Et si Emmanuel Macron signait un contrat de gouvernement avec la droite ?

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Et si Emmanuel Macron signait un contrat de gouvernement avec la droite ?

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Rachida Dati juge qu'il faut un accord politique entre le président de la République et les Républicains "pour redresser le pays"
Rachida Dati juge qu'il faut un accord politique entre le président de la République et les Républicains "pour redresser le pays"
© AFP - QUENTIN VEUILLET / NURPHOTO / NURPHOTO

24h après le choc du 49.3, le camp présidentiel cherche la meilleure issue à la crise politique. Certains s'interrogent déjà sur un contrat de gouvernement avec la droite. Chez LR, Rachida Dati se dit prête à signer pour "redresser le pays".

Un ministre nous en parle spontanément comme la meilleure issue de secours... "Sans contrat de gouvernement, on restera soumis au gré du vent." Rappelant qu'en Belgique, en Italie, sans majorité stable, le pays demeurait instable. Et aujourd'hui, il n’y a qu’à la droite de l’hémicycle qu’il existe "encore des gens raisonnables, conscients qu’on ne peut en rester là", ajoute ce même ministre. Et si, 24 heures après l'usage du 49.3 pour forcer l'adoption de la réforme des retraites, le seul scénario était de signer un pacte avec la droite ?

"Il faut un accord politique pour redresser ce pays" a notamment affirmé la présidente du conseil national des Républicains Rachida Dati,  dans l'émission "Sens politique" qui sera diffusée dans son intégralité samedi sur France Culture.

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"Il faut se mettre autour de la table"

"La droite à une responsabilité parce que ce pays ne peut pas être indéfiniment dans le chaos, la violence, l'absence de vision. Restaurer l'autorité, l'ordre, maîtriser les flux migratoires, redresser l'économie, prendre des mesures en faveur du pouvoir d'achat : voilà ce qu'est la droite, voilà notre ADN, c'est là-dessus qu'il faut aller et c'est ce que veulent les Français", assure la maire du VIIe arrondissement de Paris, ex-Garde des Sceaux.

L'ancien président Nicolas Sarkozy porte depuis l’été cette même idée auprès d'Emmanuel Macron. Et si son amie, Rachida Dati, la formule clairement aujourd'hui, ce n'est pas anodin : elle aura besoin des macronistes pour sa conquête de la capitale en 2026.

Interrogée, toujours sur France Culture, sur une éventuelle participation des LR au gouvernement, Rachida Dati répond qu'il faut encore "discuter" des "modalités". Mais elle poursuit : "Dans tous les cas, le contrat, l'accord politique, c'est entre le président de la République et notre famille politique. Nous sommes les seuls, à l'Assemblée, à pouvoir être responsables, nous avons déjà gouverné ce pays. En responsabilité, il faut se mettre autour de la table pour trouver un accord de gouvernement pour pouvoir redresser notre pays."

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Jean-François Copé porte depuis hier le même message, tout comme Franck Louvrier, proche de Nicolas Sarkozy. Laurent Wauquiez, lui, reste silencieux, mais ne veut surtout pas de cet accord, partant du principe qu'il faut laisser Emmanuel Macron "se perdre" pour incarner en 2027 "l'alternative".

Darmanin à Matignon ?

Ce discours de Rachida Dati est entendu par plusieurs piliers de la majorité, qui admettent que, dans la séquence, "Eric Ciotti a été le plus raisonnable, le plus républicain". "On n'a pas le choix, il faut réfléchir à consolider avec la droite. Pourquoi pas Gérald Darmanin à Matignon ?", indique l'un d'entre eux. Ce député n'est pourtant pas sur sa ligne, mais concède que "c'est un cauchemar, ce qui nous arrive". Un de ses collègues du parti Horizons poursuit : "On est dans un corner, on ne peut plus passer six mois à essayer de bâtir une majorité pour ensuite tout voir s'écrouler. Il faut poser la question du contrat de gouvernance avec la droite. Et si Gérard Larcher était notre homme."

"2023 devait être l’année utile de ce quinquennat, elle ne peut pas rimer qu’avec 49.3", ajoute un proche du chef de l'État, qui n'imagine pas possible "politiquement" de réutiliser cet outil pour le prochain texte en débat au Parlement : le projet de loi immigration de Gérald Darmanin. Lui "s'agite énormément depuis hier, sans doute un peu trop", lâche un conseiller ministériel... "Il va vouloir montrer qu'il fait mieux qu'Élisabeth Borne, qu'il trouve un accord solide avec LR."

Scénario compliqué

S'il s'agit, pour beaucoup, de la meilleure des issues, "enfin la moins pire" glisse un membre du gouvernement, c'est loin d'être la plus probable pour quatre raisons majeures :

  1. Emmanuel Macron déteste céder aux coups de pression, et ne risque pas d'accueillir à bras ouverts Eric Ciotti, Olivier Marleix et Bruno Retailleau après cet épisode à l'Assemblée ;
  2. Il y a, pour l’instant, une poignée de députés LR susceptibles de signer cet accord (Philippe Juvin, Alexandre Vincendet, Nicolas Forissier). Il en faudrait 40 pour retrouver une majorité absolue. "Une coalition minoritaire n'a aucun intérêt", précise une figure de Renaissance ;
  3. Edouard Philippe et François Bayrou s’y opposeront de toutes leurs forces pour rester dans le jeu ;
  4. L’aile gauche de la majorité garde de puissants relais : Richard Ferrand, Christophe Castaner, Stéphane Séjourné, Sacha Houlié,...

Nombreux sont ceux qui parient donc sur une sorte de statu quo, déguisé en renouveau grâce à la plume du Président. "Il va vite devoir s'exprimer face aux Français pour renouer le fil et fixer un cap", espère un ministre, "si possible avant l'accueil du roi Charles III à Paris", dimanche prochain. "Je l'imagine très bien rester dans l'adversité, avec Élisabeth Borne à Matignon, pariant sur la lassitude des Français et des blocages impopulaires", estime un ancien ministre LR devenu macroniste. Un remaniement, pour lui, "ça ne change jamais grand-chose".