Enseignant décapité : pour le syndicat FSU, il faut "des réponses aux questions que cet acte ignoble soulève"

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Enseignant décapité : pour le syndicat FSU, il faut "des réponses aux questions que cet acte ignoble soulève"

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Des bouquets de fleurs ont été déposés ce samedi devant le collège où enseignait le professeur d'histoire-géographie.
Des bouquets de fleurs ont été déposés ce samedi devant le collège où enseignait le professeur d'histoire-géographie.
© AFP - Bertrand GUAY

Le secrétaire général du premier syndicat de l'enseignement a participé samedi à une rencontre avec Jean Castex et Jean-Michel Blanquer, après la décapitation vendredi d'un enseignant dans les Yvelines. Il était l'invité du journal de 13h de France Inter.

Le Premier ministre Jean Castex et le ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer ont rencontré ce samedi matin les syndicats d'enseignants, après l'assassinat vendredi après-midi dans les Yvelines d'un professeur, qui avait montré des caricatures de Mahomet à ses élèves. Benoît Teste, professeur d'histoire-géographie et secrétaire général de la FSU, premier syndicat de l’enseignement, a assisté à cette réunion. Invité du journal de 13h sur France Inter, il dresse le bilan de cette rencontre.

FRANCE INTER : Que vous ont dit ce samedi matin Jean Castex et Jean-Michel Blanquer ?

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BENOÎT TESTE : "On a partagé une analyse de la situation. C’était important qu’on ait cette réunion et qu’on puisse échanger autour du besoin de cohésion nationale dans ce moment extrêmement douloureux pour la communauté éducative, avec de l’effroi et aussi de la colère. Nous avons partagé l’idée qu’il fallait souder la Nation autour des enseignants, autour de la communauté éducative et autour des valeurs, surtout, qui sont attaquées à travers cet acte ignoble. Nous avons partagé aussi l’émotion. Il y a eu ce matin des minutes de silence, demain il y a un rassemblement à 15h place de la République à Paris, plutôt une marche blanche, qui concerne l’ensemble de la société. Il faudra surtout qu’il y ait des analyses de fond et des réponses aux questions que cet acte ignoble soulève."

Est-il impossible de donner, dans certaines écoles, un cours sur la liberté d’expression ?

"Non, je pense qu’il ne faut surtout pas laisser dire ça. Le message principal qu’on a envie d’envoyer, c’est qu’il faut continuer et renforcer ce qu’il se fait sur la liberté d’expression, l’éducation à l’esprit critique, la laïcité, le vivre-ensemble. Il ne faudrait pas laisser penser que rien n’est possible dans les établissements. L’immense majorité des classes où l’on aborde ces sujets en cours d’éducation morale et civique ou en cours de littérature se déroulent convenablement, on y arrive. 

Là, il y a l’acte d’un fanatique sur fond de montée de l’islamisme dans certains secteurs de la société. Je ne joue pas les naïfs, en disant dans l’immense majorité des classes on parvient à enseigner. Mais par contre je pense qu’il faut renforcer cet enseignement, qu’il soit sérieux et rigoureux. Davantage que des bonnes pratiques qui soient diffusées parfois par des référents laïcité, qu’on ait plutôt une formation solide des enseignants pour aborder ces questions."

Il faut donc continuer, dans les cours sur la liberté d’expression, à montrer des caricatures du prophète Mahomet ?

"Oui, comme on peut les montrer parfois comme des supports pédagogiques, sans en faire non plus l’alpha et l’omega : il ne s’agit pas d’aller dire qu’il faut à toutes les heures de cours, tout le temps et sous toutes les coutures, montrer des caricatures. Il faut le faire avec discernement, voir qu’est ce qui va être utile, sans s’interdire rien du tout, mais en rapport avec les instructions officielles aussi, avec les programmes, qui doivent cadrer un peu les choses. Mais il faut travailler ces questions-là."

L'invité de 7h50 du week-end
8 min