En Suède, gauche et droite s'affrontent en attendant de devoir négocier une coalition
Par Olivier Bénis
Il n'y a pas qu'en Allemagne (ou presque partout ailleurs en Europe) que la montée de l'extrême-droite change la donne : lors des élections législatives ce dimanche, les partis "classiques" s'opposent, tout en sachant pertinemment qu'ils devront sans doute s'allier pour pouvoir gouverner.
Trois jours avant le scrutin, un quart des Suédois se disaient encore indécis sur leur vote : c'est dire si le résultat des élections de dimanche est incertain. Impossible de prédire avec certitude qui l'emportera entre les deux principaux blocs : "rouge-vert" pour le Première ministre social-démocrate, Stefan Löfven ; "bourgeois" pour le dirigeant conservateur Ulf Kristersson.
Une quasi-certitude toutefois, celle que l'extrême-droite battra sans doute un record. Le SD (Démocrates de Suède), parti anti-immigration héritier des néonazis, devrait obtenir entre 16,3 % et 24,8 % des voix, selon les différentes enquêtes d'opinion. Le mouvement a réussi à séduire largement ces derniers mois, y compris chez les Suédois nés à l'étranger, qui sont 11,3 % à lui exprimer leur sympathie (contre 1,8 % lors des précédentes élections il y a quatre ans).
Les demandeurs d'asile au cœur de la campagne
L'actuel patron du gouvernement se retrouve en fait dans une situation très similaire à celle d'Angela Merkel en septembre 2017 : il est beaucoup critiqué pour sa gestion de la crise migratoire européenne, après avoir ouvert les frontières à 250.000 demandeurs d'asile en 2014 et 2015, avant de les refermer.
Un choix politique fort que ses adversaires se sont fait une joie d'attaquer lors des derniers débats avant le scrutin. À droite, Ulf Kristersson évoque "l'intégration comme question vitale de notre temps". Plus à droite encore, Jimmie Åkesson accuse le gouvernement de laxisme, et estime que "ceux qui ne s'adaptent pas doivent retourner vivre dans un autre pays".
Quel que soit le camp qui l'emporte, il y a peu de chance que qui que ce soit obtienne une majorité de sièges, obligatoire pour gouverner en toute indépendance. Il faudra donc (là encore, comme en Allemagne) passer par la négociation avec l'adversaire d'hier, puisque Stefan Lövfen et Ulf Kristersson ont tous deux écarté, jusqu'ici, l'idée d'une alliance avec l'extrême-droite.
À l'inverse, SD se dit prêt à collaborer indifféremment avec les deux candidats, à condition de pouvoir élaborer la politique migratoire du pays. Et selon un sondage Ipsos du 28 août, un tiers des électeurs suédois de droite n'y verraient aucun inconvénient.