Quelques notes bien choisies pourraient permettre à certaines cultures de résister à des maladies, de se protéger de la sécheresse ou encore de mieux grandir. Une piste intéressante au lendemain de la publication par le gouvernement de son plan pour réduire l'usage des produits phytopharmaceutiques.
Dans les vergers de la ferme de Gally, à Bailly (Yvelines), au milieu des 12 hectares de pommiers en fleurs se cache un invité surprise : une boîte à musique. "Tous les matins une mélodie résonne dans les vergers, à l'ouïe c'est comme une musique, mais finalement c'est une succession de notes qui aide l'arbre à se protéger", explique Julien Cador, arboriculteur dans la ferme.
Renforcer les défenses
Pour lui, la musique, cela stimule les protéines des plantes. Mais pour cela, il faut leur jouer un morceau bien spécial, concocté par la société Génodics : "On peut imaginer qu'une protéine est une molécule qui est faite, comme un collier de perles, de plusieurs petites sous-unités", selon Victor Prévost, ingénieur en biologie chez Génodics. "Chacune de ces sous-unités, qu'on appelle acides aminés, peut être associée à _une fréquence, qui peut être transposée à une échelle audible pour l'oreille humaine__. Avec la réception de ce message, on cherche à renforcer la production de tel ou tel élément de défense_".
Chaque protéine a sa propre structure. Donc chaque maladie a sa propre mélodie, sa partition. A la ferme de Gally, c'est d'aider les pommiers à se défendre contre la tavelure, une maladie causée par un champignon. Trois ans après les premiers tests, Didier Barret, le responsable de la production agricole de la ferme de Gally, commence à voir des différences : "Lorsqu'on a une très grosse pression de tavelures, on intervient avec des produits curatifs, mais le reste du temps on fait l'impasse, on divise le nombre d'interventions par quatre ou cinq".
Ecoutez le reportage de Rosalie Lafarge :
Les plantes peuvent-elles guérir grâce à la musique ?
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"Quelque chose d'intéressant à faire"
"Aujourd'hui on ne s'en vante pas beaucoup, parce que même dans le milieu professionnel ça reste farfelu", reconnait toutefois Didier Barret. "Quand nous sommes avec des arboriculteurs et qu'on dit qu'on met une boîte à musique, ils nous regardent avec un air amusé, sauf que là, on peut leur dire qu'il y a quelque chose d'intéressant à faire".
Sans être la réponse miracle, la stimulation des plantes par la musique pourrait s'insérer dans un mix des solutions : des chercheurs en biologie de l'université de Cergy-Pontoise cherchent à mesurer scientifiquement les effets de la méthode. Et leurs premiers résultats semblent probants.