En grève mercredi, les sages-femmes réclament reconnaissance salariale et médicale
Par Simon Cardona
Alors qu'une nouvelle journée de mobilisation des sages-femmes aura lieu ce mercredi, qu'un rendez-vous est fixé à 15 heures entre une délégation du corps médical et le ministère de la Santé, France Inter a demandé à une sage-femme de nous raconter son quotidien à l'hôpital.
Élisa Étienne est sage-femme au Centre hospitalier de Valence (Drôme) depuis 17 ans. Ce mercredi, elle sera gréviste pour soutenir ses représentants syndicaux qui rencontrent le cabinet du ministre de la Santé à 15 heures, mais aussi pour rappeler l'importance d'une profession "en manque d'effectifs, sous rémunérée et au statut médical non reconnu".
Dans les mobilisations des sages-femmes devant les hôpitaux ce mercredi, les revendications sur les pancartes ne seront pas nouvelles. Le corps médical avait déjà manifesté le 26 janvier, puis le 10 février. "En 2013 nous sommes restées plus d'un an en grève", se souvient Élisa. L'une des plus longues mobilisations de la fonction publique française.
1 700 euros en début de carrière
"Une sage-femme en fin de carrière gagne 3 000 euros, c'est le salaire des jeunes diplômés dentistes", compare la sage-femme drômoise, qui se souvient n'avoir pas dépassé les 1 700 euros mensuels en début de carrière. Pourtant les chirurgiens-dentistes, les médecins et les sages-femmes ont le même statut médical si l'on consulte le code la santé publique.
"Nos compétences ne cessent d'augmenter, mais le salaire n'évolue pas."
L'été dernier, lors du Ségur de la santé, le gouvernement a bien accordé une revalorisation des sages-femmes : 183 euros par mois, soit celle dédiée aux professions non médicales. "Les professions médicales ont été augmentées de plus de 1 000 euros : pourquoi une différence de traitement pour les sages-femmes ?", s'offusque Élisa.
Cette dernière a la responsabilité de sa patiente, sait poser un diagnostic, prescrire des examens, elle est autonome dans ses suivis gynécologiques, obstétricaux après avoir passé le concours de médecine puis suivi cinq années d'études spécialisées. "Nos compétences ne cessent d'augmenter, mais le salaire n'évolue pas", regrette la sage-femme. "Nous avons pourtant un rôle majeur dans la prévention du cancer du sein, du col de l’utérus, dans la prescription de la contraception. Avant d'augmenter nos missions, il faudrait penser à notre rémunération."
Un "beau métier" devenu moins attractif
L'Organisation nationale syndicale des sages-femmes (ONSFF) a remarqué une baisse des inscriptions dans les écoles "du plus beau métier du monde" cette année. "Une jeune diplômée qui souhaite embrasser une carrière hospitalière ne va pas avoir de mal à trouver un poste, mais il sera précaire", indique Caroline Combot, secrétaire générale de l’ONSSF. "On a même dans certains établissements des contrats à la journée. Vous comprenez bien qu'une jeune sage-femme qui veut s'installer, de faire sa vie, ne peut pas se projeter sur ce type d'activités. Alors qu'on sait qu'il y a un réel besoin en maternité."

En juin dernier, à l'ouverture du Ségur de la santé, le Collège national des sages-femmes de France présentait un constat alarmant : "plus de 40% des cliniciennes salariées, 31% des cliniciennes libérales et 37,5% des enseignantes sont victimes d’épuisement émotionnel (burn-out)." Un chiffre qui grimpe à 66% pour les sages-femmes coordinatrices.
En plus de la mobilisation de ce mercredi, les organisations syndicales des sages-femmes appellent aussi à manifester le 8 mars prochain, lors de la Journée internationale des droits des femmes.