EN IMAGES - Notre-Dame de Paris : l'impressionnante avancée du chantier

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EN IMAGES - Notre-Dame de Paris : l'impressionnante avancée du chantier

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Jessica Barré, restauratrice de peintures murales des chapelles du déambulatoire
Jessica Barré, restauratrice de peintures murales des chapelles du déambulatoire
© Radio France

Avec le début, à l'automne, de la reconstruction, après trois ans de sécurisation de l'édifice, Notre-Dame de Paris vit des avancées majeures. Fermeture d'une voûte, restauration spectaculaire des peintures murales ou encore nettoyage de la pierre : sur le chantier, les changements sautent aux yeux.

A Notre-Dame, c'est la blondeur de la pierre qui saute désormais aux yeux. Malgré la forêt d'échafaudages toujours omniprésents, le nettoyage au latex a fait son effet et la clarté des pierres change la luminosité du chantier, à l'intérieur du monument. La cathédrale qui doit retrouver le public fin 2024 n'est pas encore reconstruite, mais déjà de nombreux changements apparaissent.

Le zoom de la rédaction
4 min

Des peintures aux couleurs éclatantes dans les chapelles

Première étape pour s'en rendre compte : les chapelles du déambulatoire. Le travail des restauratrices de peintures murales a produit son effet sur la saleté qui avait caché au public leurs couleurs vives. "Ce qui est extraordinaire, c'est que chaque chapelle a une gamme colorée différente, c'est une belle surprise" commente Marie Parant, restauratrice de peintures murales, à la tête du groupement de restauratrices en charge du chantier.

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Marie Parant, restauratrice de peintures murales, nettoyées dans les chapelles du déambulatoire
Marie Parant, restauratrice de peintures murales, nettoyées dans les chapelles du déambulatoire
© Radio France

Les peintures, qui datent de Viollet-le-Duc, sont connues et documentées, mais le nettoyage surprend même les restauratrices, habituées. "Par exemple, pour les parements du fond, là, on imaginait que c'était un vert ou un bleu. Et puis, en fin de compte, c'était un rouge" montre Marie Parant.

Restauration des sculptures et peintures murales de la clôture du choeur
Restauration des sculptures et peintures murales de la clôture du choeur
© Radio France

Le résultat est déjà visible : une explosion de couleurs dans les 12 chapelles peintes qui ceinturent le chœur de la cathédrale. Endommagées par les années, pas atteintes par l'incendie, le drame leur permet aujourd'hui de retrouver leur éclat. "Comme on dit, c'est un mal pour un bien, on a la possibilité de tout restaurer. Ce qui est exceptionnel pour nous, c'est qu'on restaure tout en même temps : la pierre, la peinture murale, les vitraux et quand on quittera le chantier, on aura une impression d'aboutissement complet" sourit Marie Parant.

Restauratrices de peintures murales
Restauratrices de peintures murales
- © Patrick Zachmann – Magnum Photos

Des sculptures restaurées ou recrées à l'identique

Sur le parvis de la cathédrale, d'autres artisans savourent un travail exceptionnel. Giusipenna Genna se penche ainsi sur une chimère, qui se trouvait sur la façade de Notre-Dame, "l'alchimiste", précise la restauratrice de sculpture de pierre, cheffe de chantier pour l'entreprise H.Chevalier.

Les chimères des façades extérieures sont réparées dans l'atelier des sculpteurs sur le parvis de Notre-Dame
Les chimères des façades extérieures sont réparées dans l'atelier des sculpteurs sur le parvis de Notre-Dame
© Radio France

"Il est en morceaux" montre-t-elle : "notre boulot aujourd'hui, c'est de le recoller, on vient de rattacher les têtes, les mains, les bras". Un peu plus loin, des têtes d'anges ont été moulées pour reproduire les quatre qui figuraient sous la voûte au niveau de l'occulus, centre de la croisée des transepts, effondré avec la flèche lors de l'incendie.

Une tête d'ange de l'occulus, à la croisée des transepts, qui sera restituée à l'identique, reproduite dans l'atelier des sculpteurs sur le parvis de Notre-Dame
Une tête d'ange de l'occulus, à la croisée des transepts, qui sera restituée à l'identique, reproduite dans l'atelier des sculpteurs sur le parvis de Notre-Dame
© Radio France

"Le sculpteur va utiliser les deux têtes d'ange encore existantes pour recréer des copies sur les pierres que nous on va remettre en place" détaille Arnaud Morançais, chef de chantier de l'entreprise Lefevre, en charge de la maçonnerie et des pierres de taille.

Une première voûte refermée

Avec lui, il faut prendre l'ascenseur sur un échafaudage pour admirer l'une des premières étapes symboliques de la reconstruction : la voûte du transept Nord désormais totalement refermée par ses équipes. "C'est vraiment une étape importante de reconstruction, on panse les plaies : on n'est plus dans la consolidation ou dans la sécurisation, on est vraiment dans des phases de rebâti des parties qui ont le plus souffert suite à l'incendie" estime-t-il.

A l’aide de cintres placés sous les arcs, les maçons tailleurs de pierre repositionnent les claveaux, des blocs de pierre, sur la voûte du transept nord
A l’aide de cintres placés sous les arcs, les maçons tailleurs de pierre repositionnent les claveaux, des blocs de pierre, sur la voûte du transept nord
- © Patrick Zachmann – Magnum Photos

"C'est la première pierre de la renaissance réelle de la cathédrale, on ferme une blessure" commente Philippe Villeneuve, architecte en chef des monuments historiques.

La voûte du transept Nord est la première voute réparée après l'incendie, un chantier achevé fin novembre 2022
La voûte du transept Nord est la première voute réparée après l'incendie, un chantier achevé fin novembre 2022
© Radio France

A quelques mètres, toujours au niveau des voûtes, un trou béant occupe toujours la base de la future flèche de Notre-Dame. Mais des cintres en bois ont été posées sur un plancher. Ils seront bientôt recouverts de la voûte de la croisée du transept, entièrement reconstruite dans les semaines à venir.

Arnaud Morançais, chef de chantier à Notre-Dame de Paris, de l'entreprise Lefevre, en charge de la maçonnerie et de la taille de pierre
Arnaud Morançais, chef de chantier à Notre-Dame de Paris, de l'entreprise Lefevre, en charge de la maçonnerie et de la taille de pierre
© Radio France

Un échafaudage est aussi en cours de montage depuis le sol de Notre-Dame. 100 mètres de hauteur, 600 tonnes : il grandira à mesure que la flèche est reconstruite en son sein, à compter d'avril 2023.

Les cintres qui serviront à reconstruire les arcs de la voûte à la croisée du transept sont posés.
Les cintres qui serviront à reconstruire les arcs de la voûte à la croisée du transept sont posés.
- © Etablissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris

"Même en 1864 quand Viollet le Duc a rendu la cathédrale, elle n'était pas aussi belle qu'elle ne le sera !" avance pour sa part Jean-Louis Georgelin, président de l'établissement public en charge du chantier de Notre-Dame de Paris, qui garantit une réouverture de la cathédrale fin 2024.

Et alors que les avancées sont pour le moment invisibles du grand public, 2023 permettra de contenter les regards curieux : "Ce qui va saisir l'opinion publique, c'est qu'on va voir l'échafaudage percer au niveau du toit et la flèche qui va pousser à l'intérieur, ça frappera beaucoup les esprits".

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