En un an, le programme PAUSE a accueilli 98 scientifiques exilés de pays en guerre
Par Sophie Bécherel
Une centaine de chercheurs de Syrie, Irak, Yémen ou Venezuela ont pu bénéficier depuis un an du Programme national d'aide à l'accueil en urgence des scientifiques en exil, lancé sous le quinquennat de François Hollande.
La communauté scientifique tente elle-aussi d'être solidaire. Depuis un an, le Collège de France pilote PAUSE, le Programme national d'aide à l'accueil en urgence des scientifiques en exil. Son objectif : accueillir les scientifiques qui fuient la guerre, les persécutions et les menaces.
Et au bout de la première année du programme, initié sous le quinquennat de François Hollande, les premiers retours sont très positifs. Agronomes, sociologues ou encore physiciens, tant des hommes que des femmes, ils sont 174 à avoir adressé leur dossier à PAUSE depuis un an.

Le programme, qui a pu répondre favorablement pour 98 chercheurs, confiés à 56 établissements universitaires français, sélectionne les profils selon plusieurs critères dont le premier : l'urgence face au danger d'où qu'il vienne. Selon Laura Lohéac, directrice exécutive du programme, les scientifiques qui ont demandé à intégrer PAUSE sont pour beaucoup des candidats qui ont fait une partie de leur études en France ou avait des contacts avec des collègues scientifiques et réactivent leur réseau.
Objectif d'accueillir 100 chercheurs
C'est le cas de Samir Youssef, syrien. Après sa thèse, ce spécialiste de la biodiversité mésopotamienne est rentré en Syrie. Mais la guerre enclenchée, il a fui Damas pour le Kurdistan irakien où il a pu continuer ses recherches en botanique pendant quatre ans, jusqu'à de nouveau se savoir menacé. Il est en France depuis sept mois : _"J'ai choisi la Franc_e, explique-t-il en dépit de ses proches qui sont, eux, réfugiés en Allemagne, pour sauver mes recherches, parce que j'avais des liens, des collaborations avec des chercheurs français".
PAUSE, "ça nous a soulagé" confirme une chercheuse turque en Sciences humaines qui tient à garder l'anonymat. Elle fait partie des universitaires visés par la campagne de limogeage du président Erdogan et a été accueillie en mai par l'université de Nanterre. Mais l'aide dont elle a bénéficié est déjà terminée : "Cela nous inquiète parce qu'on ne peut pas savoir s'il y aura une prolongation, si on va pouvoir trouver un boulot en tant que chercheurs."
L'objectif de PAUSE est d'accueillir 100 chercheurs par an, avec un budget estimé à 3,5 millions d'euros. En moyenne, explique David Bruchon, responsable du mécénat pour PAUSE, "35 000 euros sont nécessaires pour sécuriser et insérer un candidat" : "Les financements sont versés aux établissements pour couvrir une partie des frais d’accueil (transport, suivi médical et psychologique, aide en urgence au logement, cours de langue) du scientifique en danger et sa famille et/ou une part de la rémunération pour ses activités d’enseignement et de recherche."
Pour continuer, le programme cherche des donateurs, que ce soit du mécénat d'entreprise ou la générosité publique, afin de compléter les contributions versées par l'État. PAUSE a ouvert un fonds de souscription via la Fondation de France pour recueillir les dons.