EN IMAGES - Notre-Dame de Paris : l'impressionnante avancée du chantier
Par Rémi Brancato
Avec le début, à l'automne, de la reconstruction, après trois ans de sécurisation de l'édifice, Notre-Dame de Paris vit des avancées majeures. Fermeture d'une voûte, restauration spectaculaire des peintures murales ou encore nettoyage de la pierre : sur le chantier, les changements sautent aux yeux.
A Notre-Dame, c'est la blondeur de la pierre qui saute désormais aux yeux. Malgré la forêt d'échafaudages toujours omniprésents, le nettoyage au latex a fait son effet et la clarté des pierres change la luminosité du chantier, à l'intérieur du monument. La cathédrale qui doit retrouver le public fin 2024 n'est pas encore reconstruite, mais déjà de nombreux changements apparaissent.
Des peintures aux couleurs éclatantes dans les chapelles
Première étape pour s'en rendre compte : les chapelles du déambulatoire. Le travail des restauratrices de peintures murales a produit son effet sur la saleté qui avait caché au public leurs couleurs vives. "Ce qui est extraordinaire, c'est que chaque chapelle a une gamme colorée différente, c'est une belle surprise" commente Marie Parant, restauratrice de peintures murales, à la tête du groupement de restauratrices en charge du chantier.

Les peintures, qui datent de Viollet-le-Duc, sont connues et documentées, mais le nettoyage surprend même les restauratrices, habituées. "Par exemple, pour les parements du fond, là, on imaginait que c'était un vert ou un bleu. Et puis, en fin de compte, c'était un rouge" montre Marie Parant.

Le résultat est déjà visible : une explosion de couleurs dans les 12 chapelles peintes qui ceinturent le chœur de la cathédrale. Endommagées par les années, pas atteintes par l'incendie, le drame leur permet aujourd'hui de retrouver leur éclat. "Comme on dit, c'est un mal pour un bien, on a la possibilité de tout restaurer. Ce qui est exceptionnel pour nous, c'est qu'on restaure tout en même temps : la pierre, la peinture murale, les vitraux et quand on quittera le chantier, on aura une impression d'aboutissement complet" sourit Marie Parant.

Des sculptures restaurées ou recrées à l'identique
Sur le parvis de la cathédrale, d'autres artisans savourent un travail exceptionnel. Giusipenna Genna se penche ainsi sur une chimère, qui se trouvait sur la façade de Notre-Dame, "l'alchimiste", précise la restauratrice de sculpture de pierre, cheffe de chantier pour l'entreprise H.Chevalier.

"Il est en morceaux" montre-t-elle : "notre boulot aujourd'hui, c'est de le recoller, on vient de rattacher les têtes, les mains, les bras". Un peu plus loin, des têtes d'anges ont été moulées pour reproduire les quatre qui figuraient sous la voûte au niveau de l'occulus, centre de la croisée des transepts, effondré avec la flèche lors de l'incendie.

"Le sculpteur va utiliser les deux têtes d'ange encore existantes pour recréer des copies sur les pierres que nous on va remettre en place" détaille Arnaud Morançais, chef de chantier de l'entreprise Lefevre, en charge de la maçonnerie et des pierres de taille.
Une première voûte refermée
Avec lui, il faut prendre l'ascenseur sur un échafaudage pour admirer l'une des premières étapes symboliques de la reconstruction : la voûte du transept Nord désormais totalement refermée par ses équipes. "C'est vraiment une étape importante de reconstruction, on panse les plaies : on n'est plus dans la consolidation ou dans la sécurisation, on est vraiment dans des phases de rebâti des parties qui ont le plus souffert suite à l'incendie" estime-t-il.

"C'est la première pierre de la renaissance réelle de la cathédrale, on ferme une blessure" commente Philippe Villeneuve, architecte en chef des monuments historiques.

A quelques mètres, toujours au niveau des voûtes, un trou béant occupe toujours la base de la future flèche de Notre-Dame. Mais des cintres en bois ont été posées sur un plancher. Ils seront bientôt recouverts de la voûte de la croisée du transept, entièrement reconstruite dans les semaines à venir.

Un échafaudage est aussi en cours de montage depuis le sol de Notre-Dame. 100 mètres de hauteur, 600 tonnes : il grandira à mesure que la flèche est reconstruite en son sein, à compter d'avril 2023.

"Même en 1864 quand Viollet le Duc a rendu la cathédrale, elle n'était pas aussi belle qu'elle ne le sera !" avance pour sa part Jean-Louis Georgelin, président de l'établissement public en charge du chantier de Notre-Dame de Paris, qui garantit une réouverture de la cathédrale fin 2024.
Et alors que les avancées sont pour le moment invisibles du grand public, 2023 permettra de contenter les regards curieux : "Ce qui va saisir l'opinion publique, c'est qu'on va voir l'échafaudage percer au niveau du toit et la flèche qui va pousser à l'intérieur, ça frappera beaucoup les esprits".
EN SAVOIR PLUS :
- Lire "La Fabrique de Notre-Dame", le journal de la restauration, numéro 4 en vente en librairie (12 euros) dès le 11 janvier