En plein chaos économique et politique, le Kurdistan irakien est en quête d'indépendance
Par Hajera Mohammad
Les Kurdes d'Irak sont appelés à voter ce lundi 25 septembre sur l'indépendance de leur région, marquée par les difficultés économiques et politiques depuis plusieurs années.
C'est un référendum qui fait presque l'unanimité contre lui. Quelque 4,69 millions d'électeurs sont appelés à se prononcer, ce 25 septembre, sur l'indépendance de leur région, le Kurdistan irakien. Le Conseil de Sécurité de l'ONU a exprimé , la semaine dernière, sa "préoccupation face à l'impact potentiellement déstabilisateur" de ce scrutin, alors que les opérations contre le groupe État islamique sont toujours en cours en Irak, opérations auxquelles participent activement les forces kurdes, notamment les combattants Peshmergas. La Turquie, l'Iran et bien sûr l'Irak, appellent également les autorités kurdes à annuler le vote, sous peine de sanctions.

Instabilité politique
Pour la plupart des observateurs, ce référendum ne mènera pas forcément à l'indépendance du Kurdistan. Il s'agit surtout de faire pression sur Bagdad pour renégocier le statut autonome de la région, reconnu officiellement par la Constitution de 2005. En juillet dernier, Nazem Dabbagh, le représentant d'Erbil (la capitale du Kurdistan) à Téhéran, déclarait qu'il visait plus à "régler (les) problèmes avec l'Irak" qu'à s'en séparer. Mais pour les partisans du "non" , il pourrait surtout s'agir d'un stratagème de la part de Massoud Barzani, l'actuel président de la région, dont le mandat a officiellement expiré depuis deux ans. En pleine crise politique, une victoire du "oui" pourrait le maintenir au pouvoir, malgré les contestations de plus en plus fortes à son égard.

Crise économique
Ce référendum intervient alors que le Kurdistan irakien traverse de grandes difficultés économiques. La région possède 2% des réserves de pétrole de la planète et le gouvernement s'est trop reposé sur cet or noir, en oubliant de développer et d'investir ailleurs. Avec la chute des prix du baril de pétrole, il en subit les conséquences aujourd'hui. Sans compter le coût de la guerre contre le groupe État islamique. Selon le site d'informations Middle East Eye, il s'élève à plus de 90 millions d'euros par an, en plus des millions d'euros déboursés pour l'accueil des réfugiés. Aujourd'hui, faute de budget, des fonctionnaires ne sont plus payés ou avec plusieurs mois de retard.
Risque d'embrasement
Ce lundi, les regards se tournent également vers Kirkouk. Cette riche province pétrolière ne fait pas officiellement partie du Kurdistan irakien. Mais de nombreuses minorités y vivent et son gouverneur, kurde, a décidé de passer outre les ordres de Bagdad et d'organiser le référendum sur son territoire. Najim Eddine Karim a officiellement été limogé par le gouvernement irakien, mais il refuse de quitter son poste. La tension monte dans ces zones où, parallèlement aux combats contre Daech, une multitude de forces paramilitaires kurdes, chiites, sunnites ou encore turkmènes, ont vu le jour, faisant craindre des affrontements entre ces groupes aux intentions parfois divergentes.