Emmanuel Macron dit entendre la colère des Français, mais s'inquiète de sa "récupération" politique
Interrogé mercredi soir sur TF1 depuis le porte-avions Charles-de-Gaulle, le président de la République a plus déroulé un discours bien préparé que répondu à une interview, expliquant à nouveau qu'il ne changerait pas de cap, tout en assurant qu'il entendait "la colère" et "l'impatience".
Quand on est sur l'un des fleurons de la Marine française, il semble qu'il faille rester droit dans ses bottes. En une demi-heure d'interview, Emmanuel Macron n'a annoncé aucun changement de cap, ni émis aucun mea culpa. Si ce n'est celui-ci, réitéré dans les dernières minutes d'intervention : "cette colère, je la partage, car il y a une chose que je n'ai pas réussi à faire, c'est réussir à réconcilier le peuple français avec ses dirigeants".
Une colère qui pourrait tout de même secouer un peu son gouvernement, en s'exprimant notamment à travers la journée de mobilisation dite des "gilets jaunes" ce samedi 17 novembre. Un mouvement qui a pris de l'ampleur sur les réseaux sociaux, mais qui n'est, selon le chef de l'État, pas à l'abri d'interventions politiques. "Ils ont tout à fait le droit de manifester. [...] Que nos concitoyens, qui considèrent qu'aujourd'hui ils ne sont pas entendus, s'expriment, d'accord. Il faut le respecter, il faut l'entendre", rappelle Emmanuel Macron. Mais "méfiance, beaucoup de gens veulent récupérer ce mouvement", ajoute-t-il, évoquant pêle-mêle la France Insoumise ou le Rassemblement national.
Quand vous avez d'un coté des gens qui veulent plus d'emplois publics, et d'autres qui veulent moins d’impôts, je dis aux Français : on est en train de vous mentir et de vous manipuler.
Selon lui, l'augmentation des taxes sur les carburants et la montée du prix à la pompe, à l'origine de la grogne, est un mauvais procès : "__Les trois quarts du prix à la pompe, c'est l'augmentation du baril à cause des cours mondiaux. Ce n'est pas le choix du gouvernement." Il défend toutefois cette augmentation et la justifie par la "transition écologique", qu'il faut "financer". Mais souhaite aussi "qu'on réconcilie l'ambition de changer avec la considération pour nos concitoyens. Il faut aider à changer leur chaudière ou leur véhicule ceux qui en ont besoin."
Plus largement, le président de la République a défendu son bilan, affirmant qu'il n'avait "jamais donné de rendez-vous à 18 mois, ou d'objectifs intercalaires. Je ne suis pas un chef d'entreprise". Avant d'ajouter : "Le constat qui a été fait il y a un an et demi était le bon. Il faut transformer le pays."