement assumée. On n'est pas loin d'une abstention militante", juge Stéphane Zumsteeg.
Le RN ne perce pas son plafond de verre
Marine Le Pen avait presque grondé ses électeurs au soir du premier tour. Cette colère de la présidente du RN n'aura eu aucun effet. Le RN, qui avait nourri de sérieux espoirs de gagner au moins Paca, ressort bredouille du scrutin, bien loin des projections effectuées pendant la campagne. Dans cette région, le front républicain, face à Thierry Mariani, continue de fonctionner. Pire, les scores des différents candidats du parti d'extrême droite vont se traduire par un recul de la présence du RN dans les exécutifs régionaux.
Avec, par exemple, le gros raté de Julien Odoul en Bourgogne-Franche-Comté pour Julien Odoul, en retard au premier tour, qui fait près de 10 points de moins que la candidate FN de 2015. Ou dans les Hauts-de-France, les 25% de Sébastien Chenu, qui tranchent avec les 42% de Marine Le Pen il y a cinq ans. À l'issue des municipales, le parti de Marine Le Pen avait déjà perdu 44% de ses conseillers. Deux revers inquiétants pour la présidente du RN à moins d'un an de la présidentielle.
LREM, implantation zéro
"C'est une déception pour la majorité", a admis dimanche soir le délégué général de La République en marche, Stanislas Guerini. Éparpillées dans des alliances diverses et variées dès le premier tour, les rares listes LREM-MoDem présentes n'ont pas fait mieux ce dimanche. Selon les sondages, elles ne totalisent que 7% des suffrages au niveau national, loin derrière la droite, la gauche et les écologistes et le RN. Moins de 10% pour Laurent Saint-Martin en Île-de-France, Moins de 9% pour François de Rugy en Pays de la Loire, idem pour Denis Thuriot (Bourgogne-Franche-Comté) et Laurent Bonnaterre (Normandie). Marc Fesneau (Centre-Val de Loire), Geneviève Darrieussecq (Nouvelle-Aquitaine) et Thierry Burlot (Bretagne) s'en sortent un peu mieux et dépassent timidement la barre des 10%.
La majorité présidentielle fera cependant son entrée dans des exécutifs régionaux. S'ils sont en perdition au niveau national, les partis historiques LR et le PS confirment que les exécutifs locaux sont toujours de solides bastions. "Ce qui nous manque, c'est du temps et il va peut être falloir évoluer un peu, changer notre façon d'écouter les Français, qu'on soit très clairs sur notre utilité", a estimé le porte-parole de LREM, Mounir Mahjoubi, sur France Inter.
Xavier Bertrand, bien installé pour 2022
Pour l’ancien ministre du Travail, les élections régionales faisaient office de tremplin en vue de la présidentielle – même s’il a d’ores et déjà annoncé sa candidature pour 2022. Avec une victoire à 53% selon les estimations, et presque 28 points d’avance sur le candidat RN Sébastien Chenu, il sort consolidé de ce scrutin. "Ce résultat me donne la force d'aller à la rencontre de tous les Français", a-t-il réagi.
L’étude menée par Ipsos/SopraSteria juste avant le second tour (voir ci-dessus) le plaçait même en tête des personnalités politiques les plus renforcées par cette élection. Mais Xavier Bertrand n’est pas le seul, parmi les présidents de région élus, à avoir des ambitions présidentielles : Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez sont aussi dans la course mais Xavier Bertrand semble le mieux placé pour faire peser la droite dans les intentions de vote. Selon cette même étude, il est crédité de 18% d’intentions de vote s’il était candidat, alors que la droite n’obtiendrait que 13% d’intentions de vote si Laurent Wauquiez ou Valérie Pécresse étaient candidats. En tout cas, pour cette dernière, une "équipe de France de la droite et du centre" vient d'émerger "dans les régions".
Mélenchon, grand perdant des régionales
Aucune liste de La France insoumise n’était directement présente au second tour, même si le parti de Jean-Luc Mélenchon était présent dans la liste d’alliance de la gauche de Karima Delli dans les Hauts-de-France et a fusionné avec d’autres forces de gauche en Île-de-France et en Centre-Val-de-Loire. Une seule exception : la Réunion, où la candidate Huguette Bello représentait une union avec LFI, et l’emporte d’une courte tête selon les deernières estimations.
Mais selon une étude Ipsos - Sopra Steria pour France.tv, Radio France et LCP-Public Sénat réalisée juste avant le second tour, Jean-Luc Mélenchon est la personnalité politique qui apparaît la plus affaiblie à l’issue du premier tour, à 64%, devant Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
Carole Delga, présidente la mieux réélue de France
Non alliée aux Insoumis et aux écologistes cette fois, Carole Delga est a priori la "mieux réélue" de tous les sortants, avec près de 58% des suffrages. La socialiste, interrogée sur France Inter, s'est dite "émue", car "c'est la récompense d'un gros travail mené depuis six ans". C'est de bon augure pour la présidentielle de 2022, estime-t-elle, même s'il faut, selon elle, "arrêter de parler des personnes", car c'est "par le projet, les solutions concrètes" que la "gauche du réel" peut convaincre.
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La gauche unie ne pèse que 21% dans les Hauts-de-France
Exceptionnellement unie dans toutes ses composantes dans les Hauts-de-France, la gauche n'a pas créé la surprise face au score massif de Xavier Bertrand. Avec 21%, l'écologiste tête de liste Karima Delli arrive derrière le Rassemblement national au second tour. Mais elle a pu décemment se maintenir et permet ainsi son retour au conseil régional des Hauts de France, dépourvue d'une opposition (autre que le RN) depuis 2015.
Ailleurs, les listes d'union forgées dans l'entre-deux-tour ne semblent pas avoir convaincu en Île-de-France ou en Auvergne-Rhône-Alpes. Et à droite comme à gauche, ce scrutin ne règle pas le problème de leadership pour la présidentielle de 2022. La droite à trois prétendants, quand la gauche (le socialiste Olivier Faure et l'écologiste Julien Bayou) se bagarrent pour savoir autour de qui faut-il se rassembler.