En première ligne : Christian Drosten le virologue à l’origine du dépistage massif en Allemagne

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En première ligne : Christian Drosten le virologue à l’origine du dépistage massif en Allemagne

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Christian Drosten, directeur de l'Institut de virologie à l'hôpital universitaire de la Charité, à Berlin.
Christian Drosten, directeur de l'Institut de virologie à l'hôpital universitaire de la Charité, à Berlin.
© AFP - Michael Kappeler/DPA

Chaque jour, France Inter vous emmène à la rencontre d’une figure dans la lutte contre le Covid-19 dans le monde. Aujourd’hui, Christian Drosten, virologue à l'hôpital de la Charité à Berlin, a mis au point dès la mi-janvier le premier test de dépistage du Covid-19, comme il l’avait déjà fait en 2003 pour le SRAS-Cov.

Un chercheur humble et discret. Christian Drosten, 48 ans, est l’un des scientifiques les plus écoutés d’Allemagne : par les Allemands qui le suivent tous les jours à la radio en podcast et par la classe politique au premier rang de laquelle on trouve la Chancelière Angela Merkel.

Fiche d'identité

Le discret Christian Drosten a mis au point un test de dépistage du Covid-19. Il avait conçu le même type d'outil pour le Sras en 2003.
Le discret Christian Drosten a mis au point un test de dépistage du Covid-19. Il avait conçu le même type d'outil pour le Sras en 2003.
© AFP - Michael Kappeler

Après avoir étudié la chimie et la biologie jusqu’à 22 ans, puis la médecine, Christian Drosten se distingue dès l’âge de 31 ans. Il est à l’origine, en avril 2003, avec un autre chercheur allemand Stephan Günther, du test de diagnostic du SRAS. Il obtient la même année son doctorat de médecine. Il travaille alors à l’institut de médecine tropicale Bernhard-Nocht de Hambourg, la plus grande institution du pays en la matière qui va faire de lui un spécialiste des maladies virales. C’est en 2017 qu’il accepte de diriger le service de virologie du grand hôpital public de la Charité à Berlin.

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Né en 1972, à Lingen, en Basse-Saxe, près de la frontière avec les Pays-Bas, il grandit dans une ferme que son père exploite. Il a aujourd’hui 48 ans, les cheveux en bataille, les yeux rieurs et les traits tirés. On lui doit, dès le mois de janvier, d’avoir tiré la sonnette d’alarme auprès des autorités allemandes au sujet du SRAS-CoV-2 et d’avoir mis au point comme il y a près de 20 ans un test qui va permettre à l’Allemagne de multiplier très vite les dépistages à grande échelle auprès de sa population dès le début de l’épidémie.

La transparence a toujours été sa devise

En 2003 comme en 2020, il met un point d’honneur à publier l’état de ses recherches sur Internet et à offrir en libre accès l’intégralité de son protocole pour que ce test soit produit massivement. 

Après quatre ans d’absence sur son compte Twitter, il poste un message le 23 janvier pour informer de la découverte avec son équipe du test du Covid-19.

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En 2003, le gouvernement allemand lui décerne la plus haute distinction nationale, la Bundesverdienstkreuz. Le voici de nouveau honoré. Il y a quelques jours, il s’est vu remettre un prix spécial en communication par la Fondation allemande pour la recherche "pour ses explications claires, transparentes et factuelles" à l’occasion de cette pandémie de Covid-19.

Depuis le 26 février, il livre quotidiennement à la mi-journée un podcast qui fait de lui l’un des scientifiques les plus écoutés d’Allemagne. 40 minutes en moyenne pour cette émission de vulgarisation scientifique sur le virus que l’on retrouve sur le site web de la radio publique locale de sa région d’origine, la Norddeutscher Rundfunk (NDR) sous le nom de « Das Coronavirus-Update »

Il revient d’une voix toujours très calme sur les dernières informations dont il dispose, décortique les dernières recherches et les rapports publiés par les scientifiques du monde entier. Il donne aussi des conseils très simples. Sur son compte Twitter, il écrit que "cela mérite une durée d’attention plus longue" pour expliquer son choix de la radio plutôt que la télévision.

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Il a dit

Un scientifique n’est pas un politique et la science n’a pas de mandat politique

Christian Drosten revendique une forme d’humilité et de discrétion attachées au scientifique. Il déteste quand la presse allemande fait de lui une star et le qualifie "d’homme le plus influent du pays" ou de "pape du coronavirus" ou "d’instructeur de la Nation".

Il conseille Angela Merkel 

Entre deux interviews et son travail à l’hôpital universitaire de la Charité à Berlin comme chef du service de virologie, il conseille le ministre de la santé Jens Spahn ou la Chancelière Angela Merkel qui l’appelle régulièrement pour faire le point avec lui comme avec d’autres scientifiques. 

Si certains médias lui prêtent aussi un avenir en politique, il s’en défend et fait part de son respect pour ces responsables politiques qui, pour faire face à cette pandémie, doivent prendre des décisions lourdes de sens et de conséquences.

Mais il tient le même propos qu’Angela Merkel ou bien elle tient le même propos que lui. Nous n’en sommes qu’au début de cette épidémie. Le combat est loin d’être gagné. 

L'épidémie pourrait reprendre en Allemagne

Le Professeur Christian Drosten s’inquiète d’une résurgence du virus suite au début de déconfinement entamé en Allemagne le 20 avril avec la réouverture des petits commerces de moins de 800m² et de la réouverture prochaine des écoles, des galeries d’art et des musées, des coiffeurs, le 4 mai.

Le taux de reproduction du virus à 0,7 pendant le weekend de Pâques est repassé à 0,9. Au-dessus de 1, c’est-à-dire quand une personne infectée en infecte une autre, les hôpitaux allemands pourraient ne plus être en mesure d’accueillir dans des conditions satisfaisantes les nouveaux malades.