En Méditerranée, Banksy finance un nouveau navire pour secourir les migrants
Par Julien Baldacchino
Un nouveau navire est en mer, depuis le 18 août dernier, pour porter secours aux migrants. Les quelque 10 membres d'équipage à bord du "Louise Michel" ont déjà recueilli 89 personnes en mer. Mais ce bateau n'est pas vraiment comme les autres : commandé par Pia Klemp, il est financé par le street-artiste Banksy.
Avec 31 mètres de long "seulement", le "Louise Michel" est bien plus petit que la plupart des bateaux de sauvetage de migrants, mais il peut aller plus vite... En partie peint en rose, il a été décoré par Banksy, qui y a représenté une fillette en gilet de sauvetage et une bouée en forme de cœur.
Antifasciste, féministe et anarchiste
Selon le journal The Guardian, qui a révélé ce projet, l'artiste n'est pas à bord : il se contente de fournir les fonds nécessaires à son fonctionnement. "Banksy ne va pas nous faire croire qu'il peut mieux que nous diriger un bateau, et nous n'allons pas faire semblant que nous sommes des artistes", explique la capitaine Pia Klemp, connue pour avoir conduit plusieurs navires de sauvetage. Sur le navire, l'équipage est principalement féminin et c'est Pia Klemp qui gère les opérations. Elle a été contactée, il y a un an, par Banksy pour préparer cette opération pilotée dans le plus grand secret depuis Londres, Berlin et Borriana en Espagne. Elle explique :
Je ne vois pas le sauvetage en mer comme une action humanitaire, mais comme faisant partie d'un combat antifasciste.
Ces membres d'équipage se disent toutes et tous activistes de ce combat antifasciste et favorables à la convergence des luttes pour la justice sociale, les droits des femmes et des LGBTQ. Ainsi, sur le "Louise Michel", seules les femmes sont porte-parole : "Il s'agit d'un projet féministre, seules les membres d'équipage féminins sont autorités à s'exprimer au nom du Louise Michel". Le projet est "d'abord anarchiste" selon l'infirmière Lea Reisner, présente à bord.

89 personnes sauvées
Le bateau est parti le 18 août dernier du port de Borriana. Après dix jours en mer, le navire a recueilli 89 personnes, dont 14 femmes et deux enfants. Son emplacement est inconnu pour l'heure, mais "cherche maintenant un port maritime sûr pour débarquer les passagers ou les transférer sur un navire des garde-côtes européens" selon son équipage.
La lutte en faveur des migrants est l'un des combats principaux de l'artiste, qui a réalisé de nombreuses fresques sur cette question, notamment à Paris et à Calais. Dans la "Jungle" de Calais, il avait également fait installer des abris fabriqués à partir de matériaux utilisés dans une installation monumentale qu'il avait imaginée, "Dismaland", dans laquelle il était également question de la crise migratoire.